Il y a quelques semaines, Michel Rocard, ancien Premier Ministre, préconisait l’abandon pur et simple de notre "force de dissuasion nucléaire", ne serait-ce que pour faire des économies.

Dans le même temps, Paul Quilès, ancien Ministre de la Défense, sortait un livre intitulé "Nucléaire, un mensonge français".

La première déclaration faisait quelques vaguelettes. La publication du livre n’était guère retentissante….

Et voilà que dans Le Monde, daté du 31 juillet, un Général de l’Armée de l’Air, Etienne Copel, spécialiste du franc parler sur ces questions, revient à la charge dans une Tribune ainsi titrée: "N’abandonnons pas la dissuasion nucléaire. Créer de nouvelles armes est cependant inutile".

Ce Général déplore d’abord, à juste titre, que les candidats à la présidentielle se soient évertués à éviter le sujet. "Aucune raison ne nous force à considérer que toute discussion sur le nucléaire militaire est taboue" précise-t-il en préambule !

Ce Général déplore également le manque d’intérêt du Parlement sur la question ! Pour lui, "Le silence concernant les dépenses liées au nucléaire militaire est inexcusable" .

Revenant sur la proposition de Michel Rocard, il estime que "cela mérite réflexion" .

Et d’être très explicite:

"Dire que supprimer la dissuasion nucléaire reviendrait à perdre notre assurance-vie est très exagéré. Une affirmation ne vaut pas une démonstration. Les Allemands, qui n’ont pas d’arme nucléaire, sont-ils vraiment plus en danger que nous ?".

A ce moment de son propos, je pensais que le Général Copel allait donner son sentiment sur l’ouvrage de Paul Quilès.. Point du tout. Il n’en souffle mot, à aucun moment. Étonnant tout de même.

Dans le contexte de la guerre froide, le Général indique que notre armement nucléaire était clairement utile.

Mais aujourd’hui il s’interroge: "personne n’a suggéré de cas concret où notre armement nucléaire pourrait encore sauver la France".

Pour autant, il n’est pas pour l’abandon total du nucléaire militaire, estimant que la France pourrait ainsi efficacement soutenir un État ami menacé.

A partir de là, le Général estime qu’il n’est nécessaire que "de conserver ce que l’on a actuellement".

Et de poser la bonne question: "Faut-il continuer à dépenser pour la dissuasion nucléaire plus de 20% des crédits d’équipement de nos armées. Développer sans cesse de nouvelles armes nucléaires coûte extrêmement cher, ne sert plus à grand-chose".

Et le Géneral Copel de conclure que de cesser toutes les dépenses liées à la simulation d’armes nouvelles ferait déjà économiser 750 millions d’euros au Budget de l’État.

Il pense même qu’en étalant le programme de nos missiles M51, en limitant nos patrouilles de sous-marins et en réduisant le nombre de nos Rafales nucléaires, on pourrait encore économiser 750 millions de plus.

Espérons que ce pavé dans la mare ne passera pas inaperçu et que le Chef des Armées ne balayera pas d’un revers de main cette "Tribune" comme il l’avait fait de la déclaration de Michel Rocard…ce que je n’avais pas apprécié.