Notre vie quotidienne est-elle réellement concernée par les répercussions du nuage de cendres islandais ?


Un journaliste de France Télévision apparaît à l’écran, visiblement très content de son coup : il est à bord d’un hélicoptère et survole le nuage de cendres du volcan en irruption au-dessus de l’Islande. Il nous fait alors découvrir le responsable de « tous les tracas » et « la cause de la pagaille » dans notre pays.

En effet, depuis plusieurs jours, l’ensemble des journaux télévisés et de la presse écrite est envahi par le traitement de cette nouvelle et de ses effets catastrophiques : le nuage de cendres bloque les avions au sol, oblige à la fermeture de nombreux aéroports, empêche même notre Président d’assister aux obsèques de son homologue polonais, etc. Nous apprenons même qu’une cellule de crise a été mise en place au plus haut niveau de l’Etat pour résoudre au mieux le problème de nos compatriotes bloqués quelque part dans le monde et ne pouvant rentrer chez eux. La France s’affole et se met en branle pour faire face à ce qui nous est décrit comme une catastrophe et nous nous sentons, tout à coup, tous concernés… du moins les journalistes font-ils comme si nous l’étions.

Mais, qui est donc concerné ?

Les 10% de chômeurs de notre pays, qui se soucient beaucoup plus de la recherche d’un emploi que des horaires des avions ? Les 13 % qui vivent sous le seuil de pauvreté, qui s’inquiètent probablement de ce qu’ils vont bien pouvoir manger demain ? La moitié des personnes vivant en ménage qui ne disposent que d’un niveau de vie inférieur à 16000 euros par an ? Les heureux bénéficièrent d’un emploi seulement rémunérés au SMIC et ceux qui n’ont droit qu’au travail précaire ? Peuvent-ils penser à voyager ? Pour tous ceux-là, que représente un avion ?

Si l’on s’appuie sur le fait indiscutable que 20% de la population française se partage 80% des ressources financières de notre pays, nous pouvons en conclure que, probablement, les 80% qui restent ne sont pas concernés par ce problème. On peut donc estimer que seulement 20% de la population française peut potentiellement s’offrir le luxe de ces tracasseries.

Alors, doit-on envahir nos écrans et nos journaux par cette pagaille particulière au risque de nous faire croire qu’elle est générale ? Une telle démarche journalistique, éclairant exagérément l’arbre aéroportuaire, ne favorise-t-elle pas l’occultation de la forêt des problèmes plus sérieux ?

Ce nuage de cendres ne serait-il pas alors qu’une simple poudre aux yeux ?