La sacrosainte égalité des chances n’est-elle qu’un credo ? On peut douter en effet que cette notion soit bien intégrée dans le corps professoral.

On fabrique sans doute des super-matheux mais est-ce bien la fonction de l’école ?

En trente ans d’enseignement, je n’ai pas tellement vu les choses évoluer. Les enseignants éprouvent des difficultés à s’occuper des enfants en difficulté. Ils se sentent impuissants.

Je n’irai pas jusqu’à déclarer que notre école casse les élèves comme l’affirme le journaliste anglais Peter Gumbel dans son livre "On achève bien nos écoliers". Mais il faudrait au moins s’interroger sur l’intérêt de la pédagogie de la compétition. Dans son livre « Ecole : les pièges de la concurrence » le sociologue Sylvain Broccolichi déclare que la « compétition nuit à l’idée de citoyenneté comme à la cohésion sociale ».

Si ce que disait Albert Einstein -« on n’est intelligent qu’à plusieurs »- est vrai, il serait peut-être temps de prendre exemple sur des pays qui réussissent mieux que nous.

Le programme international pour le suivi des acquis des élèves montre que les inégalités en fonction du statut des parents sont supérieures de 30 à 40 % à celles des autres pays de l’OCDE.

Quand comprendra-t-on que comparer les élèves, les établissements est complètement stérile ?

Des études américaines et canadiennes menées depuis 20 ans montrent que l’apprentissage en « coopération » qui suppose qu’on travaille avec d’autres, en développant les échanges et la résolution commune à des problèmes, donne des meilleurs résultats.

Et qu’on ne me dise pas que c’était mieux avant et qu’il n’y a que les bonnes vieilles méthodes qui marchent. C’est une façon de ne pas se remettre en question et de ne pas évoluer.

Au contraire, dans son ouvrage,  Peter Gumbel dénonce le fait que nombre d’enseignants réutilisent les mêmes méthodes que celles qu’ils ont connues enfants. C’est-à-dire une approche frontale, où l’enseignant est à la tête de la classe, transmettant les connaissances aux enfants qui les reçoivent et les mémorisent de manière passive. (Source Nouvel Obs).

Et ce n’est pas la généralisation des TBI un peu partout qui va changer le problème. Ca fait moderne, mais le rapport élève-prof s’en trouve encore renforcé. On a fait croire que les enseignants pratiquaient une pédagogie différenciée. Fable d’inspecteur !

57% des élèves redoublent au cours de leur scolarité alors qu’on sait que ça ne sert pratiquement à rien.

Enfin, puisque 73% des parents sont satisfaits de l’implication des profs, continuons à ronronner. Tout va bien.