Ce fut un Noël sanglant pour les coptes égyptiens, Sept personnes, dont six chrétiens, ont été abattues mercredi soir à Nag Hammadi lors d’une attaque. Après la messe de minuit, trois hommes circulant en voiture ont ouvert le feu sur des fidèles sortant de l’église. <!–[if !vml]–>http://www.lefigaro.fr/icones/coeur-.gif<!–[endif]–>«Je me dirigeais vers l’évêché, lorsque j’ai vu un homme tirer à l’arme automatique sur tous les coptes qui passaient», témoigne l’évêque Kyrillos. Un agent de sécurité musulman et six fidèles ont été tués, plusieurs autres  sont grièvement blessés. Selon l’évêque, de nombreux coptes de la ville ont été menacés ces derniers jours. Lui-même aurait reçu un SMS disant : «C’est ton tour». «Les églises auraient dû être mieux protégées», accuse-t-il.
L’attaque aurait été menée, dans cette région connue pour ses histoires de târ, ou vendetta, en représailles au présumé viol d’une musulmane de 12 ans par un copte dans un village proche de Nag Hammadi, en novembre. Après cette agression, des maisons et des pharmacies appartenant à des chrétiens avaient été saccagées et incendiés. Tous les émeutiers ont été acquittés.

Selon une source policière, le principal agresseur serait un certain Mohammed Ahmed Hussein, présenté comme étant  «un dangereux  criminel connu des services de police».

L’assaillant et ses acolytes ont été inculpés aujourd’hui de meurtre avec préméditation, mise en danger de la vie d’autrui et atteinte aux propriétés publique et privée". Les autorités quant à elles, cherchent coûte que coûte à minimiser la portée de ce genre d’agressions, en assurant contre toute évidence qu’il n’y a pas «de problème confessionnel» en Égypte,  et que ce n’est qu’une «simple» vendetta !

Mais l’affaire réveille de tristes souvenirs : le massacre d’al-Kocheh (20 morts), près d’Assiout, où les coptes avaient été pourchassés dans les rues du village il y a dix ans jour pour jour ; ou encore  les attaques répétées,  visant des églises, à Alexandrie, comme à Abou Korkas, près de Minîéh, où neuf jeunes fidèles ont été abattus en 1997. À cette époque, les Gama’at al- Islamiya, les groupes islamistes armés, semaient la terreur dans cette région, l’une des plus pauvres d’Égypte.

 

La réaction des autorités indigne la communauté copte jusqu’au plus haut point. Plusieurs milliers d’entre eux ont manifesté leur colère jeudi à Nag Hammadi aux cris de «non à l’oppression». «On ne peut pas nier qu’il y ait une dimension religieuse quand des fidèles sont visés devant une église», proteste l’un d’eux. Selon l’un des protestants,  le «laisser-faire des services de sécurité»,  le «silence du gouvernement», et l’impunité des agresseurs, dont «aucun n’a jamais été condamné ni même jugé», peuvent être interprétés comme «une marque de soutien aux agresseurs».