Des partisans de l’opposition en colère dans les états  musulmans du Nord du Nigeria ont mis le feu aux maisons portant des bannières du parti au pouvoir lundi et des tirs nourris ont retenti dans plusieurs villes au moment de la publication des résultats des élections créditant le président sortant d’une avance insurmontable.

Les résultats de l’élection de samedi, publiés en direct sur la télévision nationale ont indiqué que le Président Goodluck  Jonathan avait une avance de plus de 10 millions de voix. Le Nord musulman avait largement voté pour l’ancien dirigeant militaire Muhammadu Buhari.

Le parti de Buhari a déposé une plainte formelle lundi après-midi auprès de  la commission électorale nationale, pour cause  de fraudes massives dans les fiefs de  Jonathan. La lettre a également allégué que les logiciels utilisés pour le comptage des  résultats avaient été trafiquée dans les Etats du Nord pour favoriser le parti au pouvoir.

«Ce qui est exposé aujourd’hui aux yeux du monde entier comme résultats n’est pas le fruit des informations émanant  des bureaux de vote, mais  plutôt des manipulations," contenait également la lettre.

Dans un communiqué, la police fédérale  a  attribué la responsabilité des violences aux "personnes qui n’ont pas  accepter les résultats», ayant des revendications à  racines religieuses ou ethniques.

Selon des témoins, les jeunes dans la ville septentrionale de Kano ont mis le feu aux maisons qui portaient des bannières  du parti de Jonathan. Des tirs nourris auraient également été entendus. Un journaliste de l’Associated Press  a affirmé  avoir  vu des centaines de jeunes portant des pancartes  dans la rue en criant: «Seuls Buhari », en Haoussa, la langue locale.

A Kaduna, les jeunes gens en colère ont notamment brûlé des pneus dans les rues et jeté des pierres sur la police et les soldats qui essayaient de rétablir l’ordre, toujours selon des témoins.  Le porte parole de la police de l’Etat de Kaduna, Aminu Lawal a décrit les combats qui s’y déroulent comme un «soulèvement». Dans l’Etat de Katsina voisin, une foule a attaqué une prison et libéré 42 détenus.

Yushua Shuaib , porte parole du Federal Emergency Management Agency, a refusé de publier les chiffres des victimes de craintes qu’ils n’ attisent encore davantage les violences sectaires

"Une telle chose ne peut que  favoriser des attaques de représailles, » dit-il.

Au cours du week-end, des partisans de l’opposition également déclenché une émeute dans l’état nord-est de la Gombe. Les manifestants ont incendié la maison du président local du parti au pouvoir, deux hôtels et au moins deux bus là-bas. Les émeutiers accusent le gouvernement de Gombe, sous le joug du parti au pouvoir d’avoir truqué les résultats pour s’assurer que Jonathan ait obtenu au moins 25 pour cent des voix.

Le Chef de la police Suleiman Lawal a déclaré dimanche qu’il y avait eu un "effondrement complet de la loi et l’ordre" là-bas.

               Si les élections au Nigeria ont toujours  été   marquées par des  violences, l’élection présidentielle du samedi dernier a été largement pacifique,  en dehors d’une explosion dans un hôtel  qui a blessé personnes et la fusillade mortelle qui avait couté la vie à un agent de police dans un  bureau de vote.

Le Nigeria, une nation de 150 millions d’habitants, est divisé entre le Sud chrétien et le nord musulman. Une douzaine d’États à travers le Nord du Nigeria ont  mis en place la charia islamique, pendant que le reste du pays est  sous le contrôle des gouvernements des États laïques.

Des milliers de personnes ont été tuées dans des violences entre musulmans et chrétiens dans la dernière décennie, mais les racines du conflit sectaire sont souvent intégrées dans les luttes pour la domination politique et économique.

Une période sombre est surement entrain de se profiler au Nigéria. Prions tout simplement que les protagonistes retrouvent leurs esprits et évitent à ce géant d’Afrique un nouveau Rwanda.


Source: Associated Press.