Il est en ce moment en Egypte, à Louxor, dans un hôtel luxueux. C'est le jet privé de la compagnie de Vincent Bolloré qui y a emmené, tout comme à Maltes au lendemain de son élection, Nicolas Sarkozy, main dans la main avec Carla Bruni. Accueilli comme il se doit pour un hôte de marque étranger par Sami Farag, qui dirige le conseil local de la ville de Louxor pour les antiquités et suivi par les journalistes, le couple semblait dit-on mal à l'aise, bien qu'il soit fortement médiatisé depuis le passage à Disneyland, il y a un peu moins de deux semaines. Le voyage officiel de Nicolas Sarkozy devrait commencer seulement lundi, par une rencontre avec son homologue Hosni Moubarak et en conséquence, jusqu'à ce jour, l'Elysée comme l'ambassade se refusent à communiquer sur ce qui est décrit comme une "visite privée". "Privée"? Certes, si tant est que "privée" veut dire suivi par les journalistes du monde entier, si "privée" veut dire que l'on peut se promener lorsqu'on est président français au bras d'un top model en plein jour à Disneyland, et dans la foule, s'il vous plait, tout en revendiquant de rester dans l'ombre.

Il y avait pourtant d'autres métiers que la politique pour rester dans l'ombre, de ces métiers où l'on travaille dur, et sans aucune reconnaissance, de ses métiers où l'on subit fortement la baisse du pouvoir d'achat, et où la seule alternative serait de travailler plus pour gagner plus, mais juste un petit peu plus. Il existe des métiers dans lesquels les responsabilités sont limitées, et dans lesquels on peut se permettre de se donner l'air détaché. Mais il est vrai que ce n'est pas aussi séduisant que la vie de star, avec ses paillettes et ses ors, ses jolies filles, ses voyages en yacht, ses invitations du monde du "show business", et les beaux Hôtels. Notre président se rend-il compte qu'il est chef d'Etat justement? Invité au Vatican pour se voir remettre une distinction honorifique, dans laquelle il représente le pays, il se comporte comme s'il visitait n'importe qui, bien à l'aise  , à la manière d'un parvenu, qui ne concevrait pas qu'il convient de savoir se tenir dans une réception de cet ordre: celui-là aurait à l'époque de Louis XIV beaucoup fait jaser, et surtout beaucoup rire, comme le bourgeois gentilhomme de Molière, mais autre temps, autre mœurs: Autres mœurs que celles d'un président qui va paradant avec à son bras un top model, pour se plaindre après d'être suivi comme une "star", autres mœurs qu'un président qui emmène pour voir le pape , Guy Gilbert, personnage attachant s'il en est, et qui avait toute sa place, mais qui par son attitude vaguement marginale, méritait d'être accompagné d'une autre sommité du monde catholique français, un humoriste français, Jean-Marie Bigard, qui pour être lui aussi attachant, et sincèrement pieux, n'en méritait pas moins d'être lui aussi accompagné, au moins par des ministres. Mais las, plutôt que des ministres et des sommités intellectuelles, c'est plutôt la mère de Carla Bruni qui les accompagnait, représentation pour le moins curieuse, que d'emmener la mère de sa maîtresse attitrée voir la pape! Et pour comble, on n'y respecte pas même le protocole   … Si l'on parle de "pipeulisation" de la politique, ce n'est pas pour rien: de la soirée au Fouquet's, en passant par le séjour en yacht, les embrassades avec des "stars", les maisons luxueuses pour les vacances aux "US", les pique-nique entre présidents, avec hot-dog et tarte aux myrtilles, le divorce rendu public, la top model qu'on exhibe ostentatoirement, on ne peut que déplorer l'attitude du chef de la nation. Un président se doit dans le cadre de sa fonction de se comporter comme… un chef d'Etat… et pas comme une "star". Il est l'élu du peuple, et non pas l'idole des jeunes. Les affaires sont traitées, c'est un fait, mais d'une façon qui ne semble pas toujours être la plus démocratique , pour ce qui concerne le traité européen dit "simplifié", mais qui ressemble presque en tout à l'ancien traité constitutionnel, lequel passera malgré le vote par référendum des Français, par le vote de l'Assemblée, et avec une coupe de champagne, très certainement, à la santé de ses braves citoyens français, si compréhensifs…