Nicolas Sarkozy invité de « l’Emission politique »

Des cheveux blancs épars soigneusement entretenus qui lui confèrent ce charme singulier propre au vintage. Le fond n’est pas en reste et l’ancien président n’a pas manqué de le marteler à grands renforts de grimaces en s’épanchant sur sa kyrielle de vertus acquises sur le tard. C’est qu’avec un ego mis au placard, ses défauts sont partis à la baisse et ses qualités à la hausse, laisse-t-il entendre. Le revoilà donc tout revigoré, moins binaire, plus humble, optimiste, passionné, prêt à reprendre les commandes de la France ! « Tout pour la France », corps et âme !

Tout au long de l’émission, Léa Salamé, « la star », David Pujadas « l’artisan journaliste », ne sont guère parvenus à le déstabiliser même en conjuguant leurs efforts pour en savoir un peu plus sur ce tonitruant procès de Bygmalion. Habile à pêcher en eaux troubles, Sarkozy les a mis ko s’enorgueillissant de ressortir « la probité vierge » de ces démêlés judiciaires liés à un simple « dépassement du plafond des frais de campagne ».

Alors que la sécurité incarne l’enjeu phare de la campagne, le re-prétendant à la magistrature suprême s’en est donné à coeur joie à détailler son savoir faire infaillible en la matière duquel sont bannies ces considérations chères aux fossoyeurs de la France et propices à la prolifération du terrorisme… Il est des situations où un président digne de ce nom se doit de verrouiller son coeur sensible pour n’obéir qu’à la logique que dicte la raison.

Léa et David ont cherché à mettre leur invité dans l’embarras par un même et unique procédé en le renvoyant face à ses propres contradictions : son évolution par rapport à son attachement à la Constitution de la cinquième République ou encore à celle sur l’influence de l’Homme sur le réchauffement climatique. Dans de telles situations, ce n’est pas la répartie qui peut faire défaut à un sniper de la trempe de Sarkozy rompu à l’exercice de la communication. Jusqu’au bout, il a réussi à nous tenir en haleine en tirant avec brio les marrons du feu.

Tout comme avec les trois intervenants qu’il a écoutés de tous ses pores pour finir par caricaturer certains de leurs propos, comme d’habitude. L’imam Mohamad Bajrafil lui a servi sur un plateau d’argent ce qui lui manquait pour s’élancer dans ses envolées lyriques à caractère racoleur. A l’issue de l’émission, chacun en aura eu pour son grade face à ce candidat particulièrement ironique : Léa Salamé qui aurait pu faire pire et qui confond Parquet et juge d’instruction ; Pujadas le cultivé ou encore l’imam féru d’histoire…

Malgré des sondages qui lui sont favorables, Alain Juppé peut se méfier de ce personnage au charisme fou à l’éloquence magnétique, capable par de drôles de pirouettes de retourner en sa faveur une situation des plus inconfortables ! Capable de faire preuve de crédibilité au cours d’une émission et d’envoyer des messages tous azimuts à destination d’un large électorat…

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