Labourages, pas vraiment, mais pâturages : il y avait une bonne douzaine de chevaux et autant de vaches dans les paradis tropicaux de Thierry Gaubert, très proche de Sarkozy, et sans doute d’autres sur les terres de Jean-Philippe Couzi, ami de Nicolas Bazire, et aussi connaissance de Sarkozy. Mais le troisième volet de l’enquête colombienne de Mediapart réservait une autre surprise. Les bars jumeaux Nichon et Nibar, à Nilo, le village des fincas de la Sarkozye.

Bizarre, bizarre, Le Figaro, si prompt à faire profiter son lectorat de la visite de somptueuses demeures, de relais, de châteaux, manoirs et villas, ne nous a encore rien dit de la finca Cactus, et de l’hacienda La Palmera, de Nilo, Colombie. Tandis qu’une faible partie de la presse a repris les éléments les plus sérieux de l’enquête de Karl Laske et de Fabri Arfi, à Nilo, le repère des amphitryons de la Sarkozye.

Sans dévoiler les principaux points de cette enquête (réservés aux abonnés de Mediapart), nous en avons déjà digéré divers éléments (« Les Sarkozyens : la belle vie en Colombie ») qui finiront bien par apparaître dans la presse, y compris la « dominante ». En expurgeant peut-être le côté prostitution, pas trop solidement établi par l’enquête…

Mais comme nous ne sommes pas tenus, à Come4News, de ne faire que dans le sérieux, revenons sur le dernier volet de l’enquête, « Nibar et Nichon, les drôles d’affaires de Thierry Gaubert et de son associé ».

Ces deux mamelles se sont depuis quelque peu taries, mais il semble qu’on en voyait sans doute d’autres, au travers de corsages légers ou de généreuses échancrures, dans ces deux bars de Nilo. Mais bon, comment faire la différence entre les libertines invitées dans le riad marocain de Dominique Strauss-Kahn et de jeunes Colombiennes olé-olé, fréquentant les bars de Nilo, et parfois aussi les magnifiques propriétés de Thierry Gaubert et de Jean-Phi Gouzi ?

Laske et Arfi emploient bien les mots de « prostituées », « putes », « prostitution », tandis qu’Hélène Gaubert fait état de « débauche morale ». Mais le contexte ne permet pas d’avancer que de très proches, ou des amis et connaissances de Sarkozy se soient adonnés au proxénétisme ou à autre chose qu’à la débauche de… grand luxe. Que des michetonneuses occasionnelles aient fréquenté le Nibar et le Nichon n’est absolument pas exclu, mais qu’elles y auraient travaillé au tabouret ou au bouchon, non, vraiment, rien ne l’indique. La Sarkozye ne tarife pas le stupre et la fornication en Colombie, ce n’est que « ragot », certes rapporté à la police colombienne, mais qui n’a donné aucune suite. D’ailleurs, l’immeuble du Nichon héberge à présent des pilotes et militaires colombiens, tandis que le Nibar a changé de mains.

Le poulet français, c’est nous ?

C’est à de tout autres investissements que les policiers de l’Unidad administrativa especial de informacion analisis financiero se sont intéressés. Il n’y a pas que ceux dont les fonds provenaient de Moanhan International et Airedale Business, deux sociétés panaméennes, alimentées peut-être via les Bahamas, qui retiennent l’attention.

Puisqu’on parle de poulets, évoquons donc El pollo frances, la société de commerce de gros de volailles de Couzi. Rien ne prouve, dans son cas, que les poulets, s’étant fait plumer, soient nous-mêmes, contribuables français.

Dans le cas de Thierry Gaubert, c’est plus évident. Il est déjà poursuivi pour une affaire relative au fonds du 1 % logement des Hauts-de-Seine (procès en février), et mis en examen pour d’autres histoires, dont des fiscales. Mais Couzi et Gaubert mettaient ensemble au pot pour faire pondre leurs poules (non, pas leurs épouses, en froid désormais avec eux, qu’il s’agisse d’Hélène Gaubert, ou de « cette femme », comme Gaubert désigne à présent l’ex de son pote, soit Astrid Betancourt).

Autre résident du coin, Thierry de la Brosse, ami de Gérard de Villiers. De « l’argent noir », comme celui qui circulait entre « MM. Couzi et Gaubert », de provenance Takieddine ou autres, a-t-il favorisé l’implantation locale de Thierry de la Brosse ? Rien ne l’indique.

Mais franchement, pourquoi se choisir des résidences secondaires aussi lointaines de la capitale, Bogota, et des plages ? Vivons heureux, vivons cachés, certes, mais de qui au juste ?

Fêtes somptueuses, voitures de luxe, étalons (voire jeunes juments consentantes en l’absence des épouses), domesticité abondante, dans un pays en proie à la guérilla des Farc et de l’Armée de libération nationale ? Car tout n’est pas que luxe, calme et volupté en Colombie.

Tiens, en voilà au moins deux qui regrettent peut-être de n’avoir pas fait construire en Tchétchénie, là où il est plus difficile d’obtenir la collaboration des autorités pour des enquêtes fiscales.

Pratiquement toute la presse française savait qu’il y avait quelque chose à glaner en Colombie. Serait, comme l’indique Déléan, de Mediapart, parce que « les grands groupes de médias dépendent de la commande publique » (des pubs institutionnelles) ?

Niebla nauseabunda : neige puante… La presse française attendra-t-elle que la prensa colombiana reprenne ? On verra…

Et justement, la Semana revient sur les juteuses affaires de Nilo. Lisez la suite :
http://www.come4news.com/les-mamelles-de-la-sarkozye-en-colombie-suite-748727