Ni John Fru Ndi : serait – il devenu un danger pour le Cameroun ?

 

Il était, à l’instauration du multipartisme au Cameroun à l’aube des années 1990, le « chouchou » de la population camerounaise. C’est ainsi qu’au lendemain de la présidentielle de 1992, Ni John Fru Ndi est déclaré élu par ses partisans, ceci, suite au coude à coude noté  entre lui et l’actuel président Paul Biya. De violentes émeutes s’en suivront et couteront la vie à de nombreux camerounais durant  de long mois. En signe de riposte, Fru Ndi et le Social Démocratic Front (son parti) déciderons alors de boycotter les législatives  de la même année ; toute chose qui favorisera l’entrée de micro-partis opportunistes à l’assemblée nationale, et qui n’hésiterons pas à soutenir contre des porte-feuille  ministériels le  parti au pouvoir qui se trouvait à l’époque dans une situation délicate. Cette coalition finira par fragiliser un SDF qui pourtant suscitait beaucoup d’espoir au sein de la population camerounaise. C’est ainsi que le SDF va commencer à broyer du noir, avec un John Fru Ndi  déterminé à s’accrocher à la tête du parti, en dépit de son impopularité qui évolue à pas de géant.  

En 2004, il a rejeté l’offre de certains de ses pairs de  l’opposition qui souhaitait la mise sur pied d’une candidature unique contre monsieur Biya ; tout simplement parce que la coalition de partis  qui souhaitait cette union sacrée a refusé qu’il soit le candidat de ce regroupement. Pour cette présidentielle camerounaise de 2011, Fru Ndi a encore été incapable de ressembler autour de lui d’autres opposants. Aussi, face à son refus de donner la possibilité aux autres militants de sa formation politique de se jeter eux-aussi à l’eau, de nombreuses personnes ont quitté le navire SDF pour former de nouveaux partis politique. Le cas le plus remarquable est celui de Edith Kah Wallah qui reste la révélation de cette présidentielle 2011 au Cameroun. À une semaine de la proclamation des résultats, ce même Fru Ndi a avec six autres candidats à cette présidentielle a signé ce qu’ils ont appelé la « déclaration de Yaoundé ». Un appel qui invitait les camerounais à ne pas reconnaître les résultats de ce scrutin. Plus loin, ces sept mauvais perdants ont menacé toujours dans cette déclaration d’appeler le peuple au soulèvement au cas où le conseil constitutionnel s’entêterait à ne pas annuler cette élection. Et justement, vendredi 21 octobre dernier, la cour suprême camerounaise siégeant comme conseil constitutionnel a proclamé les résultats de cette présidentielle.  Il restait alors pour le peuple camerounais à savoir exactement quand est-ce que commenceront les manifestations promises par John Fru Ndi et sa bande. Seulement, c’est plutôt un calme plat que leurs serviront  les signataires de la fameuse « déclaration de Yaoundé ». Contre toute attente, dans une déclaration faite à la presse ce mardi 25 octobre, le parti de Fru Ndi a dit « prendre acte de la réélection de monsieur Biya » ; et surtout,  le Social Démocratic Front a dit inviter le nouveau président à œuvrer dans le sens de l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Une position qui s’inscrit carrément aux antipodes de ce que prescrivait pourtant l’accord qu’il a en tant que leader de l’opposition camerounaise signé avec six autres candidats. A l’heure actuelle, de nombreux camerounais ne comprennent pratiquement rien de ce revirement à 180° de monsieur Fru Ndi et ne savent plus à qui faire confiance. Car, cette fuite de responsabilité de l’opposant historique à monsieur Biya traduit clairement le malaise profond dont souffre l’opposition camerounaise.