Nicanor, ne m’en tiens pas rigueur : je vais m’essayer aux brèves dans l’art desquelles tu es passé maître et dont tu nous régales !

N’ayant par chance pas besoin de me déplacer hier et n’ayant donc pas dû affronter les éléments, j’ai eu le privilège, très confortablement installé devant mon téléviseur, de pouvoir contempler sur i>TV notre Ministre de l’Intérieur et l’entendre déclarer : « Non il n’y a aucune pagaille. La preuve en est que Monsieur le Préfet a pu me rejoindre sans encombres »…

Je confesse mon privilège car à la même heure quelques milliers de Franciliens, sinistrés de l’extérieur, n’en avaient pas le loisir. Et c’est bien dommage pour eux, car ils auraient aussi pu savourer ce diagnostic sans appel : « Le seul vrai problème, ce sont les chaussées inclinées ». Déjà Monsieur de La Palice perçait sous Monseigneur de la Police ! ! !

J’ai un peu le sentiment qu’il venait aussi de la sorte de déterminer, avec dix-sept mois d’avance, la chute de la future élection présidentielle. Car, à tronquer les trois dernières syllabes de ses concitoyens pour n’en retenir que la première, l’ami fidèle de Nicolas lui pose deux boulets à la patte, handicap dont il se passerait probablement volontiers pour remonter la chaussée inclinée qui provient des profondeurs de sa popularité :

·        ou bien ils ne le sont pas et peuvent légitimement se sentir insultés d’avoir le désagréable sentiment d’en être traités,

·        ou bien ils le sont et, toute vérité n’étant pas bonne à dire, ils risquent fort de se vexer qu’on leur assène celle-là.

Plus sérieusement, le ton de l’intéressé démontrait qu’il s’agissait non d’un dérapage verbal qui aurait été bien excusable en pareille circonstance, mais d’un message contrôlé relatif à une situation qui ne l’était manifestement pas.

L’affichage indécent et répété du gouffre séparant l’aristocratique classe gouvernante des préoccupations des manants de la France d’en bas (qui devient de plus en plus, une sous-France) finira nécessairement par laisser des traces. Rendez-vous pour le dénouement, en mai 2012.