Les argentins, et Juan Martin Del Potro en particulier, doivent une fois de plus se demander comment faire pour battre Rafael Nadal sur terre battue ? Après plus de 4 heures d’un combat d’une intensité rare, Rafa a permis à l’Espagne de remporter la cinquième Coupe Davis de son histoire, la troisième en 4 ans.
Et pourtant, l’argentin a été héroïque. Il a fait un match énorme sur la terre battue espagnole de Séville. Sauf que faire un match quasi parfait ne suffit pas pour battre Rafael Nadal, pour battre ce Rafael Nadal, sur terre battue en finale de Coupe Davis.
Mais dès le début de match, et malgré un break d’entrée de Nadal, on se doute que le match ne va pas tourner à la démonstration espagnole, comme au premier match de la finale où Rafa a littéralement humilié Juan Monaco 6-1 6-1 6-2. Juan Martin Del Potro n’est pas venu faire de la figuration à Séville. Déjà très proche de battre David Ferrer lors de son premier match il y a 2 jours où il menait 2 sets à 1 avant de céder, l’argentin a encore un peu plus haussé son niveau de jeu aujourd’hui. Prise de balle précoce, coup droit dévastateur, l’argentin prend l’espagnol à la gorge dès le début de match et le punit dès la moindre balle courte de ce dernier. Dans le premier set, c’est Del Potro qui impose le rythme des échanges, Nadal est débordé par les frappes de balles lourdes de l’argentin. Juan Martin Del Potro remporte le premier set 6-1 et toute l’Espagne se met à trembler.
Sauf que les champions savent réagir. Et Rafa est un immense champion. L’espagnol sait jouer également avec sa tête. Il a vu que son lift de coup droit gêne moins le double mètre de l’argentin, capable de frapper des balles au dessus de l’épaule, que d’autres adversaires. Alors Rafa va varier ses frappes de balles en faisant faire l’essuie-glace à Del Potro. Ce « droite-gauche » use le grand argentin. Et Rafa, telle une guêpe, pique son adversaire à la moindre occasion. Rafa égalise à une manche partout. Le rouleau compresseur est en marche. Le troisième set n’est qu’une formalité pour l’espagnol. Sa gifle de coup droit de plus en plus violente fait terriblement mal à l’argentin qui semble émousser physiquement par la cadence imposée par l’espagnol. Rafa remporte aisément le troisième set 6-1 et personne ne voit alors comment la tendance pourrait s’inverser.
La quatrième manche atteint un niveau de jeu hallucinant. Juan Martin Del Potro trouve des ressources insoupçonnées. Par 2 fois, il perd son service en début de set et par 2 fois il revient en prenant celui de l’espagnol grâce à une prise de risque de tous les instants. Malmené dès que l’échange dur, l’argentin abrège les rallyes de fond de court dès la moindre balle un peu plus courte de l’espagnol. Et ça marche, Del Potro est en pleine réussite, son coup droit laisse très souvent Nadal loin de la balle et presque sans réaction. Il fait même le break au meilleur moment et s’apprête à servir à 5-3 pour revenir à 2 manches partout.
Mais à 30-30 sur son service l’argentin commet une double faute qui offre une balle de débreak à l’espagnol qu’il convertit sur le point suivant d’un passing imparable dont il a le secret. L’argentin était monté au filet chercher le point mais c’est Rafa qui a trouvé l’ouverture pour revenir dans le set. L’espagnol enfonce le clou. Un jeu de blanc de service plus tard, il fait craquer l’argentin du fond du court après 2 rallyes dantesques, fait le break à 6-5 et va donc servir pour le match.
Mais Juan Martin Del Potro décide alors que le « show must go on ». L’argentin fait le spectacle et enchaîne les coups gagnants. Un jeu d’anthologie de Del Potro qui s’offre un tie break en punissant l’espagnol sur un nouveau coup droit monstrueux.
Mais le propre d’un champion de la classe de Rafael Nadal est de trouver des solutions. Moins en réussite dans ses frappes de balles et ses attaques de coup droit notamment, débordé par la qualité et la précision des frappes de balles de l’argentin dans le jeu précédent, c’est alors le moment choisi par l’espagnol pour retrouver son jeu de jambe mode « playstation ». Le tie break, ou jeu décisif, n’a jamais porté aussi bien son nom. Rafa écœure littéralement Del Potro dans ce jeu décisif par son jeu de défense. Toutes les balles reviennent sans cesse et l’argentin fini, à chaque fois, par craquer….1, 2,3 puis 4 à 0. L’issu ne fait plus aucun doute. Et comme souvent avec l’espagnol, quand vous avez la tête sous l’eau, lui, en remet une couche. Comme par magie, le coup droit de l’espagnol redevient décisif. Del Potro n’en peut plus. Rafa l’emporte 1-6 6-4 6-1 7-6 et 7 points à 0 dans le jeu décisif de la quatrième manche et libère les 20000 supporters espagnols.
Les 2 hommes ont offert un magnifique spectacle. Le niveau de jeu a atteint son paroxysme dans un quatrième set d’anthologie mais comme pratiquement toujours dans ce sport et sur terre battue, c’est Rafael Nadal qui gagne à fin. Rafa a trouvé les ressources morales pour réagir après une fin de saison en demi teinte et une élimination précoce aux Masters, en écrivant une ligne de plus à son déjà gigantesque palmarès. Et il n’a que 25 ans…