"MY Sweet Pepper Land", le film de Hiner Saleem est un bien original western à la sauce kurde. Et curieusement ça marche ! Nous sommes dans le Kurdistan irakien de la période post-Saddam Hussein. Après avoir recouvré son autonomie, le Kurdistan tente de se reconstruire par tâtonnements  : police, armée, justice, etc, le boom ! 

Quitte à mettre en danger sa vie, au même titre que ses prédécesseurs, Baran, le Bon, (Korkmaz Arslan) un ancien combattant de l’indépendance kurde décide de partir en croisade contre les mafias qui gangrènent la région. Nommé commissaire dans un village reculé, perdu dans ces montagnes  situées à la frontière turco-irako-iranienne, il a du pain sur la planche : en l’absence de lois, les trafiquants de tous poils ont le vent en poupe dans ce Triangle des Bermudes : alcool, armes, drogues, médicaments frelatés circulent. 

S’engage alors un bras de fer entre le nouveau shérif et le caïd local, Aziz Aga, la Brute, solidement adossé sur ses hommes de main. Govend, la Révoltée,(Golshifteh Farahani), une jolie institutrice est dans les parages. Sa quête de liberté, et sa vocation pour l’enseignement ont déterminé son choix singulier de "s’expatrier" dans ce village transfrontalier, loin du suffocant giron familial. 

A partir de la rencontre entre Govend et Baran, il y aura matière pour délier les langues de ces hommes qui aiment à se réunir dans l’unique café du coin, "Pepper Land".  De ce fait, les prétendus défenseurs du code de l’honneur, à l’affût de la moindre entorse à "la morale", entrent en action ; codes des lois et codes de l’honneur ne faisant pas forcément bon ménage, ils occasionnent des étincelles. 

Hiner Saleem ratisse large pour pour égratigner au passage avec humour certaines traditions archaïques bien ancrées dans la société : notamment la séquence de la mère obsédée par l’idée de caser son fils. Néanmoins, il ne cantonne pas la femme à ce statut de dominée, son caractère de battante est mis à l’honneur : en témoignent des bataillons de femmes engagées dans la résistance kurde contre le régime turc. 

Le scénario dépourvu de sophistications, la légèreté du ton, la splendeur des paysages, la bande son, le talent des acteurs font de ce western tragico-comique un de ces films ravissants que l’on ne peut pas oublier… 

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