Trop, c’est trop… Passe encore d’avoir dû se farcir une énième campagne présidentielle digne d’un grand carnaval comme le chantait si bien notre ami François Béranger dans son album Magouille Blues (1), mais depuis que le » grand homme » est élu, les médias continuent à nous gaver d’intoxs doublées d’une hagiographie galopante de Macron le seul, le bon, le vrai, capable de redresser ce pays envers et contre tous.
Revenons un peu à son élection. Du grand art. Vraiment ! Pour qui connaît le club très fermé des « relations publiques et des réseaux », chapeau bas. Comment faire passer quelqu’un du stade « inconnu au bataillon » au sommet de l’état en quelques mois ? Voici la recette.
– Avoir un noyau dur :
L’institut Montaigne (fondé par Bébéar, avec entre autres Gérard Collomb, maire de Lyon et piloté aujourd’hui par Henri de Castries), et le think-tanks Terra Nova. On passe sur des ex-conseillers de DSK en 2006, pour atterrir à Julie de la Sablière, patronne de l’agence de communication Little Wing (spécialiste du digital) et Adrien Taquet de l’agence de publicité Jésus et Gabriel. Quelques soutiens de plusieurs députés PS doublés de personnalités de la société civile. Entre autres, Marc Simoncini, fondateur de Meetic et le patron de Mozaik RH, Saïd Hammouche. (2)
– Être propulsé par des réseaux :
À sa sortie de l’ENA en 2004, il débute au sein du cabinet de Jean-Pierre Jouyet, qui le propulse ensuite dans le giron de la fondation Saint-Simon, puis la banque Rothschild. Ensuite, Jouyet est devenu ministre de Nicolas Sarkozy, puis secrétaire général de l’Élysée de François Hollande. (Un petit coup à droite, un petit coup à gauche… Pourquoi se gêner, la soupe est bonne)
En 2006, il rejoint le PS et la fondation Jean-Jaurès dont le financement est assuré en partie par des trotskistes néo-conservateurs de National Endowment for Democracy, (NED).
Puis en 2007, il entre chez les Gracques, un groupe d’anciens patrons et hauts fonctionnaires. En 2010, il rejoint l’équipe de campagne de François Hollande adoubé par Attali.
En 2012, il devient Young leader de la French American Foundation, qui a deux administrateurs connus (Philippe Manière, directeur de l’institut Montaigne et Alain Minc (trésorier de la fondation Saint-Simon). Alain Minc, le propulse Research Fellow à la London School of Economics lorsqu’il quitte l’Élysée en 2014.
( Quand Macron quitte la banque en mai 2012, il a atteint son objectif : il est «à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours», confie-t-il une fois à l’Elysée. La transaction de 9 milliards d’euros qu’il vient de boucler pour le compte du PDG de Nestlé, Peter Brabeck, avec lequel il a sympathisé à la commission Attali, porte à 2,5 millions d’euros ses revenus bruts sur les dix-huit mois précédents.)
En mai-juin 2014, Emmanuel Macron est invité à la réunion annuelle du Groupe de Bilderberg. Cette institution a été crée en marge de l’OTAN qui en assure directement la sécurité, quel que soit le pays où elle se réunit. Son président actuel est le Français Henri de Castries, PDG d’AXA et président de l’Institut Montaigne. (vous remarquerez que c’est toujours les mêmes)
En 2016, dans les locaux de l’Institut Montaigne, Emmanuel Macron créé son propre parti, En Marche !, avec l’aide d’Henry Hermand (un des principaux mécènes de la Fondation Saint-Simon, puis de Terra Nova) . Après s’être largement expliqué sur les plateaux de télévision, l’homme décède en novembre 2016, à 92 ans.
L’originalité de ce parti est que, durant ses huit premiers mois, il n’aura ni programme, ni proposition, juste un candidat à la présidentielle.
Cela ne l’empêchera pas d’être rejoint par toutes sortes de personnalités politiques qui n’eurent pas besoin qu’on leur précise ce qu’elles savaient déjà: le programme de Macron, c’est celui de Delors et de Strauss-Kahn. En février 2017, la girouette François Bayrou, apporte son soutien à Emmanuel Macron
– Soutien inconditionnel des médias à la solde des grands patrons du CAC 40 et des réseaux :
Pour exemple, Libération, l’Obs, le Monde et l’Express totalisent plus de 8000 articles évoquant Macron entre janvier 2015 et janvier 2017.
Alors que la totalité des articles évoquant Mélenchon, Montebourg et Hamon dans les mêmes quotidiens ne s’élève qu’à 7400. (3)
Même François Fillon qui déchaînait les « passions » n’arrivait pas à surclasser le jeune poulain. Une descente aux enfers sur médiatisé. Impossible d’échapper aux tirs de DCA éditoriaux.
En 2016, Macron était très peu connu. Mais il a été choisi. Par les réseaux, les grands patrons, et l’intelligentsia politique. Tout ce beau monde a ordonné aux médias de mettre le turbo et l’injection. Et pour éviter un éventuel essoufflement, il y avait en réserve les fameuses bonbonnes de protoxyde d’azote destiné à transformer en bolide n’importe qu’elle banale Dacia.
Le parachute ascensionnel était en marche. (tiens, c’est le même nom que son parti). Pourquoi lui ? Parce qu’il est assez bright et qu’il représente aux yeux des Français une voie de sortie d’une gauche/droite molle et inconsistante dont plus personne ne veut.
C’est très fin. Comment garder le pouvoir avec les mêmes tout en présentant soi-disant un Homo Novis en politique ? Avec son élection, nous y sommes. Nous gardons les mêmes au pouvoir, mais sans que ce soit clairement annoncé. Terminé, le clivage gauche/droite. Nous sommes dans un parti unique Républico/libéralo/socialo//bobo. 1/4 de chaque, dans un shaker. Bien mélanger le tout et servir frais avec glaçons.
Et le FN dans tout ça ? Comme d’habitude, il se saborde. À chaque élection, c’est la même chose. Sabordage. On se demande s’ils ne sont pas payés pour cela. C’est, en effet, très étrange. Marine Le Pen aurait pu faire son entrée à l’Élysée, mais voilà, elle a agité le spectre de la sortie de l’Euro. La seule chose à ne pas faire. Comment effrayer (à juste titre d’ailleurs) la classe moyenne ? En agitant le retour au franc. Comme repoussoir, rien de mieux. Alors qu’il fallait juste annoncer que le retour au franc ne se ferait qu’avec l’assentiment de la majorité des Français avec un référendum ?
Dernier coup de Jarnac pour MLP, sa nièce qui à la veille des législatives se retire de la vie politique. Exit le FN, jusqu’à la prochaine présidentielle ou ce dernier rejouera la même partition.
Reste Mélenchon. Ma foi. Outre le fait que c’est un bon tribun, il est au Grand Orient de France depuis 1983… Est-ce vraiment le candidat le mieux placé pour faire voler en éclats un système vérolé alors que ce même système a fait de lui un millionnaire ? Je ne le pense pas non plus.
Cette république est complètement verrouillée. Comment se sortir de tout ce micmac ?
Redonner le pouvoir à des gens de la société civile, qui savent gérer un budget, et qui ne seraient là que pour servir le peuple. Car après tout, tel est normalement le but d’un politicien.
En attendant, nous sommes encore les dindons de la farce et on va devoir faire avec. Reste la contestation, avec comme devise : je râle donc je suis…
https://www.youtube.com/watch?v=9pMM8IquS0g (1)
http://lvsl.fr/medias-ont-fabrique-candidat-macron (2)
https://www.challenges.fr/politique/ceux-qui-se-cachent-derriere-la-start-up-macron_29092 (3)
http://www.voltairenet.org/article196012.html