Il serait difficile de le considérer comme un inconnu au sein de la classe politique libyenne ; en ce sens qu’il a longtemps été l’un des fidèles parmi les plus fidèles à Mouammar Kadhafi. L’histoire retiendra aussi de Moustapha Abdeljalil comme l’homme qui avait confirmé la peine de mort à l’endroit de cinq infirmières bulgares et d’un médecin palestinien ; tous accusés d’avoir volontairement inoculé le virus du Sida à des centaines d’enfants hospitalisés à Benghazi, alors qu’il était à cette époque président de la cour d’appel de Tripoli. Et comme récompense après ce verdict à la fois courageux et historique, son ancien mentor (Mouammar Kadhafi) a fait de lui le ministre libyen de la justice ; poste qu’il occupera jusqu’à son surprenant revirement à 180 degré, au lendemain de l’éclatement des manifestations en Libye.
C’est en 1952 dans la ville de El Beida que vit le jour Moustapha Abdeljalil ; après avoir étudié le droit et la charia à l’université de Benghazi, il est affecté dans sa ville natale de El Beida comme assistant du secrétaire du Ministère Public. Ce n’est qu’en 1978 qu’il est nommé juge. C’est dans cette posture qu’il a confirmé la peine de mort à l’endroit des médecins bulgares et palestinien alors qu’il occupait le très prestigieux poste de président de la cour d’appel de Tripoli.
En 2007, au moment où le régime libyen tentait de soigner son image aux yeux de l’occident, Abdeljalil est nommé ministre de la justice, à la demande – dit – on de Saïf al – islam Kadhafi, l’un des fils les plus influents de l’ex – chef de l’Etat libyen. Cependant, jusqu’ici, Moustapha Abdeljalil, bien que fidèle d’entre les fidèles au guide était considéré par de nombreux spécialistes comme modéré. C’est ainsi que dans un rapport publié en 2010 par Amnesty international, il est présenté comme l’un des rares proches du guide libyen à avoir « publiquement appelé à ce que soient relâchés les prisonniers acquittés mais maintenus en détention ». Sa démission fracassante du gouvernement libyen au lendemain de l’éclatement des hostilités en mars dernier, apparaît ainsi pour plus d’un observateur comme quelque chose de pas très surprenant. Mais alors, parviendra – t – il à relever les nombreux défis qui l’interpellent ? Car il nous semble que c’est maintenant que le plus dur commence pour ces autorités du CNT. Tous le monde sait que le CNT est un bloc hétérogène aux visions parfois antagonistes ; aussi, la non capture jusqu’à l’heure actuelle de Mouammar Kadhafi constitue quelque chose d’assez préoccupant !