Cela fera bientôt 20 ans qu’Yves Montand nous a quittés et on peut s’étonner que ce grand artiste ne soit pas plus honoré. Il y a bien sûr quelques spectacles qui nous rappellent qu’il fut l’un des plus grands, mais pas à la mesure du personnage.
Peu de personnalités atteignent dans leur vie une telle dimension car en plus d’être un chanteur adulé et un comédien respecté, il occupait une place non négligeable dans la politique à tel point qu’il a eu des soirées entières mises à sa disposition à la télévision pour s’exprimer. Et c’est peut-être cet aspect du personnage qui déplait le plus aujourd’hui. On sait que s’il se mettait ainsi en avant, c’est surtout Simone Signoret qui l’influençait et guidait son engagement politique. Longtemps compagnon de route du PCF, il s’en est éloigné dès l’intervention des chars russes à Prague au printemps 1968. Il s’engagea ensuite contre le stalinisme dans son plus grand rôle à l’écran, incarnant avec une vérité bouleversante Arthur London broyé par le pouvoir communiste. Pour le public, Montand restera un chanteur perfectionniste, sachant tout faire au music-hall. Il a su comme personne interpréter la « bonne chanson française », avec des textes poétiques et des musiques écrites par les meilleurs compositeurs de son époque. Sa version des « feuilles mortes » de Prévert et Kosma ne souffre pas de comparaison. Beaucoup lui reprochent aujourd’hui d’avoir été un « m’a-tu vu », un séducteur un peu hypocrite, un ambitieux soutenu à bout de bras par Simone Signoret qui lui vouait une admiration sans bornes. L’égocentrisme est sans doute la caractéristique principale des grands artistes. On peut se demander pourquoi c’est un Hollandais, Ivo Niehe, qui nous permet de redécouvrir un de nos plus grands interprètes. {youtube}kLlBOmDpn1s{/youtube}
requYeM
Simone l’attendait Battling Joe de Toscane
de Marseille ou d’ailleurs communard et gueulard
chacun se souviendra qu’il grandissait nos arts
cet immigré rital oh Papet tu ricanes !
né de Piaf de Prévert à Paris en bécane
les feuill’ mortes pleurent sur les grands boulevards
contre l’intolérance il chantait ce bavard
sur scène vêtu de noir avec chapeau et canne
saltimbanque doré ta passion fut le vrai
ta nostalgie est bien là où elle devrait
et la colombe dort plus d’orages de tendresse
car le garçon d’honneur a rendu son tablier
Edith César Romy les fantômes se dressent
Monsieur Montand tu vois, on’t’a pas oublié.
[b]Montand, dans un film culte : Z de Costa Gavras
{dailymotion}x8ihug{/dailymotion}[/b]
Un grand artiste assurément à qui on en demandait peut-être trop. Sautet l’avait bien dirigé dans « Garçon » et « César et Rosalie ».
On aimait bien Yves Montand. 20 ans après sa disparition, au gré des célébrations et des hommages divers (mais y en aura-t-il seulement ?), on pourra mesurer ce qu’il reste, mot terrible, ce qu’il reste de lui. Un artiste fut-il adulé, fut-il filmé, enregistré et d’autres choses encore n’échappe pas à la loi du genre. Il faut bien se l’avouer, et le mot disparation colle à merveille, il y a bien un moment ou plus rien ne reste finalement. Les lieux communs disent que grâce à l’image notamment un artiste ne disparait jamais vraiment. On se console comme on peut mais en vain.
hervelionse.blogspot.com
[b]Le télégramme J’aime le romantisme de la réceptionniste !!!!!
{youtube}ILbUdPUO8PE{/youtube}[/b]