On peut comprendre la colère des familles des 87 victimes et des neuf survivants du crash de l'Airbus A320 au Mont Sainte-Odile dans le massif des Vosges (Alsace, 20 janvier 1992). La cour d'appel de Colmar (Haut Rhin) a relaxé les six prévenus. Pourtant, Bernard Ziegler, l'ex-directeur technique d'Airbus et père de l'A320, avait été reconnu coupable de négligence dans la conception du cockpit de l'A320 en première instance. Cette erreur de conception aurait en effet pu tromper les pilotes de l'avion.
En novembre 2007, le parquet de Colmar avait requis 18 mois de prison avec sursis contre Pierre-Henri Gourgeon, l'ex-directeur général de la DGAC et contre Claude Frantzen, l'ex-chef du contrôle technique de l'aviation civile, 12 mois contre Jacques Rantet, l'ex-directeur d'exploitation d'Air Inter et 9 mois contre Eric Lammari du contrôle aérien.
20 janvier 1992. Le vol Air Inter IT 5148 Lyon-Strasbourg est en approche de l'aéroport, l'équipage demande l'autorisation d'atterrir. Le contrôleur refuse, d'autres appareils vont décoller. L'Airbus A320 fait un tour d'attente au-dessus des Vosges, le commandant de bord décide d'enclencher le pilote automatique. L'A320 percute le Mont Sainte-Odile quelques minutes après, à 19 h 25, au lieu-dit La Boss dans le Bas-Rhin. Trois heures plus tard, les secouristes sont sur place et ne peuvent que constater l'ampleur du drame, le crash a fait 87 morts. Par miracle, il y a 9 rescapés. L'enregistrement des vingt dernières secondes du vol a été détruit dans l'incendie de l'appareil. Une hypothèse émise est alors celle-ci: Dérouté par la tour de contrôle dans cette météo exécrable sans visibilité au-dessus des Vosges, le commandant aurait branché le pilote automatique pour une descente de 12% au lieu de 3,3%, soit une vitesse de descente de 3 300 pieds par minute. Le copilote n'aurait rien remarqué sur le tableau de bord.


Le procès va durer quatorze ans devant le tribunal correctionnel de Colmar jusqu'aux 2 mai et 27 juin 2006. Selon une autre hypothèse, si l'Airbus A320 avait été équipé d'un radar prévenant de la proximité du sol, la catastrophe aurait pu être évitée. Ce radar alerte l'équipage par un "pull up" quinze secondes avant l'impact. Air Inter ne voulait pas équiper ses avions de ce radar. Depuis le crash du Mont Sainte-Odile, le radar est installé sur tous les avions français. Bernard Ziegler s'est déclaré «satisfait» de la décision du tribunal de Colmar. Echo, l'association des victimes, a été déboutée du remboursement des 500 000 Euros des frais d'avocats et de procédure. En Chine, on obligeait les familles à rembourser les balles des condamnés à mort exécutés. En Sarkozie, on condamne les familles des victimes et neuf survivants à payer 500 000 Euros. Les Colmariens devraient s'en souvenir en allant voter ce dimanche.

Image: Black humour by Michel Mahler
Zone de Mig Alley, 1951 – Base de Pohang, Corée du Sud
Alvaro Rendon, le président d'Echo, s'est effondré en larmes. «Nous avions confiance dans la justice de notre pays. Et on nous refuse même les frais d'avocat… C'est une honte, un scandale. C'est ça la justice de la France. C'est ça les paroles de notre Garde des Sceaux qui dit que les victimes seront entendues…» Pour la soeur du pilote, Nicole Hecquet, «C'est le pot de terre contre le pot de fer… Bernard Ziegler m'a dit personnellement que mon frère s'était suicidé. Et c'est cela que vient de reconnaître la justice…» Pour Airbus, les pilotes (tous tués dans la catastrophe) ont amorcé cette descente meurtrière "volontairement"… L'humour noir de la justice française laisse celui du Réveil des Marmottes sur la touche. Bientôt, on dira que les Poilus de 1914-1918 se sont suicidés collectivement.
Mike