Monster

« Monster », le film pour lequel Charlize Theron a  gagné l’ Oscar de la meilleure actrice, est basé sur l’histoire vraie d’une tueuse en série, Aileen Wuornos, qui a été exécutée en 2002 pour les meurtres de sept hommes dans l’état de Floride. Road movie d’une part, récit criminel à suspense d’une autre et biographie pour une troisième, le film explore les événements amenant à la condamnation et à l’exécution d’Aileen.


Dans le film, Charlize Theron joue Aileen, une prostituée spécialisée dans l’auto-stop. Aileen a eu une enfance traumatique, violée très jeune par un ami de la famille, victime d’inceste de la part de son frère et de son grand-père, et une adolescence à la « marie-couche-toi-là », ces filles dont on dit d’elles que seul le train n’est pas passé dessus…. Et qui souvent ne cherchent qu’un peu de l’amour dont elles ont été sevrées.
Enceinte à l’adolescence, ignorant qui était le père, elle a confié son bébé à l’adoption. Désavouée par sa famille, elle s’est tournée vers la prostitution à l’âge de treize ans, et depuis lors a vécu d’une rencontre à l’autre, dormant où elle pouvait, dépensant son argent dans les bars et se nourrissant de ce qu’elle trouvait à gauche et à droite . Aileen est au bord du suicide quand elle rencontre Selby (jouée par Christina Ricci) dans un bar gay. Selby est une fille qui sort à peine de l’adolescence, luttant pour comprendre et accepter sa sexualité après avoir été, elle aussi, désavouée par sa famille, envoyée loin d’elle, chez des amis catholiques pratiquants, dans l’espoir d’extirper hors d’elle le « Mal » mis à jour par sa famille après la relation entre Selby et une fille de sa ville natale.

Au début, Aileen se méfie de Selby, quoi de plus normal après tout ce qu’elle a subi d’avoir développé une tendance méfiante ! Mais bientôt, après des discussions facilitées par des verres de tequila frappée, les deux sympathisent et Selby invite Aileen à dormir dans sa chambre, en tout bien tout honneur, du moins cette nuit-là. Puis, au petit matin, elles décident de se retrouver dans la semaine à la patinoire de la ville, et à partir de là s’embarquent dans une aventure passionnelle.

A ce moment du film, Aileen est brutalement attaquée et violée par "John", un de ses clients elle les appelle tous John). Traumatisée par l’expérience, qui lui rappelle les pires épisodes de son enfance violée, elle finit par le tuer dans un réflexe d’auto-défense. J’insiste sur le fait que ce premier meurtre est vraiment commis de manière « légitime » et qu’Aileen

aurait certainement été blanchie si elle s’était rendue au commissariat. Mais, incapable d’imaginer faire confiance à quiconque, elle garde l’incident secret et s’enfuit avec Selby. Les deux s’installent dans une chambre de motel . A ce moment-là, Aileen a un vrai désir de renoncer à la prostitution, et essaie de trouver un vrai travail. Ses efforts pour améliorer son apparence physique et vestimentaire, ses démarches chez des agents de placement, les rebuffades qu’elle essuie sont très touchants. Mais l’argent s’épuise et, suite à une dispute avec Selby, Aileen ne voit pas d’autre solution que celle de retourner à la prostitution. Mais quelque chose a changé et Aileen ne peut plus supporter de coucher avec ses "Johns". Armée du pistolet qu’elle a volé au premier homme qu’elle a assassiné, elle s’embarque dans un rodéo de massacres, et part à la chasse à l’homme dans le but de les tuer, volant leurs voitures et leur argent afin de financer les rêves de style de vie idyllique de Selby.

C’est seulement une question de temps avant que la police ne rattrape Aileen, en dépit des tentatives de son ami, le gardien Jim (joué par Bruce Dern) pour l’avertir. Le reste du film se concentre sur la confession d’Aileen, qui affranchit Selby de toute responsabilité (Selby a seulement eu connaissance du premier meurtre), et sur la trahison choquante de Selby envers son ancienne amoureuse, quand elle décide de devenir témoin à charge dans le procès en échange de la promesse de l’immunité.

Mon opinion
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Il n’y a aucun doute que la performance d’actrice de Theron dans ce film était digne d’un Oscar et pour moi sa transformation étonnante, de star glamour d’Hollywood (celle de la pub au bord de la piscine, style "Je le vaux bien"), en prostituée au visage dur, sale et violente, est le point culminant du film. La sud-Africaine a même pris 15 kilos pour son rôle.
Elle est habilement soutenue par Ricci, une Selby aux grand yeux innocents, qui en dépit de sa jeunesse et son manque relatif d’expérience, comparé à Aileen, est largement la plus entreprenante et la vraie prédatrice du début du film, et finalement largement la plus manipulatrice.

Le film, cependant, m’a laissé beaucoup de questions sans réponses, car il ne m’a pas semblé explorer assez profondément les vraies raisons de la conversion soudaine d’Aileen en serial killer au sang froid, suite au premier meurtre commis , je le répète, dans une réelle situation de danger et d’auto-défense.

J’ai donc décidé de creuser plus profond, et de lire sur Internet la vraie histoire d’Aileen Wuornos. Ce que j’ai trouvé dressait le portrait d’une femme sévèrement dérangée, véritablement une malade mentale , menant des agressions pychopathes, avec des doutes sur le fait qu’elle avait oui ou non été véritablement victime d’abus sexuels dans sa prime enfance. La vraie Aileen Wuornos a éveillé très peu de compassion dans mon esprit, tandis que la représentation qui en a été faite sur l’écran montre un personnage beaucoup plus sympathique, en particulier dans l’optique du rapport tendre qu’elle entretient avec Selby , dans lequel elle endosse le rôle du protecteur qui entretient une femme plus jeune. Sa maladie mentale – ou du moins l’influence de celle-ci sur ses actions meurtrières – n’était pas toujours évidente. Connaissant, comme c’est le cas maintenant, la vraie histoire, il est facile de voir pourquoi ce film a subi des volées de bois vert et l’indignation des familles des victimes d’Aileen, lesquelles ont estimé qu’elle avait été dépeinte de manière bien trop sympathique. En effet, à de nombreux moments, le film était très émouvant et j’ai ressenti beaucoup de sympathie pour Aileen et Selby. Maintenant que je connais la vraie histoire, je ne suis pas du tout sûre que cette sympathie était bien placée…

J’aurais également souhaité une exploration plus fine de la relation entre Aileen et Selby, et comprendre ce qui avait finalement amené Selby à la trahison qu’elle commet en se mettant du côté des accusateurs lors du procès . Dans le film, les deux semblent, de manière égale, dépendante l’une de l’autre, au moins au début de leur rapport, mais en réalité il semble que Aileen contrôlait Selby (ou Tyria, du nom de sa vraie amante).

Il m’a semblé que le film était en fait peu sûr du message qu’il souhaitait faire passer, des sujets qu’il souhaitait explorer, passant de l’exploration de la relation entre les deux femmes aux raisons des meurtres, mais n’allant jamais au fond d’aucun de ces deux thèmes. En effet, au début du film, par la voix d’Aileen, il est exprimé que le vrai catalyseur de son déchaînement de violence fut la rencontre avec Selby, et peut-être fut-ce le cas, mais ce thème important n’est jamais réellement expliqué.

Si on met de côté l’exactitude ou plutôt la transposition de l’histoire sur l’écran, c’est néanmoins un bon film avec quelques scènes véritablement excellentes. Le viol d’Aileen et le meurtre de son agresseur qui s’ensuit sont visuellement choquants et très bien filmés. Le rapport lesbien entre Aileen et Selby est dépeint de manière beaucoup moins visuelle, et si vous cherchez des scènes susceptibles de vous titiller, vous serez déçus, mais aucun doute n’est laissé sur la passion qu’elles ont éprouvée, au moins aux débuts de leur relation.
Une scène particulièrement puissante est celle où, surmontées par leur passion dont elles réalisent subitement la force, elles échangent leur premier baiser sur la patinoire locale où une Selby désoeuvée a l’habitude de traînasser.
La scène est accompagnée de la chanson "Don’t stop believing" par Journey – une superbe chanson , qui capte parfaitement la puissance du moment. Nous n’avons à ce moment précis aucun doute sur l’attirance, la passion, le désir qui animent également les deux femmes, plus rien d’extérieur n’existe pour elles, et cette scène hautement romantique est l’une des plus chargées en érotisme que j’ai pu voir dans un film, sans distinction d’orientation sexuelle des personnages.

La direction d’acteurs est excellente, capturant parfaitement le monde graveleux et déprimant des chambres de motel, des banquettes arrière des voitures et des bars fréquentés par Aileen. Même un voyage vers "Fun land", un parc d’attraction, est dépeint de telle manière qu’on y retrouve bien les sentiments de médiocrité ambiante qui englobent tout le film. Par ailleurs, le titre du film ne qualifie pas, en réalité, Aileen elle-même, mais vient du nom qu’elle avait donné à une grande roue sur laquelle elle était montée enfant, dans un parc d’attractions semblable à celui que nous voyons dans le film.

Conclusion
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Dans l’ensemble, je recommanderais "Monster", mais je vous conseillerais de le visionner avec l’esprit ouvert qui vous caractérise tous, vous qui avez le bon goût de lire mon avis, et de le voir comme un film juste inspiré par de véritables événements , plutôt qu’une reproduction fidèle de la vérité. Et, il vaut véritablement la peine de voir la composition hallucinante de Charlize Theron, méconnaissable, et dont je me souviendrai longtemps… Elle est pour beaucoup dans les 4 étoiles que j’attribue finalement à ce film, au lieu des 3 que le seul film mérite,à mon avis.

Les caractéristiques du DVD
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Réalisation Patty Jenkins
Acteur Charlize Theron , Christina Ricci , Bruce Dern , Lee Tergesen , Annie Corley
Public légal interdit aux moins de 12 ans
Langue 1 anglais
Encodage 1 Dolby digital 5.1
Langue 2 français
Encodage 2 Dolby digital 5.1
Sous-titrage 1 français
Qualité Stéréo, couleur

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Merci de votre lecture.