Mitterrand outragé, Mitterrand brisé, Mitterrand martyrisé, mais Mitterrand exempté ! Parmi la foultitude des communiqués qui me sont parvenus dans la nuit et en ce début de matinée du jeudi 15 octobre 2009, deux ont retenu mon attention. L’un émane du site PythOnline (celui des Monty Python), l’autre du Strass, le Syndicat du travail sexuel. Il y a comme un lien entre les deux, ténu, mais tenant à la mascarade et au travestissement de quelques vérités.

 

Plus c’est gros, mieux cela passe. Et la pantalonnade de l’Umpty-Mumpty Party au sujet de Frédéric Mitterrand m’est apparue totalement montypythonesque. Comme l’a si bien dit en substance Guillon, aller s’envoyer des majeurs quarantenaires en Thaïlande, c’est comme apporter son manger à la garden party de l’Élysée. N’empêche, l’original vaut mieux que l’imitation et puisque l’équipe de PythOnline me signale la célébration du quarantenaire des Monty Python au Ziegfield Theatre de New York, j’en fais état. En vous signalant que l’événement réunissant John Cleese, Terry Gilliam, Eric Idle, Terry Jones & Michael Palin sera diffusé sur le site ainsi qu’un documentaire sur le quintet (Almost the Truth ; Presque la vérité…) et la remise d’un Bafta (l’Oscar ou le César britannique, pour résumer) à nos joyeux compères. Mais revenons à nos bouffons. Ceux de Narközye.

Voici, tel que je l’ai reçu, le communiqué du Strass, le Syndicat du travail sexuel, intitulé « Client au gouvernement contre pute arrêtée pour racolage ; le double poids, double mesure de nos politiciens. ».
Le STRASS, Syndicat du Travail Sexuel, tient à profiter de la polémique lancée sur les agissements sexuels du ministre de la Culture, pour rappeler que l’achat de services sexuels est encore heureusement légal en France ainsi qu’en Thaïlande contrairement a ce que souhaiteraient certains membres du Parti Socialiste.En revanche, s’il est acceptable pour un client de faire partie du gouvernement, ce même gouvernement condamne ceux qui vendent des services sexuels a deux mois de prison et 3 750 euros d’amende pour racolage passif depuis la Loi de Sécurité Intérieure du 18 mars 2003, dite loi Sarkozy.Nous demandons à nos politiciens pourquoi tandis qu’ils peuvent légalement acheter nos services, ils continuent de nous pénaliser pour les vendre ?Nous exigeons que cesse cette hypocrisie et que tout acte sexuel entre adultes consentants soit décriminalisé. Nous exigeons l’abrogation de toutes les lois sur la prostitution et la reconnaissance de nos droits humains et de travailleurs. Nous condamnons également l’amalgame fait entre le travail sexuel et la pédophilie.Pour plus d’information sur le mouvement des travailleurs du sexe en Thaïlande :

http://www.empowerfoundation.org ; http://www.swingthailand.org.

Implacable, non ? Tout d’abord, mes impressions furtives et trop peu documentées, donc partiales, sur le Strass. Cela m’a tout l’air d’une sorte de fraternité « maçonnique » entre transsexuels ou transformistes se livrant à la prostitution, prostituées, autres maîtresses de donjons, &c., appuyée par divers sociologues ou philosophes, quasiment à parité. Le Strass, combien de divisions ? Peut-être moins d’une cinquantaine d’individualités. Et alors, en quoi la faiblesse numérique disqualifierait-elle les arguments ?

Francis Mitterrand est un ministre, lié par une solidarité ministérielle, et il approuve donc que l’on emprisonne et frappe de lourdes amendes les personnes dont il était le client habituel (on peut penser qu’il le resterait tant bien même s’offrirait-on désormais gratuitement à lui histoire d’obtenir ses faveurs). Eh bien, c’est du propre !

Je ne sais d’ailleurs plus trop où j’ai lu que Nicolas Sarközy considérait qu’en campagne et à la descente des podiums, il était tel Iggy Pop après les concerts : « après une bonne suée, une petite au bout ». Une saillie, si j’ose écrire, tout apocryphe, digne de ces feuilles de chou à scandales du genre Canard enchaîné auxquelles le bon peuple n’accorde aucune crédibilité. Mais si tant était que le politicien en campagne goûterait le repos du guerrier, croit-on que ce soit des militant·e·s Umpy-Dumptystes ayant quarante ans de cotisations (depuis l’UNR ou le RPR peut-être) qui s’offrent au futur vainqueur ? De jeunes chargé·e·s de mission des collectivités territoriales ? Qui iraient raconter partout les prouesses, défaillances ou idiosyncrasies sexuelles du candidat futur élu ? Si on peut compter sur la discrétion des journalistes poussant la recherche de l’exclusivité jusque sur l’oreiller, mieux vaut avoir à faire avec des professionnel·le·s. De toute façon, cela n’entre pas dans le budget de campagne déclaré à la commission ad hoc, mais c’est toujours les mêmes qui règlent l’addition. Alors, pourquoi se gêner ? Et au cas où le ou la pro regimberait, on dispose des moyens de faire embastiller. Élégant !

La solidarité gouvernementale à l’égard de Frédéric Mitterrand n’est pas, que l’on sache, à sens unique. Nous avons là un individu qui trouve déplacé qu’on lui reproche d’avoir recours aux services de quarantenaires pour satisfaire ses urgences ou particularismes libidinaux et qui trouve normal de les taxer et de les envoyer à l’ombre par la suite. Et pourquoi ne pas carrément leur trancher la gorge après usage ? Pourquoi se gêner ? De toute façon, on sort couvert ! Couvert par la solidarité de MAM, Lagarde, Pécresse, Bachelot-Narquin, Kosciusko-Morizet, Létard, Amara, Yade, Idrac, Morano, Jouanno, Berra, Penchard, et de quelques autres copines que je ne nommerai pas tant qu’elles n’iront pas crier sur les toits leurs penchants pour la masculinité. Tout le monde, y compris les homos, lesbigays ou autres, a droit à l’indifférence, mais il se trouve que, quand on est membre d’un gouvernement, il faut avoir le courage de ses choix.

En ne démissionnant pas, après ce rappel, Frédéric Mitterrand assume. On peut admettre que, lorsqu’il a accepté son portefeuille, il aurait oublié le « détail » de la criminalisation de l’activité prostitutionnelle.

Cette histoire est certes farce, mais on oublie un peu trop les dégâts de la politique des gouvernements successifs. La solidarité gouvernementale, pas plus que l’onction et les indulgences de Jean Sarközy, futur prix Nobel d’économie, futur archevêque des Gaules, en attendant plus et mieux (Léonid Brejnev était bien Premier journaliste de la CCCP, pourquoi se gêner ?), ne doit pas faire oublier à chacune et chacun qu’il pourrait y avoir des comptes à rendre. Ce n’est pas parce que la déstalinisation s’est faite à la Khrouchtchoff que la désarközysation se fera de même. Francis Mitterrand, en restant au gouvernement, devient infréquentable, hormis de la part d’affidés, inféodés et stipendiés qui, il devrait le savoir, font souvent preuve d’une totale ingratitude lorsque la roue a tourné. Sa méthode à la Ponce Pilates le maintient sans doute en forme et nourri-logé, mais pas vraiment blanchi. Et même durablement sali. Micheton contrit, honteux, penaud, il devient en sus fourbe et sournois. Bref, l’alibi parfait du Front national, le compagnon naturel d’un de Villiers, et de quelques autres. Il ne restera plus qu’à faire aussi entrer Marine Le Pen au gouvernement pour parachever l’ouverture, un Mitterrand, on l’aura compris par avance, ne mouftera pas ! Embrassons-nous, Folleville ! À cette nuance près que ce n’est même pas du Labiche. À cette triste affaire, on peut donc sans tarder préférer la compagnie des Monty Python puisqu’en France, la tartufferie ne fait plus ni rire, ni pleurer tellement elle apparaît pour ce qu’elle est : dérisoire, à l’image du ministre de la « Culture ». Ou doit-on déjà écrire, sans jeu de mots facile, du sinistre du ministère de la « Culture » ?