L’impopularité de Sarkozy devrait donner des ailes à la gauche, et pourtant, on constate que le Parti socialiste a bien du mal à convaincre. Sans doute le manque flagrant d’idées nouvelles et l’absence d’un leader incontesté sont autant de handicaps. Mais, à chaque fois que la gauche émet des réserves sur la politique du gouvernement, la droite renvoie les socialistes à la période Mitterrand.

Dans son livre « la gauche est-elle morale ? », l’historien Christophe Prochasson met la gauche face à ses errements passés. L’époque mitterrandienne fut à cet égard édifiante. La façon de gouverner en monarque, les écoutes téléphoniques, les intrigues, les secrets d’état ont été l’apanage de cette période qui voyait la gauche au pouvoir pour la première fois de la 5ème République. Mitterrand avait sans doute la stature d’un chef d’état, mais il y a beaucoup de choses à lui reprocher du point de vue moral.

Il n’en faisait qu’à sa tête et c’était déjà l’époque des courtisans. Nommer Bernard tapie comme ministre a été une erreur monumentale.

On a l’impression qu’on pourrait pardonner plus facilement à la droite qu’à la gauche. Rappelez-vous le prêt sans intérêts d’un million de francs qui précipita la chute de Bérégovoy. La fréquentation d’un homme de gauche avec les milieux d’argent paraît plus incongrue car les valeurs historiques de la gauche sont « le désintéressement et la distance vis-à-vis de l’argent ».

Christophe Prochasson distingue une attitude morale d’une "compensation moraliste", dont Ségolène Royal fut "la représentante la plus caricaturale". (Source : lemonde.fr)

Le parti socialiste traine ces contradictions comme un boulet et le train de vie de Dominique Strauss-Kahn ne fait rien pour arranger les choses. S’il était élu en 2012, ce serait en partie aussi par la droite car la gauche prolétarienne ne se reconnaît pas en lui. C’est un grand bourgeois comme Mitterrand.

Le Parti socialiste, s’il veut retrouver le chemin du pouvoir, devra s’affranchir de ses vieux démons et retrouver les vraies valeurs du socialisme. On parle bien de gauche caviar et non pas de droite caviar. Peut-être que les femmes et les hommes de gauche devront être plus vertueux. C’est en tout cas ce que souhaitent les électeurs de gauche.