Le microcrédit a beaucoup été décrié ces dernières années : soumis à une croissance trop rapide, il a été l’objet de dérives provoquant maintes situations de surendettement. Pour autant, certains continuent de défendre le recours au microcrédit, à condition que l’esprit social dans lequel il a été conçu soit respecté.
Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix, prêche avec ferveur le recours à son modèle économique, mais rappelle qu’il doit rester à but non lucratif pour ne pas être dévoyé. L’application de taux trop élevés et la commercialisation de la microfinance détournent les prêts de leur objectif initial qui doit être social avant tout. L’introduction d’une institution de microfinance en bourse, comme cela fut le cas en Inde ou au Mexique, est une aberration à ses yeux.
Ainsi, nombre de pessimistes ont prophétisé la disparition du microcrédit alors que ces institutions sont les piliers d’un modèle économique viable du moment qu’elles intègrent une logique d’entrepreneuriat social (initiative privée dont la finalité sociale est supérieure ou égale à la finalité économique). Elles constituent peut-être même bien un moyen de contribuer au développement des pays pauvres via le financement de microprojets.
Il n’y a qu’a observer quelques exemples d’institutions de microcrédit dont le fonctionnement s’est révélé tout à fait sain jusqu’ici, et dont l’existence à permis à nombre de projets de se réaliser. PlaNet Finance est un des premiers exemples qui vient à l’esprit : entité du Groupe PlaNet Finance, cette organisation de solidarité internationale a été créée en 1998 et mène chaque année une centaine de programmes en collaboration avec plus de 200 institutions de microfinance (IMF) qui soutiennent approximativement 4 millions de clients.
Pour étendre la sphère de la microfinance, jusqu’ici réservée aux experts et aux détenteurs de fonds, PlaNet Finance a conclu un partenariat avec MicroWorld, plateforme internet fondée par Alexandre Allard. Ce site a pour vertu principale de rendre accessible à tous la possibilité de soutenir l’entreprenariat dans les pays en voie de développement, ceci en relayant les projets de micro-entrepreneurs signalés par les institutions de micro-finance implantées dans les différents pays. Les différents projets sont recensés et illustrés par des photos, un peu comme sur facebook, laissant au prêteur le choix du projet qui lui plaît le plus.
Le prêt reste un prêt car l’emprunteur est tenu de rembourser la somme engagée dans un délai de 6 à 18 mois. Il n’est donc pas question de faire la charité mais de permettre à un micro-entrepreneur de développer son projet dans un esprit de dignité. Néanmoins, le prêt est à taux zéro, ce qui évite les situations de surendettement, souvent à la source d’une dégradation des situations de pauvreté que le prêt était censé améliorer.
Une initiative qui promet de beaux jours au microcrédit, démentant les sombres prophéties de ses détracteurs.