Le guitariste Mickey Finn nous a quitté le 1er février 2013. Dans les médias français, l’information n’a pas vraiment été relayée… Pourtant, après avoir côtoyé des pointures comme Chuck Berry, Jimmy Page ou Jeff Beck (liste non exhaustive), c’est bien au pays du camembert que ce londonien a exercé une partie de sa carrière, enflammant avec sa guitare tranchante et chaude comme la braise les disques de Nino Ferrer, puis de Jacques Higelin… Mais il est vrai qu’en matière de musique -et tout particulièrement quand il s’agit de rock- la France cultive depuis longtemps un chauvinisme de bon aloi frôlant la surdité ; aussi, ne nous étonnons pas. Retour sur un parcours qui vaut le détour, histoire d’un homme qui avec sa guitare décrochait les étoiles… Vas-y Micky !

 

Michael Waller, d’origine irlandaise, voit le jour à Londres le 3 mars 1947. Il n’a que treize ans lorsque, durant l’été 1961, il débute sa carrière de guitariste sur la scène londonienne du mythique Club ’59, au sein d’un combo instrumental, The Strangers.


En 1963, après avoir fait la connaissance du batteur homonyme Michael Waller (également surnommé Micky), il délaisse son vrai nom et adopte le pseudo de Mickey Finn. La même année il forme Mickey Finn and the Blue Men. En 1964, après un premier essai discographique, Mickey Finn & the Blue Men raccourcit son nom en Mickey Finn. Produit par Shel Talmy (génial producteur des premiers disques des Kinks et des Who), Mickey Finn enregistre alors plusieurs single, dont « In The Garden Of My Mind » (1967), un titre qui sera plus tard inclus dans la mythique compilation Nuggets II. Après avoir partagé l’affiche avec les Stones, les Kinks et les Who, le groupe se sépare…

 

Mickey reprend son vrai nom, car entre-temps un autre Micky Finn est devenu plus connu que lui : le percussionniste de T. Rex -qui serait d’ailleurs un cousin irlandais éloigné. Sous le nom de Micky Waller, il collabore avec le joueur de tabla Sam Gopal, puis part en tournée avec Jeff Beck, avant de rejoindre en 1971 les Heavy Metal Kids, bande de déjantés précurseurs du punk londonien…

 

Dans un club de St Tropez, il fait la connaissance de Nino Ferrer, alors en pleine remise en question artistique. Nino vient de publier un album franchement trop en avance :« Métronomie ». Entre les deux compères, c’est le début d’une solide amitié et d’une longue collaboration… Mickey ramène avec lui la rythmique des Heavy Metal Kids -soit Ron Thomas et Keith Boyce. Renforcés par Brian Johnston (au piano) et Giorgio Giombolini (à l’orgue), ils enregistrent « Nino Ferrer & Leggs » (1973), un superbe album injustement méconnu. Le guitariste y brille de bout en bout, incisif et inspiré. Désormais, sur les pochettes de Nino Ferrer, il ne sera plus crédité Mickey Finn, mais Micky Finn. A suivre…

 

De passage en Angleterre, Micky Finn rejoint en 1975 le All Stars de Steve Marriott (ex-Small Faces). Il participe également à l’album de Murray Head « Say It ain’t So ». Puis il forme les Fallen Angels : est-ce un signe ? le van du groupe se crash sur la route de leur premier concert…

 

Sa collaboration avec Nino Ferrer continue : en 1977, Micky est présent sur plusieurs titres de « Véritables Variétés Verdâtres » -notamment « Valentin », où il décroche un splendide solo. En 1979, Micky Finn, Ron Thomas, Keith Boyce et Brian Johnston (soit les Leggs au complet) viennent à la rescousse de Nino pour l’enregistrement de « Blanat » -encore un album trop injustement méconnu. Un des titres, « Fallen Angels », est entièrement écrit par Micky Finn -qui s’illustre avec fulgurance à la guitare tout au long du disque (citons « L’Arbre Noir » et son magnifique solo rageur).

 

En 1980, Micky participe à l’album « La Carmencita » : dans un des titres (« La Maison Tontaine et Tonton »), Nino Ferrer évoque pour la première fois son pote Micky au détour d’un couplet. Dans son album suivant, « Ex Libris » (1982), Nino rend hommage à son guitar-hero fétiche à travers la chanson « Micky Micky »…

 

Dans une interview accordée en 1991 aux « Inrockuptibles » (n° 30), Nino Ferrer évoque son Micky  : «  Il avait joué avec tout le monde, les Pretty Things, les Stones, les Small Faces, Electric Banana… Avec lui ça a été une grande aventure, il m’a beaucoup marqué. Nous sommes restés amis, je l’aime très très fort. Il m’a beaucoup apporté, c’est un frère (…) C’est le genre de type qui me téléphone bourré d’un bar d’ Hambourg à six heures du matin pour me dire qu’il pense à nous et qu’il nous aime. Un vrai bohémien, un gitan… Il pourrait être aujourd’hui le guitariste des Stones, mais il est trop destroy. Il n’a pas de maison, pas de fric, pas de vêtements. Si tu travailles avec lui tu dois lui prêter ta guitare, ton ampli… Il explose ton ampli, fout ta voiture dans le fossé, vide ton frigidaire, met le feu à ta maison. Quel mec génial ! »

 

En 1993, Micky Finn et Nino Ferrer se retrouvent pour l’enregistrement de « La Désabusion » : sur cet album, en plus de jouer de la guitare, Micky signe la musique de « Notre Chère Russie » et co-écrit « Blues En Fin Du Monde ». Le titre qui clôt l’album, « L’ Année Mozart » (adaptation de La Marche Turque), donne à Nino l’occasion de mentionner une nouvelle fois son guitariste favori (« Si Mozart avait connu Micky, ils auraient bu beaucoup de whisky ») et se termine sur un dialogue entre les deux amis… La même année, dans l’album de Nino Ferrer & Cie (« La Vie Chez Les Automobiles »), Micky chante « Amar’s Bar » -une chanson qu’il co-signe avec Diane Veret.

 

Parallèlement à sa collaboration avec Nino, Mickey Finn travaille avec Jacques Higelin. En 1979, il apparaît sur les albums « Champagne (pour tout le monde) » et « Caviar (pour les autres) », où il joue de la guitare sur plusieurs titres et compose les musiques de « Mama Nouvelle Orléans » et « Captain Bloody Samouraï ». Compagnon de scène du grand Jack, on peut également l’entendre sur le live « Higelin à Mogador » (1981) et sur « Higelin ’82 », où il promène sa guitare et compose au passage la (trop cool) musique de « Encore une journée d’ foutue ».

 

A la fin des années 90, Mickey remet sur pied une nouvelle mouture de Mickey Finn & the Blue Men -le plus souvent en compagnie de Alain Gouillard (alias Merlin) à la batterie et de Laurent Saligault à la basse. Mickey Finn & the Blue Men enregistrent un album (« Black Hole » en 1999) et un EP (« Go Clean » en 2004). A partir de 2004, il forme avec sa compagne (la bassiste et chanteuse Joane Calice) le duo Mickey Finn & Jo’ -qui publie en 2010 l’album « Lucky Like That ».

 

Le 1er février 2013, atteint d’un cancer de la gorge, Mickey Finn nous a quitté.

Encore une journée de foutue…

 

 

Mickey & Jo’

 

 

 

« Micky Micky »

(paroles & musique : Nino Ferrer)

1982

 

 

Micky m’a dit: " Nino, file-moi donc 500 balles

J’ai mal aux dents, je vais me soigner, ça fait très mal "

Puis il s’en est allé dans le premier bistrot

Avec 83 copains, pour boire un pot.

 

Quand il est ressorti, guéri du mal aux dents

Il avait mal au coeœur et c’était pas marrant

Alors on est allé boire un dernier godet

Et quand on s’est quitté, c’est moi qui étais bourré.

 

Micky possède en tout 218 voitures

Quelques-unes ont fini dans le dépôt d’ordures

Certaines ont disparu, mystérieusement volées

Et les autres ont pris feu: combustion spontanée.

 

Il a démoli la voiture, il a défoncé la toiture

Mais quand il joue de la guitare il assure

Il a claqué tout notre argent, il a bu le désinfectant

Mais quand il gratte son instrument, il se défend.

 

C’est Micky

Micky Micky Micky Micky Micky Finn.

Hey Micky

Micky Micky Micky Micky Micky Finn.

 

Higelin a dit: " Micky, répétition ce soir

Il est très important que tu ne sois pas en retard "

Micky a dit: " D’accord mon pote, je serai là "

Et puis il est parti trois semaines au Canada.

 

C’est Micky

Micky Micky Micky Micky Micky Finn.

Hey Micky

Micky Micky Micky Micky Micky Finn.

 

J’ai rencontré Micky tout à fait par hasard

Ou c’était dans une boîte, ou c’était dans un bar

Mais quel que soit l’endroit, je suis sûr qu’il y avait

Du vin, de la musique et beaucoup d’amitié.

 

Il a vidé le frigidaire, il a fini l’herbe et la bière

Oui mais sur sa Stratocaster, quel enfer !

Il a fait sauter mon ampli, il a mordu la dame-pipi

Mais quand il joue le blues en mi : c’est Micky

 

 

 

 

http://ludochem.free.fr/mpbell%20micky%20finn.htm

 

 

discographie (sélective) :

 

 

MICKEY FINN & the BLUE MEN

1964 – Tom Hark / Please Love Me (single)

1964 – Pills / Hush Your Mouth (single)

1999 – Black Hole (album)

2004 – Go Clean (EP)

 

THE MICKEY FINN

1964 – Reelin’ And Rockin’ / I Still Want You (single)

1965 – The Sporting Life / Night Comes Down (single)

1966 – I Do Love You / If I Had You Baby (single)

1967 – Garden Of My Mind / Time To Start Loving You (single)

 

HEAVY METAL KIDS

1974 – Heavy Metal Kids : Micky joue sur tout l’album. 

 

STEVE MARRIOTT

1976 – Marriott 76 : Micky joue sur cinq titres de l’album, dont « East Side Struttin’ » signé Micky Finn / Steve Marriott.

 

PHIL MAY

1978 – Phil May & the Fallen Angels (album)

 

ELECTRIC BANANA

1978 – The Seventies (album)

 

MURRAY HEAD

1975 – Say It Ain’t So (album) : Micky joue sur « Boy On The Bridge », « Someone’s Rocking My Dreamboat », « She’s Such A Drag », « Don’t Forget Him Now » et « You’re So Tasty ».

 

NINO FERRER

1973 – Nino Ferrer & Leggs : Micky joue sur tout l’album

1977 – Véritables Variétés Verdâtres : Micky joue sur trois titres : « Mashed Potatoes », « Valentin » et « On passe trop de temps ».

1979 – Blanat : Micky joue sur tout l’album -dont le titre « Fallen Angels » (paroles et musique : Micky Finn).

1980 – La Carmencita : Micky sur tout l’album.

1986 – 13ème Album : Micky sur un titre : « Sigaro Blu ».

1993 – La Désabusion : Micky sur tout l’album. Deux titres sont signés Nino Ferrer/Micky Finn : « Notre Chère Russie » et « Blues En Fin Du Monde ».

1993 – La Vie Chez Les Automobiles : Micky chante et joue de la guitare sur « Amar’s Bar », (signé Micky Finn/Diane Veret).

 

JACQUES HIGELIN

1979 – Champagne : Micky joue sur « Captain Bloody Samouraï » et « Tête en l’air ». « Captain Bloody Samouraï » est signé Higelin/Micky Finn.

1979 – Caviar : Micky joue sur « Mama Nouvelle Orléans », « Ci-Git Une Star », « Avec la rage en d’dans », « Beau, Beau Ou Laid » , »Rappelle-Moi » et « On A Rainy Sunday Afternoon ». « Mama Nouvelle Orléans » est signé Higelin/Micky Finn.

1980 – La Bande du Rex (Bande Originale du film) : Micky sur tout l’album.

1981 – A Mogador : Micky sur tout l’album.

1982 – Higelin ’82 : Micky joue sur « Encore une journée d’foutue », « Nascimo », « Lobotomie / Autonomie » et « La ballade de chez Tao ». « Encore une journée d’foutue » est signé Higelin/Micky Finn.