Nombreux se sont fait  des gorges chaudes avec « Erdowie Erdowo Erdogan », le clip du germanique Jan Böhmermman livrant en pâture le père fouettard turc : son goût démesuré pour le bling bling, son autoritarisme, sa mainmise sur tous les rouages de l’Etat, son accointance avec Daech, etc. Un crime de lèse-majesté que le sultan a dû encaisser de force car toutes ses remontrances réunies se sont avérées caduques face aux droits inaliénables découlant de cette liberté d’expression élevée parfois au rang  de sacralité ultime.

Après avoir pris goût à ce punching ball à succès, l’humoriste s’est lancé dans la surenchère à ses risques et périls, histoire de tester la limite entre satires et diffamations. Il faut reconnaître qu’avec modernité qui rime désormais avec insolence, nombreuses valeurs sont en perte de vitesse comme par exemple le respect envers des personnalités ou autres, synonymes de symboles, peu ou prou, sacrés . Audience, rentabilité à tout prix sont devenus les maîtres mots pour une bonne communication et la boite de Pandore qui s’ouvre !

Loin d’être l’apanage des humoristes,  cette recette fait le bonheur de carriéristes de tous bords dont une journaliste « sexy et virevoltante »  prompte à se mordre la main à chaque « contrariété », à substituer  le familier au soutenu face au président de la République himself, le faisant presque passer pour un plaisantin !

Sauf que poussés à l’extrême, les défis de l’émulation par ce pseudo-sport intellectuel finissent par priver même du rire jaune jusqu’à rebuter. A l’inverse de son clip hilarant, Jan Böhmermman par excès de zèle a fini par basculer dans un registre peu glorieux traitant Erdogan « de pouilleux, pédophile, zoophile, pervers », et d’autres noms d’oiseaux !

Issue de la famille Charlie, la chancelière a quand même eu le courage de qualifier « d’insultant » ce sketch se mettant à dos toute cette frange de la population toujours prête à faire bien pire que ce qu’elle reproche à son ennemi. Angela Merkel est allée encore plus loin donnant  son autorisation pour que puissent être engagées les poursuites pénales contre l’humoriste qu’ Ankara a exigées.

Entre la crise de migrants devenue variable d’ajustement pour gouvernements décriés, l’attachement à des principes qui font honneur à une démocratie , « la dame de fer » a su composer d’autant qu’ en ce moment entre Ankara et Berlin « c’est passe moi la salade, je t’envoie la rhubarbe »…Une posture de la chancelière qui loin de faire l’unanimité la place sous un feu nourri de critiques.

Selon la loi allemande, l’humoriste encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour insulte contre chef d’Etat étranger. Le Parquet allemand prend en charge la suite de cette histoire, dernière sans doute du genre car l’article à l’origine de cette procédure sera bientôt supprimé pour le plus grand bonheur des opportunistes de ce siècle…