Sous l’égide des ministères de la Santé et de l’Environnement, un comité de pilotage chargé de lutter contre les molécules médicamenteuses présentes dans notre eau du robinet et nos rivières, rendra ses propositions dans quelques jours.
Après lecture du projet de plan d’action établit par les pouvoirs publics, on peut déjà affirmer que ce comité accouchera d’une souris. Gare à l’effet cosmétique ! Tous les pays occidentaux sont confrontés à la contamination des eaux potables par des médicaments. En France, « lorsque qu’on recherche des résidus de médicaments dans les eaux, on retrouve le plus souvent de la carbamazépine, un anti-épileptique très persistant dans l’environnement. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a également mis en évidence la présence d’anticancéreux » rappelle Marie Favrot, directrice de la Direction d’évaluation des risques nutritionnelles et sanitaires de l’Afssaps, sur 20minutes.fr.
Ces anticancéreux font partie des substances les plus inquiétantes – car elles sont destinées à détruire des cellules – devant les résidus de paracétamol et d’antidépresseurs que l’on détecte dans nos rivières. Autre motif d’inquiétude : la présence accrue dans nos cours d’eau et notre eau du robinet de traces d’antibiotiques qui pourraient accroître notre résistance aux traitements à long terme.
Mais ce qui préoccupe le plus les experts réunis à Paris en Juillet 2009 par l’Office nationale des milieux aquatiques, c’est la face immergée des résidus médicamenteux dans notre eau. Ces derniers s’inquiètent des lacunes dans les contrôles et mesures effectuées sur l’eau du robinet et des rivières : « 25% des études portent sur 10 molécules et peu d’analyses ou d’études sont menées sur les médicaments vétérinaires » ou les boues d’épurations. Par ailleurs, ces derniers notent la nécessité d’investiguer les effets induits par les cocktails de médicaments liés aux mélanges http://www.come4news.com/administrator/index2.php?option=com_content&task=edit&hidemainmenu=1&id=31397de différentes molécules médicamenteuses dans l’eau.
Réductions à la source : un remède illusoire
Face à cette réalité, que propose la feuille de route du Ministère de la Santé ? De mettre en place une « action de contrôle et de réduction des émissions de médicaments. » Certes, des actions à la source peuvent être utiles pour rationnaliser la gestion des déchets rejetés par les hôpitaux. Mais la majeure partie des résidus médicamenteux polluants sont issus des organismes vivants qui rejettent (par les scelles et urines) 50% à 90% des molécules médicamenteuses consommées. Comment le Comité luttera-t-il contre les rejets liés à nos organismes ? En incitant le français – quatrième consommateur mondial de médicaments – à diminuer le recours aux médicaments ? On voit pourtant mal comment les médecins pourraient s’abstenir de prescrire des médicaments. Ou comment les éleveurs pourraient cesser de soigner leurs bêtes malades.
En se contentant d’examiner les solutions de réductions à la source, le ministère restreint considérablement le champ de proposition du Comité de pilotage. D’autres solutions pourraient être débattues ou examinées. Les stations d’épuration épargnéesLa première solution consisterait à traiter séparément les eaux d’évacuations issues de nos toilettes. Cela nécessiterait de révolutionner le système de gestion de notre eau, ce qui peut s’avérer très coûteux et long. La seconde solution, plus réaliste, consisterait à investir dans les stations d’épuration. Cela passerait d’abord par un effort sans précédent d’investigation des traces de résidus médicamenteux dans l’eau du robinet et les rivières. On sait que ces stations actuellement incapables de filtrer ces micro-résidus que l’on retrouve dans l’eau du robinet. Plusieurs équipes de chercheurs à Lyon et au Canada travaillent sur le sujet.
Leurs travaux auraient mérités d’être explicités ou débattu dans le cadre du Comité de pilotage. Mais il est vrai qu’améliorer la qualité des stations d’épuration «ça a un prix. Et il faudra convaincre le contribuable de payer » nous rappelle Claude Champredon, de l’association France Nature Environnement. Le comité de pilotage – qui réunit aussi des acteurs éclairés de l’environnement, issus des associations de consommateurs et des organisations écologistes – aura t-il le courage de préconiser un plan d’investissement ambitieux pour améliorer les techniques de retraitement des eaux usées ? Il reste à espérer que des associations comme France Nature Environnement, les Robins des Bois, WWF ou l’UFC Que Choisir, qui participent au Comité de pilotage, auront assez de lucidité pour ne pas se laisser enfermer dans un débat qui occulte les véritables solutions.
*(1) Les rejets hospitaliers, page 6, Sylvie ZINI, Hugues MODELON, Carole CATASTINI, Marie TEYSSANDIER, Estelle WESTERBERG, Jean-Nicolas ORMSBY. Agence Française de sécurité sanitaire de l’environnement et de la santé, Département santé environnement, Unité eaux et agents biologiques.
Le constat est troublant. Il parait que l’eau des rivières et de l’océan est chargé d’hormones….féminines à tel point que des espèces changent de sexe…
Quelle est la durée de vie de ces produits?Quelles sont leurs interactions?
Il est clair que ces produits mettent en péril si pas le devenir de l’humanité et de nombreuses autres espèces…
Inquiétant cet article d’autant que je bois que l’eau du Robinet
Mieux vaut tard que jamais…je n’avais pas vu les commentaires!
@libertinus : le problème justement c’est que c’est le flou artistique sur ces questions et j’ai l’impression que pour ne pas semer la pagaille les autorités concernées font plutôt profil bas à tort ou à raison d’ailleurs : j’ai discuter avec des amis qui m’ont dit très clairement qu’ils préféraient ne pas être au courant, ça m’a beaucoup surprise quand on est conscient comme vous des enjeux que cela représentent pour notre écosystème.
d’autres infos ici : http://www.inise.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=82&Itemid=124
@Eleina : oui moi aussi…mais plus maintenant
Merci pour vos contributions
Best regards,
Elsa
Effrayant