Non, la population de l’État du Vatican n’a sans doute pas fortement varié entre 2008 et 2009, mais, paraîtrait-il, le nombre des « catholiques » aurait mondialement progressé de 1,3 % entre ces deux années. Une information à prendre… avec du recul. 

Lu dans la presse qui reprend une dépêche de l’AFP : « Le nombre de catholiques a légèrement augmenté dans le monde en 2009, passant de 1,166 milliard de baptisés en 2008 à 1,181 milliard en 2009, soit une hausse de 1,3%… ». Source, le Vatican et l’église catholique et apostolique romaine, donc.

Tous les titres français qui ont repris, brut de décoffrage, ce communiqué du Vatican traité par l’AFP se sont bien gardés de faire la distinction entre les catholiques romains et les autres. Or, dans certains pays de divers continents, la nuance est d’une taille difficilement estimable, laborieusement recoupable. Coupable de présenter tous les catholiques comme des catholiques romains, le Vatican ? Ou ne serait-ce point la presse qui va vite en besogne, par ethnocentrisme ? Aux Indes, les catholiques syriaques, et ce n’est qu’un exemple, sont une minorité qui, semblerait-il, croît sans doute aussi vite que la population indienne. Je ne m’avance pas sur ce point, mais l’hypothèse n’est pas farfelue. Les sources vaticanes se fondent sur les baptêmes recensés. Fort bien. On le sait, dans le monde profane, le pouvoir temporel est plutôt prompt à gonfler les chiffres de population, surtout si des subventions et aides en dépendent. Pour le catholicisme romain, ses diocèses et évêchés, je ne sais. Pour être prêtre, on n’en reste pas moins humain.

De quels catholiques baptisés s’agit-il au juste ? La presse ne nous renseigne guère et c’est ma première remarque. Assimiler des coptes à des catholiques romains, ce serait aller un peu vite en besogne.

L’information n’est guère replacée dans un contexte plus général. Certes, si le nombre des baptisés communiqué par le Vatican à la presse est un nombre exact, on ne peut guère le confronter à des estimations portant sur la même période, car il ne s’agit pas des mêmes données. Cependant, aucun titre de presse n’a eu la curiosité de relever que, pour la même année, l’Institut national d’études démographiques (Ined) français avait diffusé des chiffres estimatifs de population mondiale. Le taux de mortalité aurait été de 8, celui de natalité de 20. La population mondiale fin 2009 est estimée à 6,81 milliards d’individus, dont, selon le Vatican, 1,181 milliard de baptisés.

Cette croissance, mais je ne saurais l’établir, est sans doute faible en regard de la croissance des baptisés chrétiens,  au sens large, des circoncis musulmans, et peut-être des agnotisques, théistes, athées, &c. Lesquels sont rarement recensés à la naissance ou l’adolescence (périodes de la majorité des baptêmes catholiques, hormis chez les hérétiques arianistes ou anabaptismes catholiques qui pourraient subsister). De plus, considérer que les baptisés font toujours partie d’une église chrétienne à l’âge adulte, c’est pour le moins, par rapport à d’autres données démographiques (recensements généraux de population, pour lesquels la question de l’appartenance religieuse est posée ou non selon les pays), insolite.

 

La présentation de l’église catholique romaine par la presse française doit toujours être prise avec des pincettes, en particulier lorsqu’il n’est question que de la France. La reprise, sans mise en contexte, de la dépêche de l’AFP en est un nouvel exemple. Le lectorat un peu pressé conclut inévitablement que le catholicisme romain ne se porte pas si mal mondialement. La réalité, qui me reste inconnue, est peut-être tout autre.

Comment encore établir que la majorité des Françaises et des Français sont des chrétiennes et des chrétiens ? À partir de quelles données provenant de quelles sources au juste ? Au moment où l’UMP veut lancer un débat sur l’Islam en France, il convient de se poser aussi ce genre de question.