A la télévision, il ne fait pas bon critiquer les annonceurs. Si la censure politique n’existe plus, la censure économique est plus active que jamais. Ainsi la chaine M6 n’a-t-elle pas dû déprogrammer une enquête sur les coulisses de la restauration rapide.

Début 2009, une agence de presse vend à la chaîne ce film dont la première partie montre que certains restaurants n’offrent pas toujours des produits irréprochables.

L’enquête est menée en caméra cachée, et l’on découvre que les hamburgers qui ne sont pas vendus en 10 minutes ne sont pas jetés malgré ce que dit MacDo.

Chez le franchisé qui a été filmé, ils sont encore vendus 4 heures après leur fabrication. Des étiquettes qui mentionnent la date de péremption sont remplacées une fois cette date passée.

Lorsque les journalistes montrent ces images à MacDonald’s, c’est la crise. La firme américaine exige de M6 la livraison du film et de tous les rushes tournés en caméra cachée ou il menace d’un procès. Certaines images du film seront donc coupées, comme cette séquence où un employé raconte que les croque-monsieur sont appelés « disques durs » quand ils ont trop attendus avant d’être vendus.

Après moult discussions, il sera décidé de tourner d’autres séquences chez d’autres franchisés.

Au dernier moment, la direction de M6 exige la suppression des images concernant MacDo et KFC. Et finalement, il sera décidé de ne pas passer le film. M6 préfère perdre 70 000 euros que de perdre un tel annonceur. La presse écrite dépend aussi des annonceurs, on sait que le prix de vente d’un journal n’est qu’une petite part des recettes.

La vraie indépendance des médias ne passe-t-elle pas par un service public sans publicité ?

A lire sur telerama.fr un article sur la nouvelle censure