Un duplicata de ma dernière carte bancaire s’étant, paraît-il, aventuré jusqu’en Thaïlande, alors que je me trouvais à quelque mille (ou davantage) kilomètres de là, j’ai – une unique fois n’est pas coutume, mais peut-être le début d’une saine habitude – consulté mon relevé bancaire en ligne. Rien d’exotique ou d’asiatique de décelé, mais une « réduction » de 12 euros bien de chez nous. À l’insu de mon plein gré,  certes, mais très légalement, d’un fait d’une ignorance et désinvolture savamment « agencée ».

J’avais, naguère, vanté, ici et sur d’autres sites, les avantages de la Bahn Card, de la Deutsche Bahn, les chemins de fer allemands, pour qui voyage dans les pays limitrophes (dont la France, la Suisse, la Hongrie, &c.). Oui, mais voilà… Alors que je ne parle aucunement l’allemand hormis quelques expressions laissées en voix originale dans des films, j’avais signé des conditions générales voulant que l’abonnement était automatiquement renouvelé. Recevant de la Deutsche Bahn un premier (fin 2008), puis un second ordre de virement – rédigé en allemand – que je soupçonnais être permanent, je les ai ignorés. Voici quelques semaines je recevais une courtoise lettre – en français – d’un cabinet de contentieux… belge. J’ai bien sûr alerté les services d’aide aux consommateurs de la Commission européenne, et s’ensuivit un échange de courriels. Remarquez que la Deutsche Bahn dispose bel et bien d’un bureau parisien, mais la Bahn Card (équivalente aux cartes de réduction de la SNCF) leur est totalement étrangère. Il paraît qu’il fallait résilier l’abonnement via le site de la Deutsche Bahn… Après diverses tentatives, en consultant les interfaces (en français, anglais et espagnol), du et des sites DB Bahn, je n’ai absolument pas trouvé la marche à suivre pour ce faire, en dépit des assurances stipulées dans un courriel…

Dans le cas des 12 euros qui m’ont été débités depuis sans doute deux mois, soit trois mois  (pensais-je) après avoir acheté un vol de la compagnie à coût bas (low cost) hongroise Wizzair, je ne peux sans doute pas arguer de ma méconnaissance du français. J’estime le parler légèrement mieux qu’un dénommé Sarközy de Nagy-Bosca, lequel sait aussi bien manier l’approximation, voire la contre-vérité, que József Vàradi, et ses pairs du pays de ses pères.

Or donc, dès que vous avez indiqué vos coordonnées bancaires via l’interface de Wizzair, cette compagnie vous propose de recevoir un à valoir, sous forme d’un chèque de dix euros, sur l’achat d’un nouveau trajet. Ce via le truchement d’un intermédiaire partenaire. Il suffit de cliquer pour vous inscrire sur le site Remisesetreductions.fr (l’adresse réticulaire remisereduc.fr fonctionne aussi). Or donc, vous vous inscrivez. C’est facile et… gratuit. Oui, mais pour 30 jours seulement.

J’ai, depuis cette inscription, effectué au moins deux trajets sur Wizzair, dans les deux mois ayant suivi, et jamais reçu le moindre chèque de Remises et réductions. Cette société promet avoir en portefeuille « 500 e-commerçants [qui] vous offrent des réductions cash back*, allant jusqu’à 20% du montant de vos achats », et se targue de vous faire profiter de multiples autres avantages dont une garantie de livraison (pour le dit chèque, je devrais la faire jouer a posteriori). Sur d’autres pages, on lit 600 sites commerciaux, certaines versions du site n’ont pas dû être mises à jour.

Remises et réductions, dont le site est supervisé par un directeur de la publication, Andrew Buckman, pourrait être une filiale ou un partenaire de  Incentive Networks LLC dont le siège est en Californie. Mais heureusement, si vous vous apercevez que votre compte a été débité, vous pouvez vous adresser au service clientèle, qui répond très vite. D’autant plus vite d’ailleurs, peut-être, que vous avez fait copie de votre courriel à votre banque (laquelle m’a répondu prestement : « Nous vous confirmons avoir bien reçu votre courriel adressé à [email protected] et vous assurons de tout mettre en œuvre pour vous apporter rapidement une réponse. »).

Il suffit de répondre sans ambages à ce service pour recevoir, presto, reconnaissons-le, voire quasiment illico, une confirmation de l’annulation de l’abonnement qu’on ne se souvient absolument pas d’avoir sollicité, ni d’ailleurs, aucunement d’avoir autorisé à prélever 144 euros annuellement, soit près de 1 500 euros par décennie (le jeune voyageur inattentif risque gros… s’il n’est très attentif).

Je ne me souvenais plus à quelle date j’avais accédé pour la première et unique fois au site Remises et Réductions. J’imagine qu’il a évolué car, en le fouillant un peu, j’ai découvert un avertissement cette fois explicite. C’est gratuit pendant 30 jours, puis 12 euros par mois. Et un rappel par courriel est effectué avant le premier mois de facturation.

J’ai, crois-je me souvenir, reçu effectivement des courriels provenant de ce site, et me vantant ceux de partenaires dont je ne sais s’ils doivent reverser des commissions ou des rétrocommissions si on consulte leurs sites, ou y effectue des achats (j’ai posé ce soir la question au service clientèle). Au bénéfice du doute, je veux leur accorder que j’aurais pu être distrait, mais il me semble que le courriel reçu n’était pas si évident à décrypter. En tout cas, une question se pose : peut-on se désabonner de l’envoi automatique de courriels tout en restant débiteur… à vie ?

Remises et réductions stipule : « Achetez autant que vous voulez et économisez jusqu’à 500 € par mois en vous inscrivant à Remises & Réductions ! Nous vous enverrons alors avec un décalage de quelques semaines un chèque mensuel (Achetez autant que vous voulez et économisez jusqu’à 500€ par mois en vous inscrivant à Remises & Réductions ! Nous vous enverrons alors avec un décalage de quelques semaines un chèque mensuel (votre «cash-back»*) tant que le montant total du remboursement dépasse 5 €. «cash-back»*) tant que le montant total du remboursement dépasse 5 €. ». Ce qui est sûr, c’est que le chèque de bienvenue ou celui consécutif à l’achat d’un, de nouveaux billets Wizzair ne m’est jamais parvenu… au bout de près d’un trimestre et même, mais oui, dix mois.

« Nos informations montrent qu’en date du 13/02/2010 vous avez effectué un achat sur le site WizzAir. »

Damned, mais c’est bien sûr. Voici donc près de neuf mois que mon compte (tenant celui des 30 jours d’adhésion gratuite, sans doute) est amputé d’un total de… aïe, près de 110 euros. Avantage ? Aucun que je sache ou aie pu constater.

Je vais en rester sans doute là. Je ne vais pas saisir le Centre européen des consommateurs d’Allemagne (sis à Kehl, disposant de locuteurs francophones). Juste leur signaler, pour information, cet article.

L’Europe, l’Europe… s’exclamait Charles de Gaulle. Au moment où la France – dans l’affaire  de l’association d’épargnants Afer – contrecarre toute class action (de la part des petits actionnaires)  et laisse un centre situé en Allemagne couvrir l’Hexagone et ses dépendances, il m’arrive d’être satisfait parfois qu’elle se soit faite. Je considère de fait Viviane Reding plus efficace que le pape catholique, évangélique et romain Benoit (Joseph Ratzinger) pour rappeler la France à l’ordre, quant aux modalités d’expulsion (Rroms et autres étrangers), et aux contrats qui les régissent (avec des sociétés privées). Cela n’a peut-être rien à voir, mais il serait peut-être grand temps de ne plus négliger les députés européens, de les saisir des questions de consommation aussi souvent et longtemps qu’il le faudra. Et puis, peut-être conviendrait-il d’inciter la presse à se pencher sur les pratiques de certains annonceurs, et au lieu de consentir des tarifs publicitaires avantageux aux défenseurs des chiens et chats et autres animaux, d’accorder un peu d’attention aux organismes qui empêchent que les consommateurs soient pris pour des ânes ou des moutons à tondre. Non ?