Martyr je suis né, martyr je mourai

 

Martyr, je suis né dans une case décoiffé vagissant des entrailles

D’une mère qui dans une mare de sang en travail se mourait

Martyr, à la décoction de la sève du figuier maudit

Ivrogne mon père m’allaita dans les steppes de la misère

Martyr, mes premiers pas furent sur de braises ardentes

Martyr, on me berça au fouet pour consoler mes peines

Martyr, mains et pieds aux baillons dans le désert aride

J’ai parcouru le vide à la quête d’un vain dieu

Martyr, j’ai vu sous mes yeux passer à l’autre

Le bonheur qui de tout droit me revient

Martyr, j’ai connu l’amertume du mal aimé sans issue

Au pied de la dulcinée qui s’ébat avec un autre

Martyr, on m’intima l’ordre de mourir mes pensées

Qui au fond de moi criait justice pour ma cause perdue

Martyr, la solitude et le silence dans la douleur furent mon lot

Martyr, dans l’agonie on me refusa le linceul pour mon deuil

Martyr, seule à la fosse commune j’aurai droit

Martyr je suis né, martyr je mourrai

 

4 réflexions sur « Martyr je suis né, martyr je mourai »

  1. waoh! quelle inspiration mon frère! l’article est encore plus poignant quand on se rend compte que finalement, le martyr ne laisse de trace que parce qu’il est un martyr, et que son souvenir ne vaut pas grand chose…justement parce que c’est un martyr.

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