L’université d’été du PS semble, déjà, avoir rendu un premier verdict, presque définitif, quant aux prochains résultats de la primaire du parti. Preuve en est la très faible marge de manœuvre, et les subterfuges presque dérisoires à la disposition de Martine Aubry pour espérer l’emporter.
En retard dans les sondages et prisonnière de son discours d’unité du parti Martine Aubry n’a qu’une faible marge de manœuvre pour enclencher la dynamique dont sa candidature manque, pour le moment, cruellement.
Et de fait là est certainement le triple grand enseignement des universités d’été du PS qui viennent de se clore.
Tout d‘abord l’offre programmatique entre les trois favoris des sondages (Hollande, Royal, et Aubry) étant si faible, il faudra faire la différence sur d’autres versants d’attaque. Car toute critique sur les propositions de l’un, en plus de vous faire passer pour l’agresseur, présente le risque de vous transformer en dénonciateur de votre propre manque de crédibilité.
Preuve d’un parti socialiste en difficulté tant le débat lui est nécessaire tout en étant propice à rouvrir toutes les blessures du passé. D’où la tentation, pour lui et ses candidats à la primaire de s’en tenir à un débat de convenance sans grande capacité décisionnelle quant à la réduction des écarts qui il y a actuellement entre les différents candidats.
Nouvelle preuve, s’il en fallait une, d’un parti faiblement ouvert aux propositions courageuses et originales : le fait que les deux candidats les plus singuliers (Arnaud Montebourg et Manuel Valls) restent ceux ayant le moins de chance de l’emporter.
Que faire alors pour l’actuelle maire de Lille ?
Là encore l’université d’été semble en avoir esquissé les contours.
Tout d’abord s’appuyer sur la fameuse « lettres aux militants » que Martine Aubry a adressée à un million de destinataires. Envoi qui, selon le camp Hollande se serait fait aux frais du parti, preuve, selon lui, d’une première secrétaire faisant sa campagne sur les fonds du parti.
Et bien lançant réellement sa campagne à l’occasion de ces université d’été, Martine Aubry s’est activée dans la coulisse pour que ce million d’interlocuteurs aille, personnellement, à la rencontre des français.
Dans le camp de l’ancienne ministre du travail et de la solidarité fleurit, même, l’idée de faire un nouvel envoi de cette lettre vers d’autres personnes, pour tacher, presque à la façon de l’emploi des réseaux sociaux sociaux par Obama, de créer une dynamique via une promotion faite de proches en proches.
Autre possibilité pour Martine Aubry : tâcher de s’adresser en priorité à des segments de populations réputées pour leur engagement citoyen de gauche. Ainsi l’a-t-on vu s’adresser aux catégories socioprofessionnelles du monde de la justice et de la culture.
Là encore il s’agit, certainement, de moyens politiques presque dérisoire, eu égard à son retard. Mais enferrée dans une primaire qui ne doit surtout pas être violente. Et bloquée par son propre discours appelant à l’unité et au débat qui devra tenir compte de l’impératif de réconciliation indispensable pour la présidentielle à venir, Martine Aubry semble bloquée.
A tel point qu’on peut se demander si cette primaire ne se déroulera pas sous un filet d’eau tiède tant les jeux semblent joués.
http://www.rfi.fr/france/20110828-ombre-portee-dsk-le-parti-socialiste
Anthony Rigot le 29-08-11