Pauvre téléviseur…

ou le téléviseur des pauvres

                                                                                                

   Marre des écrans plats…

 
  Cet objet, qui marque psychologiquement un progrès réel de la technologie audiovisuelle, est devenu la marque un passage obligé de la reconnaissance sociale. Si l’on dissocie les deux mots, le sens est perdu.
  D’abord, force est de constater qu’il n’existe rien d’autre en matière de téléviseurs dans les magasins. Chercher un ancien poste, bien volumineux, avec un écran bombé qui n’est pas strictement rectangulaire est impossible.
  Ensuite, le mot téléviseur, 4 syllabes, est désormais banni de notre vocabulaire courant. On économise une syllabe quand on ne dit pas la télé. Mais la télé c’est plus le contenu que le contenant. On regarde la télé mais on achète un écran plat.
  Enfin, et c’est la seule chose importante concernant cet objet de consommation courante, c’est le summum de l’argumentation populiste. Chaque fois qu’il s’agit de solidarité, de subventions, de primes, des allocations, on invoque l’écran plat comme preuve du détournement de l’argent public donné aux plus déshérités. « Ils en profitent pour acheter des écrans plats… », plutôt que d’habiller leurs enfants ou des fournitures scolaires lors de la rentrée. Cette logomachie est lassante, insultante. Comme si lors de la visite d’un contrôleur des Allocs, la vue d’un téléviseur représentait un objet de luxe interdit dans un taudis.
  Il est sûr que les frigos, les machines à laver n’ont pas changé de forme assez vite dans le marketing moderne, même si, avec les Allocs on en a profité pour changer l’engin tombé en panne. Le frigo, oui, l’écran plat, non ! Pas pour les pauvres qui doivent donc s’abstenir de la regarder. Ah ! Le bon temps du  noir et blanc…
  Surtout que le prochain objet, incongru chez les pauvres, risque d’être la tablette (informatique). Mais là, le vocabulaire ad hoc pour le moment est en retard. La tablette ne se voit pas et l’on a encore en tête le chocolat que tout un chacun peut consommer. Ouf !
  Il faudrait que medias et politiciens arrêtent de s’en tenir à un matériel qui n’existe plus. Qu’ils mettent leur vocabulaire à jour, à ce sujet comme pour d’autres.