Marine LE PEN pourrait être présente au second tour de la Présidentielle. Il a suffi que deux sondages consécutifs, réalisés par le même organisme, l’annoncent clairement pour déclencher la panique dans les Landerneau politiques.  Premières et immédiates réactions : critiquer les méthodes du sondage. Puis relativiser les sondages. Il est bizarre d’ailleurs comme les politiques changent d’avis quant aux sondages, non en fonction de la façon dont ils sont réalisés, mais par rapport aux enseignements ou résultats qu’ils présentent (selon qu’ils sont agréables ou favorables ou non). Ensuite, concernant le Front National, il est de bon ton d’accuser le camp opposé d’avoir favorisé son émergence, certains, plutôt du centre, attribuant cette paternité aussi bien à la gauche qu’à la droite.  Puis on part sur le terrain plus politique. Non pas pour faire des propositions, mais pour dénoncer l’absence de projets et la vacuité des idées, soit du Front, soit de l’autre bord. C’est évidemment bien plus simple.  Et après, enfin, on réfléchit. On accepte enfin l’idée que peut-être Marine LE PEN pourrait être au second tour. Mais face à qui ? Et comment faire pour être au pire deuxième du premier tour et défier Marine au second ?

On se plaît à dire que le 1er tour de l’élection présidentielle est fait justement pour que puissent s’exprimer toutes les sensibilités. C’est vrai, et fort souhaitable. Pratiquement, cela ne posait aucun problème lorsque les deux camps majoritaires l’étaient vraiment et largement, car ils ne risquaient pas grand-chose. Il suffisait de ménager les autres pour espérer un ralliement au second tour.  En 2002, le parti socialiste avait été si mauvais qu’il s’était effacé et que Jean Marie LE PEN, malgré le fait qu’il y ait eu la candidature dissidente de Bruno MEGRET, a pu ravir la place de second qu’occupait traditionnellement la gauche non communiste.  Aujourd’hui, il semble bien que les camps majoritaires ne soient plus deux, mais trois : celui dit du Président de la République, celui de l’opposition de gauche sensiblement socialiste, et celui qui rassemble sous la houlette de Marine LE PEN les fidèles du Front national mais aussi tous ceux qui, n’ayant pas de convictions fortes et un attachement à un autre mouvement, sont écoeurés du comportement de nos politiques. Et si le camp sarkozyste continue de s’effriter comme il le fait depuis un moment, et que, à gauche, le candidat retenu ne réussit pas à empêcher des candidatures multiples captant des voix, alors, oui, Marine LE PEN sera au second tour.  D’où l’équation que doivent résoudre les candidats à la prochaine présidentielle : ·         Il faut ratisser large au 1er tour, éventuellement via plusieurs candidatures qui pourraient se rallier au second tour, ·         Mais il faut rester largement en tête dans son propre camp pour être qualifié pour le second tour.  Il y a une astuce pour réussir ce pari : faire un tour préliminaire !  Elargir les primaires prévues au PS à une fraction plus large de l’opinion, dépassant le cadre du seul parti socialiste, et/ou travailler au corps les états-majors des autres partis pour que leur candidat, quelques semaines avant le premier tour, se retire de la compétition et se désiste en faveur du candidat présenté. Certaines voix, parmi les écologistes, ont déjà évoqué ce scénario.  Il reste quatorze mois pour convaincre !