Et l’héroïne du jour est sainte Geneviève Masson, qui emporte son quart d’heure de célébrité (et peut-être son poids en saucisson-pinard) grâce à sa « ballerine » retrouvée par le député Philippe Meunier et brandie à l’Assemblée nationale. Selon les dires de l’intéressée, elle aurait été « ramenée sans douceur au métro », d’où la perte de sa chaussure noire. Les députés UMP ont réussi à retenir ceux du PS jusqu’à près de sept heures ce matin, pour le plus grand bénéfice des huissiers, largement rétribués pour ces heures supplémentaires. La relance du pouvoir d’achat grâce au mariage pour tous, il fallait y songer. Merci mesdames et messieurs les parlementaires… Pendant ce temps, les otages français au Nigéria, sept membres de la famille Tangui-Fournier, étaient libérés. Tiens, ils n’avaient pas tout à fait été oubliés… C’est certainement grâce à l’UMP…

Enfin ! Des véhicules détériorés, mais cette fois pas en banlieue, mais non loin des Champs Élysées… Du mobilier urbain brisé et saccagé dans les beaux quartiers… C’est la révolte de tous les meurt-de-faim révoltés par des socialistes qui assassinent les nourrissons, les chères têtes crépues, les ch’tis boutd’choux forcément destinés aux limbes ou au paradis.

Bref, la gauche caviar scélérate a enfin été traquée jusque dans ses luxueux retranchements. C’est l’épilogue des derniers débats au Palais Bourbon où huit députés de la majorité ont tenu, silencieux car ils avaient renoncé à leur temps de parole, devant pas moins de 19 autres de l’opposition qui se relayaient pour, la voix rauque, tenter de vociférer leur ardente opposition au massacre des innocents, jusque peu avant six heures de ce matin, a sobrement résumé l’un des fiers défenseurs de la moralité, Philippe Gosselin (UMP, Manche). Quelques courageux ont poussé jusqu’au-delà de 7 heures, pour encore et encore exposer les raisons de leur vote de refus.

Auparavant, vers minuit trois-quarts, une rixe éclate dans l’hémicycle. Marc Le Fur (UMP, Côtes d’Armor), vient de protester contre les violences policières qui ont mené des charges contre de pacifiques, mais déterminés, opposants au mariage pour tous pique-niquant sur l’esplanade des Invalides. L’un d’eux a été « touché à la gorge » : encore un coup des CRS homos tripoteurs qui ne reculent décidément devant rien. Une « trainée » (par des policiers), en perd sa noire chaussure plate et Philippe Meunier (UMP, Rhône), la récupère et la brandit.

Lors des débats, Laurent Vallée, directeur des affaires civiles à la chancellerie, assis derrière Christiane Taubira, fait la moue, ou sourit, ou affiche une mimique sur son visage de criminel endurci, « assassin d’enfants », et des députés UMP ulcérés descendent pour lui faire ravaler sa morgue dans la gorge. S’ensuit une bousculade, puis des coups, des horions. Une huissiere pourra faire valoir un long arrêt de travail (pour l’outrage à huissier dans l’exercice de ses fonctions, sans doute n’osera-t-il pas réclamer ce qu’un policier, soutenu par ses collègues, tenteraient d’extorquer, d’ailleurs un député cogneur dans l’exercice des siennes jouit de l’immunité).

Roué de coups par des socialistes déchaînés, Yves Albarello (UMP, Seine-et-Marne) se voit furieusement piétiner ses lunettes. Il était en pointe pour dénoncer « le lobby LGBT » (lesbien, gay, bi, trans) qu’était censé représenter pour lui Laurent Vallée, ainsi contraint à un coming-out vers la sortie. Lâchement, Christiane Taubira s’écartait de la mêlée.

Les hideux socialistes ont allégué qu’Yves Albarello était quelque peu « pompette » (alors que la ballerine, c’était plutôt Philippe Meunier) : scélérate confusion ! Peut-on encore faire confiance à des élus qui entretiennent ainsi de coupables imbroglios ? Le temps d’un grand coup de balai n’est-il point venu ? 

Selon l’AFP, les CRS seraient intervenus à l’extérieur alors que le mot d’ordre de dispersion de la manifestation était donné et à la demande de certaines ou certains organisateurs de la protestation. Mais qui donc peut s’arroger le droit de disperser un pique-nique ? Les traitres seront vigoureusement pourchassés. Frigide Barjot avait demandé à faire en sorte « d’empêcher les fauteurs de troubles de nuire ». C’était bien sûr un appel à faire taire celles et ceux qui jettent le trouble dans les esprits des hétéros qui se demandent si on ne va pas bientôt les forcer à copuler entre personnes du même sexe lors d’hideuses bacchanales. Elle a demandé l’enfermement de « tous les éléments perturbateurs des groupuscules nationaux et identitaires », fussent-ils CRS ou gardes mobiles, doit-on certainement comprendre. Ces provocations qui perturbent les défenseurs de la Patrie et des valeurs traditionnelles qui fondent l’identité française doivent cesser.  

Fallait-il sortir du palais Bourbon pour faire le coup de poing avec la police ? Non, car les députés de la prétendue majorité, qui ont contribué à ravir sa juste victoire à Nicolas Sarkozy, étaient sur le point d’aller prêter main forte à leurs sbires. Vaillamment, les députés de l’opposition les ont contenus, à main nues (faudra-t-il envisager bientôt de se munir de coups de poing américains pour se rendre à l’Assemblée ? Telle est l’interrogation…).

Le vote reprendra, après un longue pause de quelques jours pour récupérer des reliques du peuple des massacrés et les brandir afin que nul n’en ignore. Des barboteuses tachées de sang seront brandies !

Mais auparavant, il faut appeler à la mobilisation. Libérez nos camarades ! De braves jeunes mères de famille ont tenu jusqu’à passé minuit devant les Invalides, et outrées par les provocations policières, n’ont pu retenir des jets de biberons, entre deux reprises de cantiques.

Bruno Le Maire a trouvé les mots qu’il fallait. Hollande est « seul responsable » des radicalisations des débats. 

Bon, on peut ironiser. Tant qu’identitaires et autres ne prendront pas des tracteurs pour tout saccager tels des agriculteurs (« ces braves agriculteurs » dont certains empochent jusqu’à trois mille euros de subventions par mois et détruisent ou incendient avec l’indulgence maintes fois attestée des parquets), cela restera quelque peu farce.

D’autant plus farce que, selon une consultation en ligne du Figaro, personne ne croit vraiment que, si l’UMP revenait (avec l’UDI ou divers centristes) au pouvoir, la loi ne serait pas abrogée. Il en serait sans doute de même si le Front national l’emportait. C’est quand même bizarre, cela. Même le lectorat du Figaro considère que tout cela n’est au fond qu’une mascarade.

Tout ce qui précède, sauf ce précédent paragraphe, n’est bien sûr pas à prendre au mot. Il y a bien sûr une part de vérité, qu’il convient de ne pas exagérer.

Ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est l’attitude de Manuel Valls. Est-ce pour des raisons budgétaires (maintenir un dispositif policier important toute une nuit, voire une nuit et toute une journée, si ce n’est pendant 24, 48, 72 heures est fort coûteux) ou pour ne pas provoquer d’embouteillages au petit matin dans certains quartiers de la capitale qu’il fait disperser quelques dizaines ou centaines – au plus – de jeunes gens ?

À quoi cela rime-t-il ? Qu’il laisse donc les automobilistes de droite se charger de la dispersion, si elle n’est pas, par lassitude, progressivement spontanée. En fait, on aurait sans doute retrouvé une grande partie de ces jeunes gens, pour des after, dans des bars gays, pas du tout par provocation, mais selon leurs habitudes. Les autres, les plus hostiles aux homosexuel·le·s auraient sans doute fini à d’autres comptoirs devant des croissants…

Quant à ces députés avinés ou non voulant en découdre dans l’hémicycle, eh bien, ma foi, ils sont bien loin de vouloir vraiment risquer de se fracturer un métacarpe ou une phalange ; tout juste peuvent espérer brandir un revers de costume déchiré. On les ressent déjà ridicules, tout comme d’autres, de tous bords, d’ailleurs, pourquoi ne pas les laisser s’y enfoncer ? Bartelone veut des sanctions, sans doute symboliques, fort légères ? Autant le prendre avec humour… Passer des baigneurs à la moulinette, renchérir dans l’ironie.

La vraie nouvelle du jour est tout autre : pendant que les députés faisaient le coup de poing, les sept otages français, dont quatre enfants, détenus par Boko Haram au Nigéria ont été « remis aux autorités camerounaises ». Les Tangui-Fournier sont libres.
On ne sait quelle contrepartie, s’il en fut, et sous la pression de qui (les autorités françaises ?), a permis cette libération. Ce qui est sûr, c’est que les manifestants pour le mariage pour tous n’y sont pour rien. Ni nombre de députés dont les priorités ont été constatées : se montrer.