Prenant des accents dignes de Churchill, le président américain a reconnu lors d’une allocution solennelle depuis le Bureau Ovale de la Maison-Blanche que la lutte contre la marée noire durerait "des mois, voire des années". Et il a fustigé "l’inconscience" de BP.

 

 Les autorités américaines ont une nouvelle fois révisé à la hausse mardi l’étendue de la marée noire dans le golfe du Mexique. Elles estiment désormais que jusqu’à 60.000 barils de brut se déversent quotidiennement dans l’océan, soit 50% de plus que la précédente estimation "haute", qui datait de jeudi. Entre 300 et 500 millions de litres d’hydrocarbures auraient donc fui depuis huit semaines du puits sous-marin au large des côtes de Louisiane, à la suite de l’explosion meurtrière et du naufrage d’une plateforme exploitée par BP.

 Des estimations pessimistes que Barack Obama n’a rien fait pour embellir lors d’un bref discours (17 minutes) retransmis à la télévision et consacré à ce qu’il a lui-même qualifié de "pire catastrophe écologique" de l’histoire de son pays. S’adressant à ses compatriotes depuis le cadre solennel du Bureau ovale pour la première fois de sa présidence, il a comparé mardi la marée noire souillant le golfe du Mexique à "une épidémie" que les Etats-Unis combattront "pendant des mois et même des années". Car "contrairement à un tremblement de terre ou à un cyclone, ce n’est pas un événement ponctuel qui provoque des dégâts en quelques minutes ou quelques jours". Il a ainsi annoncé avoir autorisé le déploiement de 17.000 membres de la Garde nationale et appelé les gouverneurs des Etats touchés à les mettre au travail "le plus vite possible".

"Nous ferons payer BP"

Barack Obama, qui doit rencontrer à la Maison Blanche le président de BP Carl-Henric Svanberg, a affirmé que "nous ferons payer BP pour les dégâts que cette entreprise a provoqués". Il a aussi confirmé qu’il allait ordonner à la société de créer un fonds d’indemnisation indépendant afin de dédommager les victimes de la marée noire. Des élus du Congrès ont demandé à BP de provisionner 20 milliards de dollars sur un compte bloqué, ce que la compagnie n’a pas pour l’instant accepté. "Je l’informerai qu’il doit mettre à disposition toutes les ressources nécessaires pour dédommager les travailleurs et les entrepreneurs qui ont été les victimes de l’inconscience de cette entreprise", a affirmé Barack Obama.

Mais le président, qui plaide depuis sa campagne électorale pour une indépendance énergétique des Etats-Unis, a aussi affirmé que la marée noire montrait que "le temps d’adopter les énergies propres est venu", comparant cette entreprise aux efforts consentis pendant la Seconde Guerre mondiale, ou encore au programme spatial des années 1960. "L’approche que je n’accepterai pas est celle de l’inaction", a lancé Obama, alors qu’une loi sur l’énergie et le climat est bloquée au Sénat, après avoir été adoptée en des termes différents par la Chambre des représentants. Il a aussi annoncé avoir nommé un responsable chargé du rétablissement à long terme des zones sinistrées dans le Golfe, l’actuel secrétaire à la Marine et ancien gouverneur du Mississippi, Ray Mabus. Barack Obama a par ailleurs chargé un ancien procureur de mener le processus de réforme du service de gestion des ressources minières, critiqué pour son laxisme dans l’application des normes de sécurité et accusé d’être trop proche des sociétés qu’il est censé surveiller.