Marc Veyrat (j’allais écrire, « le vrai », tel un Gaspard Delanoë, du Pftt, Parti faire un tour) est un concepteur-réalisateur et graphiste savoyard. Il enseigne à l’IAE Savoie-Mont-Blanc de l’université de la Savoie à Annecy. Il doit avoir une petite cinquantaine d’années et cela faisait bien une décennie que je me promettait de l’inviter dans les pages du mensuel Création numérique puis du magazine Creanum. Mieux vaut tard que jamais, dit-on, et ce sera ici que je rendrai hommage à son imagination et son travail.

Cela faisait… quoi ? Dix ans peut-être que je voulais saluer les logotypes ou créations graphiques de Marc Veyrat. Soit en réalisant un dossier dans Création numérique (devenu Créanum après fusion avec le mensuel, puis bimensuel Pixel). Faute de temps et de quoi justifier une note de frais pour un voyage en Savoie, j’ai procrastiné grave.

La solution aurait été de lui proposer une pige, soit la réalisation d’un tutoriel/didacticiel. Trop réducteur à mes yeux. Outre l’originalité de ses créations d’un point de vue adéquation au message à véhiculer, ce qui me séduit dans ce qu’il fait tient au choix de ses couleurs (gamme pastel la plupart du temps), et à son traitement des ombres et des transparences.

Il a fait très longtemps de l’institutionnel (surtout pour des événements culturels, des colloques, des séminaires de recherche, &c.) et puis, ce jour, je reçois par courriel l’un de ses visuels assorti d’un laconique phylactère (« information ») et d’un lien vers 100notions (.com). 

Ce site, dû au Centre Möbius International, ne m’a que moyennement intéressé (voyez aussi Le Comptoir des presses d’universités). Ce n’est pas tellement une question d’âge que de tempérament mais aussi de lassitude : le crossmédia, le transmédia, ce n’est plus mon immédiat, et j’ai beaucoup donné par le passé.

Plus intrigante était et reste la page Facebook de la Société-i-Matériel. Qui renvoie à celle de 100notions, plus éclairante que le site homonyme quant aux prolongements. Tiens, je suis tombé sur l’annonce d’une installation, Fractal Flowers, de Miguel Chevalier. Une ancienne connaissance que j’avais à diverses reprises évoquée dans les titres énoncés supra. Cette société i matériel (de l’information comme matériau artistique, intitulé de sa thèse de Sorbonne en 2006) est un projet artistique qui se prolonge et s’amplifie constamment, et se diversifie, bien évidemment. 

Cela promeut un usinage (souvent d’animation) d’infos et d’images, signes, symboles, qui peut déconcerter, laisser parfois – mais rarement – indifférent, ou réellement captiver. Marc Veyrat avait dirigé un ouvrage collectif chez L’Harmattan, Arts et espaces publics. Là, vous y êtes, sur un espace public, celui de ce site…

Si vous êtes réfractaire à l’art contemporain, aux installations, si vous partagez certaines prises de position d’Aude de Kerros (voir son L’Art caché, chez Eyrolles, déjà chroniqué sur Come4News), Marc Veyrat et ses émules pourraient bien vous réconcilier avec la création contemporaine.

Mais bref, pour aller plus loin, visiter aussi la page perso de Marc Veyrat sur Facebook. Il s’y met très peu en scène, préférant mettre en relief les créations d’amis, connaissances, étudiantes et étudiants, autres chercheuses et chercheurs. Il fait aussi part de ses étonnements ou découvertes, parfois insolites (ainsi ColAR Mix, application pour augmenter la réalité des coloriages des gamins des écoles : bon, cela peut s’exprimer autrement, et je n’aurais jamais écrit cela ainsi précédemment, mais allez donc chercher et voir… sur Creapills.com et Colarapp.com).

Fort imaginatif, ne reculant pas devant la perspective de frôler le farfelu, Marc Veyrat est un créateur artistique particulièrement fécond. Muni d’un plus large et davantage emplumé que celui de son homonyme (non, pas l’architecte de Nîmes, l’autre, le Savoyard), nous lui tirons notre chapeau avec force moulinets (de sel et poivre aussi ; mais plutôt de l’avant-bras et du poignet).