Mariage pour tous… en couleurs…

     A l’aube de la discussion de la loi sur le mariage pour tous, oublions tous les arguments développés par les uns et les autres lors d’un débat qui dure depuis suffisamment longtemps pour que l’on réclame qu’il ait enfin lieu. Ce serait encombrer C4N.

    Toutefois le petit bout de la lorgnette peut mériter une réflexion, certes marginale, mais qui n’en est pas moins à signaler.

    Nous connaissons tous le poème de Rimbaud qui avait coloré les voyelles, leur donnant une densité nouvelle.

    Le défilé d’hier fut, comme toujours, l’occasion de slogans en tous genres et aussi de couleurs du meilleur effet télévisuel.

    Cependant, il est parfois une symbolique qui trouble. D’aucuns trouvèrent que le drapeau national pouvait être détourné, en remplaçant le rouge par du rose.

     Ma curiosité aidant, j’ai tapoté mon ordi et je n’ai pas été déçu. Je suis tombé sur le même usage pour le 5° festival gay et lesbien à Montpellier en 2009… (Voir l’image, si j’arrive à la faire passer)

     On peut comprendre le détournement, 70 ans après une étoile de la même couleur, dont l’usage fut, hélas, sinistre. Mais l’on oublie si vite…

     Que parmi les mots d’ordre de la manif contre le mariage pour tous, on s’en permette l’usage est douteux, voire ne sent pas bon. Le collectif « La manif pour tous » demandait que l’on vienne dire son rejet du mariage gay habillé en bleu blanc rose ! Si, encore, on avait demandé de choisir du bleu ciel, on aurait pu comprendre que l’argument central fût les droits de l’enfant, l’inquiétude, vraie ou supposée, de l’avenir d’enfants dans un couple de même sexe. Cela n’en aurait été symboliquement que plus parlant. Sans cette égalité des couleurs enfantines traditionnelles, l’on était plus près d’une homophobie déguisée, sournoise, moqueuse pour le moins.

     Sans doute ce détail est-il passé pour anecdotique auprès de beaucoup qui ont la mémoire sélective et oublieuse. Mais l’on n’utilise pas cet amalgame impunément. Cela pourra resservir en d’autres occasions surtout si l’on en croit Mme Boutin, en verve ce jour, qui annonce – appelle- d’autres manifestations plus violentes si la loi est votée. Dès lors, on pourra tout craindre, si le ton n’est plus « bon enfant ».

    Accessoirement, il est comique d’entendre la droite exiger un référendum en raison de la réussite de la manif, alors qu’après 6 ou7 manifs réussis lors de la nouvelle loi sur les retraites on considérait la rue comme marginale et sans droit d’influer sur les prérogatives du Parlement.

     On a la veste réversible sans vergogne.