Plusieurs milliers d'opposants à Nicolas Sarkozy se sont regroupés hier soir place de la Bastille à Paris pour manifester leur déception. Le rassemblement s'est fini par des affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants. La police a-t-elle fait correctement son travail dans le respect des règles démocratiques?

 

Rassemblement de quelques milliers de personnes place de la Bastille vers 20h30. L'ambiance est plutôt calme, les manifestants semblent pacifiques.

Bientôt, des provocations verbales sont lancées aux CRS et des bouteilles volent. La police réplique immédiatement par des gaz lacrymogènes et une demie-heure plus tard, la place de la Bastille est blanche de fumée.

Au centre, quelques énervés jettent des pavés sur les CRS qui cherchent alors à vider la place. Plusieurs centaines de personnes résistent pendant plusieurs heures sous l'oeil de quelques rares caméras étrangères.

Une jeune femme s'insurge: "On n'a même plus le droit de rien dire, on n'a plus le droit de protester aujourd'hui. Regardez ce qui se passe, c'est révoltant!"

Un autre manifestant témoigne son pacifisme: "Nous on voulait s'exprimer pour montrer qu'on n'est pas des casseurs, que tous les gens qui sont contre Sarko sont pas des casseurs, et sont pas des gens violents"

Question amusée de Marie Vienot, dépêchée sur place pour France Culture:
"Qu'est ce que vous chantez là? On veut des bisous?"
"Ouais, voila!" répond-il en riant.
Et on peut effectivement entendre une partie de la foule criant : "on… veut… des bisous!" aux forces de l'ordre.

Une trentaine de personnes sont allongées sur la place, collées au cordon de CRS, une centaine sont à 10 mètres derrière. Un camion à jet avance et lance de l'eau d'après l'ensemble des médias, un liquide chimique qui brûle la peau d'après Marie Viennot (nos recherches n'ont malheureusement pas pu déterminer à l'heure actuelle la nature exacte du liquide employé).

"Y avait rien, y avait un concert sur la place, y avait rien c'était tranquille. Ils sont arrivés, ils ont gazé, forcément, forcément ça s'excite. C'est sûr." déclare une manifestante. Et de conclure, ironiquement: "Le droit de grève, vous y teniez? Et ben c'est terminé!"

Au final, les abris-bus, les cabines téléphoniques et une vitrine ont été brisés sur la place. Des incidents similaires ont eu lieu à Lyon, Toulouse, Nantes et à Rennes.

Les forces de l'ordre peuvent-elles employer tous les moyens dont elles disposent dès lors qu'une partie des manifestants commence à lancer des projectiles? Si la réponse est oui, cela veut dire qu'il suffit à quiconque d'infiltrer une manifestation pour provoquer l'affrontement et la dispersion.

 

Liens utiles:

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Reportage France Culture Marie Viennot (à partir de 8'40'')

radio france

Bastille 20h05, apparemment déjà beaucoup de monde:

dailymotion

Ambiance plutôt calme alors que la nuit est déjà tombée:
youtube

Des casseurs défoncent tranquillement une tente à 50 mètres de la place de la Bastille sans intervention de la police:
youtube

Canons à eau ou liquide chimique?
dailymotion

Deux versions de l'événement radicalement opposées:
Indymedia

Dépêche AFP reprise par de nombreux médias, dont Lenouvelobs