Nous sommes dans le nord mali en bordure du désert ; là bas il disent la brousse. Nous traversons le village écrasé par le soleil  quand devant nous , entre deux tentes , notre regard est  attiré par un reflet métallique qui se glisse dans la teinte sable de tout le paysage . Le fleuve , serpent d'acier ,file vers l'horizon …

 

Nous suivons une "venelle" bordée de murs de pisés un peu délabrés contournons un arbre et là…..c'est un ravissement : un jardin de verdure court jusqu'aux rives du fleuve. A mon regard ébahi s'offre un magnifique jardin potager où se mêlent mille couleurs , une symphonie des teintes vives des tissus africains aux nuances multiples de vert . Comment vous faire ressentir en quelques mots ma stupéfaction ,en regardant cette volée d'enfants qui s'affairent à leur besogne .

En piaillant ,riant ,se poussant du coude ,les enfants descendent jusqu'au fleuve puis remontent la pente douce , les bras tendus sous le poids des seaux et des arrosoirs . Les plus âgés aidant les plus petits . Dès qu'ils m'aperçoivent ils m'entourent . Les petites mains se tendent et me tirent qui vers un carré de carottes , qui vers un carré de salade .. .ici des betteraves … là des choux …et tout ce jardin parfaitement dessiné , chaque plate bande séparée de l'autre par un petit mur de sable , ils sont fiers de me le montrer ! j'ai un peu honte en regardant leur superbe potager et en songeant à mon unique plan de tomates que chaque année je m'escrime à faire pousser …
Ce jardin leur donne la possibilité d'améliorer l'ordinaire de la cantine en ajoutant quelques légumes à leurs repas mais aussi leur permet avec l'aide de leurs instituteurs de se sentir "importants , responsables" . Adorables enfants qui se promènent près de moi , dont le jardin d'éden est tracé sur une petite pente en haut de laquelle on voit une vieille citerne . Une association anglaise est venue il y a plusieurs mois pour installer un arrosage goutte à goutte mais ils sont repartis sans finir , aujourd'hui la cuve rouillée n'attend qu 'un peu de bonne volonté pour reprendre son rôle.
Mais ici il faut l'avouer personne n'essaye d'entretenir ce qu'on leur donne . Au milieu d'une grande place de sable ,près de l'école j'ai remarqué deux pompes qui se dressent fièrement , mais elles n'interessent plus personne ,elle ne fonctionnent plus .
Des gamines s'approchent de moi , leurs cheveux merveilleusement tressés , lorsque je les félicite pour leurs jolies coiffures des petits gamins partent en courant au fond du jardin à la recherche de la plus jolie fillette ….mais elles sont toutes si adorablement mignonnes! Sur le chemin du retour les enfants de l' école publique nous rejoignent . Les "étrangers" de passage que nous sommes mon fils ado de 15 ans et moi ,  attirent beaucoup de jeunes enfants et adolescents ces jours ci !…..

Au mali , que ce soit un jardin de subsistance ou comme à Taboye le jardin potager des ecoliers , la culture potagère est une part importante de l' économie familiale. Les réunions autour de sujets de formations divers permettent d'aborder aussi bien la nouvelle façon de cultiver le riz ,dont un prochain article vous fera découvrir tous les bienfaits , que de la fabrication du compost 

A Tin Essamed , un campement touareg de l'autre coté du fleuve ,face à la ville de Gao , déjà un champ de mil est cultivé collectivement en vue d'un appoint de nourriture pour les enfants de l'école …

Seulement 3 % des terres qui pourraient l'être sont cultivées. Est ce, comme disent certains parce que l'on utilise les terres pour faire des plantations nécessaires à la fabrication de bio carburant? Non , en Afrique , au Mali , dans cette region en tous cas, c'est simplement parce que les hommes n'ont pas l'argent nécessaire pour acheter semences et matériel.

retrouvez la video de cette partie de mon voyage :

http://www.dailymotion.com/ysoj/video/x40jl1_du-cote-de-gao-episode-4-village-de_travel?from=rss