Quatre suicides en un mois, 24 en six ans, que se passe-t-il à l’ONF ? Ces gestes désespérés qui font immanquablement penser à la situation à France Télécom ne semblent pas provoquer le même émoi dans les journaux. Pourquoi ?

J’ai quelques amis parmi les gardes forestiers et j’ai toujours été impressionné par leur haute qualification et l’amour de leur métier. Quel beau métier en effet : toujours dans la nature, avec pour mission de gérer et de protéger notre patrimoine végétal. Alors, que se passe-t-il donc ? C’est simple, ils ne se reconnaissent plus dans la nouvelle orientation qu’a pris leur métier. Comme dans beaucoup d’administrations, le maître mot est « rentabilité ». « Pour ceux qui ne le sauraient pas, l’Office gère son budget en propre, pas de ligne accordée par l’Etat pour entretenir nos forêts. Nous devons faire avec les ventes de bois dont le cours ne cesse de chuter. L’Etat nous méprise en accordant avec parcimonie des subsides pour les missions d’intérêts général, telles les dunes, les terrains de montagne et la lutte contre l’incendie, mais seulement quand ca lui chante. » (source un agent ONF)   Et comme les effectifs baissent, les agents forestiers sont débordés et ne parviennent pas à remplir les objectifs. La surface à gérer pour un agent est passé de 800 à 1500 hectares, soit près du double. En plus de ne plus avoir de repères, ils se sentent surveillés. « Bien souvent ce qui nous perturbe c’est l’absurdité des décisions et contre-décisions entraînant des changements perpétuels d’organisation. » dénonce Corinne P. (Qui ne m’en voudra pas, j’espère d’avoir utilisé une partie de son texte). Voilà où est le malaise : ces professionnels qui ont une certaine idée de leur mission ne comprennent pas certaines décisions aberrantes qui vont à l’encontre de l’intérêt de la forêt. A France Télécom, on a viré le PDG. Va-t-on rester bras croisés en comptant les suicides à l’ONF ou va-t-on essayer de comprendre le désarroi des personnels ?