TELEVISION ET COMMUNICATION

 

 

  Mais qu’est devenue la poésie en France ?  

 

 

Ah ! Quelle est belle la poésie française ! Celle qui a connu son heure de gloire avec les plus grands auteurs du 19ème siècle tels que Paul Verlaine, Charles Baudelaire et Victor Hugo. Elle a marqué son espace de façon indélébile et sa notoriété n’a pas eu besoin des outils médiatiques contemporains pour s’établir au plus haut niveau à travers le monde.

Le 20ème siècle a connu un essor poétique jusqu’au début de sa deuxième moitié : Guillaume Apollinaire, André Breton, Louis Aragon, et enfin Jacques Prévert ont maintenu une aura. Et puis, dès les « années soixante » a commencé la lente mais irrésistible agonie de l’art poétique dans la diffusion et la perception de ses contemporains. Et le phénomène arrive aujourd’hui à la situation quasiment catastrophique de cet art, considéré comme majeur par nos ancêtres helléniques.    

      Il est à noter que cette tendance ne se retrouve pas dans de nombreux autres pays, pour certains parmi les plus pauvres de notre planète. Et il semblerait qu’il existe une relation de proportionnalité entre l’importance du développement des moyens de communications, et la baisse de la place de la poésie en France. 

        Jusqu’à la fin des années 60, il existait une courte émission télévisée animée par Jean-Pierre Rosnay. Et puis, depuis, plus rien n’a été entrepris. Progressivement, il est apparu une désaffection des grands éditeurs pour la poésie contemporaine, mais, même aussi pour la promotion des œuvres classiques. Et le constat qui s’établit fait apparaître une forte croissance de l’usage du compte d’auteur et de l’autoédition, en réponse à un vide qui devient sidéral. Les plus connus des représentants de la culture française laissent de plus en plus entendre, sur le même ton que les éditeurs, que la poésie n’est pas rentable. Hormis le fait qu’elle ne l’a jamais été, il s’agit d’un discours dicté par la mouvance libérale qui dirige l’Homme vers un univers particulièrement inhumain, aux repères matérialistes jusqu’à l’absurdité. Dame nature commence à se gratter sur toute sa surface, et son énervement finira par avoir des effets que beaucoup veulent ignorer. Sous couvert de beaux discours, et de réalisations éphémères, comme le Printemps des Poètes qui s’essouffle davantage chaque année, douze ans après sa création, la poésie connait un véritable étouffement. Même la radio nationale France Culture a du mal à maintenir une véritable présence poétique.Dans le même temps, les poètes, individualistes, désordonnés et divisés, mais aussi victime d’escrocs et de vils histrions, n’ont pas su empêcher le pire, et ils sont, bien sur, les premières victimes de leur impuissance.Malgré tout, il existe quelques éléments qui veulent croire encore au renouveau de la « création ». C’est ainsi que, pour ne citer que la plus remarquable des initiatives, le Président René Varennes de l’UCBBA- La Forêt des Mille Poètes, vient d’initier, pour la deuxième fois en dix ans, une démarche en faveur de la poésie.Après la remise de « La Charte de la poésie et de la Culture » au Ministre de la Culture en octobre 2003, il prépare de nouveau, avec l’appui de plus d’une centaine d’associations à vocation poétique, la demande, au premier représentant de la Culture en France, du passage de cinq minutes de poésie sur une télévision nationale publique. Ces cinq minutes peuvent paraître dérisoires. Mais dans le contexte actuel, sa mise en place serait considérée comme une avancée considérable.

Certes, trop de communication tue la communication. Mais loin de la poésie, l’âme s’éteint. L’outil médiatique est trop beau pour ne pas jouer son rôle, et offrir à la poésie l’espace dont elle a besoin pour distiller sa lumière, ses ondes et son rayonnement.