On peut s’extasier, un peu naïvement, des récents sursauts moraux de Robert Bourgi. Naïvement car il y a loin entre les intentions réelles de l’avocat et ce qu’il tend à nous faire admettre de sa sincérité. Et de fait une simple attention au contenu de ses propos atteste bel et bien d’une mise en garde, à peine déguisée, à l’attention de Nicolas Sarkozy lui-même derrière toute cette indécence verbale.

 

 Les récentes révélations de l’ancien conseiller Afrique suscitent la stupéfaction non pas tant pour ce qu’elles sont sensées nous apprendre, mais davantage pour ce qu’elles contiennent d’intentions cachées de la part de son auteur.

Que Robert Bourgi soit brusquement atteint d’une sorte de saute de bonne conscience, n’importe quel esprit un tant soit peu réaliste ne peut sincèrement y croire.

Reste à se focaliser sur les « cibles » prioritairement visées par ces déclarations.

 

Deux cibles prioritaires


Deux sont explicitement prioritaires : Jacques Chirac et Dominique de Villepin.

Les récents rebondissements judiciaires favorables aux deux hommes pourraient laisser penser à une attaque sarkozyste visant à porter le discrédit sur eux, malgré l’impuissance de la justice à pouvoir les confondre.

Simple hypothèse assez peu crédible tant le propos de Bourgi visant à expliquer que la noria des mallettes de billets se serait arrêtée sitôt Nicolas Sarkozy élu dessert beaucoup plus l’actuel président qu’il ne l’aide.

L’option d’une basse manœuvre du camp Sarkozy logiquement écartable, reste à explorer les autres cibles visées par les propos de l’avocat qui se montre fière de ne jamais avoir plaidé (Robert Bourgi).

 

Un troisième nom lourd de significations


Et là un troisième nom apparait, resté beaucoup plus confidentiel dans les interprétations des médias, mais que chacun des protagonistes directs de l’affaire aura pris soin de relever.

Ce troisième nom est celui d’Alain Juppé, comme l’atteste la référence faite au Club 89 par Borgi.

Et là semble être les raisons à tout ce tintamarre immoral.

Car si Bourgy joue son vatout aujourd’hui c’est bel et bien puisqu’il est aux abois. Et le responsable de cette mise à l’écart est incontestablement Alain Juppé lui-même.

En effet le maire de Bordeaux est aujourd’hui en train de s’essayer à un semblant d’action historique au travers de sa politique africaine. Car lui qui promeut incessamment les vertus du conservatisme en politique est en train d’engager une presque révolution sur la question du traitement des affaires africaines.

Conséquence à tout cela pour Bourgi : une influence allant en se restreignant pour un homme de moins  en moins apte à avoir ses entrées au quai d’Orsay.

Son influence en Afrique s’en fait également ressentir. Bourgi est ainsi en recul d’estime vis-à-vis du Sénégal des Wade. Même chose en ce qui concerne le Gabon d’Ali Bongo.

Restait une solution pour lui : l’option du coup de tonnerre médiatique claironné au faux prétexte de ses prétendus remords.

D’où tout ce cirque et cette indécence. Tout ça pour implorer Nicolas Sarkozy de ne surtout pas le lâcher au risque, pour le président, de voir Bourgi se montrer un peu moins sélectif et partisan dans ses sursauts de mémoires.

Coup de billard à trois bandes classique en politique. Je déballe jusqu’à un certain point pour bien faire comprendre à ceux que j’épargne, au moins dans un premier temps, qu’ils ne saurait en être de même par la suite.

 

http://www.slateafrique.com/40333/francafrique-le-chant-du-cygne-bourgi

http://www.afrik.com/article23674.html

http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/09/12/robert-bourgi-un-acteur-declinant-de-la-francafrique-regle-ses-comptes_1570842_823448.html

 

Anthony RIGOT le 15-09-2011