Même si la peur du régime baassiste semblait palpable, hier encore on pouvait flâner tranquillement dans les rues de Damas ou d’ailleurs en Syrie dans la plus grande quiétude sans percevoir le moindre signe précurseur d’une quelconque rebellion.

Hier encore dans les rues de souk el Hamadiyé, Syriens et touristes du monde semblaient se côtoyer dans la plus grande allégresse. Sans jamais rater le rendez-vous incontournable chez le fameux glacier Bakdash, fournisseur de la famille régnante, pour déguster les savoureuses glaces d’un raffinement exceptionnel. Juste avant la découverte de la somptueuse mosquée des Omeyyades comme inscrite dans un voyage palpitant à travers le temps. Hier encore, les feuilletons syriens ne pouvaient que nous interpeller pour tenter de percer le secret de ce peuple à détenir la maîtrise de cette apparence si sereine, si stoique dans un pays quelque peu liberticide. 

 Seulement un vent de liberté au parfum grisant venu de la place Tahrir les aurait enivrés anéantissant toute forme de peur qui croupissait en eux pour les emporter dans le tourbillon vertigineux de la révolution. Sans doute, était-ce le moment tant rêvé, tant attendu pour étancher cette soif abyssale de droits inaliénables pendant si longtemps confisqués ? Alors nombreux, ils ont déferlé dans les rues bravant tous types de répressions parfois même sanglants dans l’unique espoir de décrocher un infime bout de ce rêve doré. Surtout, Deraa, fief islamiste, durement réprimé autrefois par Hafez el Assad s’est remise à hurler tels des loups affamés, laissant se propager les ondes électriques de sa colère dans tous les coins et recoins d’une Syrie paisible. Puis peu à peu la lumière de l’espoir s’est éteinte cédant la place à la noirceur du rêve mué en cauchemar. Qu’il était éphémère le passage de cette jolie alouette en ce gai printemps si tristement écourté !

Pourtant, comme à ses débuts où Bachar el Assad aurait fait preuve d’ouverture désapprouvée par la vieille garde du régime soucieuse de sa survie, il s’est relançé dans un processus de réformes susceptibles de répondre progressivement aux attentes des populations révoltées. Bizarrement, les Syriens si dociles seraient devenus insatiables et rechigneraient à se contenter des multiples avancées offertes par un raïs aux abois.

 

Puis sans nul répit se poursuivent dans l’horreur les mouvements de contestations auxquelles succèdent des répressions menées par l’armée pour les uns et par les ennemis du régime pour les autres. C’est à Jisr al Choughour situé au nord-ouest que des violences sans précédent ont été perpétrées ces derniers jours par des camps acculés à faire le décompte de leurs morts en se rejetant inlassablement la responsabilité. 

 

Aussi la peur d’une vaste opération d’envergure entraine le départ précipité des habitants de cette ville vers la Turquie où s’active en toute liberté le leader des frères musulmans syriens Riyad Chakfa. Les choses se tiennent, dit-on et pourraient aisément conforter la thèse de certains analystes selon laquelle l’administration américaine après s’être débarrassée de Ben Laden considèrerait que les fameux frères musulmans "relookés" selon la version turque seraient seuls aptes à juguler l’influence de l’Iran et de ses alliés dont la Syrie, au Moyen-Orient. En effet ceux qui hier remuaient ciel et terre pour se débarrasser du fléau des islamistes se serviraient d’eux aujourd’hui pour contrer un danger encore plus redoutable : "en politique, on ne flêtrit le mensonge d’hier que pour flatter le mensonge d’aujourd’hui". L’exemple de la fausse ambassadrice de Syrie à Paris qui aurait fait défection suivi le lendemain par un démenti provenant de  la véritable concernée illustre la facilité avec laquelle peuvent circuler les informations mensongères.

 

Aujourd’hui, les Etats-Unis dit-on, soutiennent fermement le projet de bienfaisance franco-britannique de résolution à l’ONU conçu pour condammner la répression en Syrie et qui sera soumis au vote dans les prochains jours. Et quand les résolutions de l’ONU s’en mêlent les flammèches deviennent des incendies des plus redoutables. A titre d’exemple, il suffit de jeter un coup d’oeil sur l’évolution désastreuse de la situation en Libye avec un guide dépravé instaurant le viol en série sous stimulants sexuels en guise de répression !