En quasi faillite l’économie libyenne pourrait se réjouir des dernières avancées enregistrées sur le dossier du dégel des avoirs libyens. Mais la déliquescence économique que subissent quotidiennement les libyens devrait inviter à la patience. Car c’est d’abord dans l’arène politique que se trouvent les solutions à la « déstagnation » économique libyenne.
La conférence de Paris sur la Libye qui vient de s’achever a prévu de débloquer près de 15 milliards de dollars pour le nouveau régime libyen.
Aide compréhensible si on se souvient qu’il s’agit de sommes gelées et qui appartiennent de plus droit au peuple libyen.
Mais d’abord et avant tout aide venant nous rappeler l’état déplorable de l’économie libyenne et des conditions de vie de la population.
A tel point qu’on est en droit de se demander si toutes ces sommes suffiront à relancer l’élan économique d’un pays à l’asphyxie.
Car qu’on en juge :
1) Certaines des villes les plus importantes ont été physiquement ravagées par la guerre civile. Au premier chef citons bien sur Tripoli et Misrata, cette dernière sortant à peine de trois mois de siège fait à l’arme lourde.
2) N’oublions bien évidemment pas les destructions occasionnées par les raids de l’OTAN sur les infrastructures libyennes.
3) De même ne faut-il en aucun cas omettre que la confusion complète entre famille et cooptés et économie libyenne du temps de l’ancien régime suppose que tout écroulement de ce dernier à valeur d’effondrement général, tant politique qu’institutionnel et économique.
D’ailleurs ces trois derniers mois les prix ont été multipliés par 5, voire 6 en Libye.
Un modèle économique dépassé
Séquelles d’une guerre civile ? Oui certes, mais d’abord et avant tout signe d’un modèle économique libyen en flagrant délit d’inadaptation face aux défis des derniers soubresauts politiques. Et sauf à changer de modèle économique d’ici peu la Libye semble économiquement bloquée jusqu’à ce que s’effacent toutes les séquelles de la guerre civile.
Car si l’activité économique périclite c’est d’abord parce que les troubles politiques ont fait fuir toute cette masse de travailleurs étrangers qui assuraient, presque à eux seuls, le dynamisme économique. Les chiffres parlent d’une main d’œuvre étrangère représentant jusqu’à 40% de la population libyenne. Et comme souvent dans ce système d’économie rentière copié sur le modèle pétro-monarchique les « locaux » assurent les fonctions d’encadrement (ingénieurs, architectes, décideurs…). Et encore n’est-ce pas totalement vrai, certains ingénieurs étant eux-mêmes d’origine non libyenne, et donc promptes à fuir le pays dès le début des troubles.
En se tarissant cette noria de presque esclave a donc plongé l’économie libyenne dans une situation de quasi mise à l’arrêt. Pas sûr que les 15 milliards que devrait récupérer le CNT ne règle le problème tant les solutions doivent être politiques, voire macro-économiques.
Mais la désertion des petite-mains de l’économie libyenne n’est qu’un aspect du problème. Les liens de dépendance entre les secteurs économiques ayant parachevé cette grande œuvre de désorganisation.
Le cas de l’énergie, surtout du pétrole, et de l’eau ; autre grand problème des libyens, l’illustrent.
Car sans production d’énergie pour cause d’absence des ingénieurs, étrangers ou libyens, ayant fuit il ne peut y avoir de raffinage, et donc pas de pétrole. De même sans énergie il ne peut y avoir de production d’eau pour cause d’arrêt des épurations et des désalinisations.
On le voit donc les 15 milliards que devrait récupérer ne changeront qu’assez peu de choses au quotidien des libyens. Ce n’est qu’au rythme des progrès politiques, que le pays doit construire, que les choses iront en s’arrangeant.
http://www.liberation.fr/monde/01012357577-libye-le-cnt-devoile-son-calendrier-electoral
VUIBOUT Grégory le 02-09-11