L’OTAN : nous y voilà.

La décision présidentielle de réintégrer les postes de commandement de l’OTAN est pour le moins paradoxale et met à mal, l’exception française.

 Sa justification ?

« Notre rapprochement avec l’Otan conforte l’indépendance nationale, mais notre éloignement proclamé mais non réalisé avec l’Otan limite notre indépendance nationale ».

C’est pour le moins contradictoire une telle affirmation. Se rapprocher d’une organisation internationale peut-elle améliorer la souveraineté nationale ?  Cela ne semble pas confirmée. L’Otan est sous l’égide des Etats-Unis depuis sa création. Prétendre que l’indépendance nationale serait confortée par ce rapprochement est un pur mensonge. À la rigueur encore, qu’il prétende que réintégrer le commandement intégré de l’Alliance n’affaiblit pas la souveraineté française, ce serait mensonger mais on aurait pu s’y attendre. Par contre, qu’il aille jusqu’à oser affirmer que notre indépendance en sortira confortée, les bras nous en tombent.

 

Pour la deuxième partie de la phrase, je ne l’ai tout bonnement pas comprise. L’expression «  proclamé mais non réalisé » fait référence au fait que la France a toujours été un acteur de l’Otan et sa position n'avait pas fait obstacle à l'adoption d'arrangements pratiques pour la coopération entre la France et l'OTAN. Mais encore une fois, quel est le rapport avec l’indépendance nationale ? Ne cherchez pas, il n’y en a pas.

 

Sarkozy veut en fait nous convaincre qu’en étant à l’intérieur du commandement, la France pourra peser sur les décisions. Ben voyons. Parce que les Américains accepteront bien sûr de renoncer à leurs ambitions, à leurs objectifs et à défendre leurs intérêts parce que leur allié français le leur demandera, on voit ça d’ici … Il faut croire que sarko croit encore au Père Noël.

 L'OTAN a été crée dans le contexte de la guerre froide pour lutter contre le méchant communiste. Mais depuis 1991, quelle est la raison d'être de l'OTAN ?  Sarkozy a raison de dire que les temps ont changé depuis 1966, date ou De Gaulle a retiré la France du commandement intégré. Mais cette affirmation doit nous amener à remettre en cause l'existence de cette organisation plutôt que s'en rapprocher. En moins de 10 ans,suite aux élargissements successifs au sein de l’Otan, l’ensemble de l’espace occidental soviétique s’est transformé en avant-poste de l’influence américaine dans l’ « étranger proche de Moscou ». En même temps, l’organisation sert à « lutter contre le terrorisme », paravent de l’administration Bush pour faire marcher le complexe militaro-industriel. La France n’y participe pas déjà assez ? Les troupes françaises sont en Afghanistan actuellement. Le zèle des nouveaux convertis d’Europe de l’Est a renforcé la position américaine dans l’Otan.

A bien y réfléchir, tout cela est une question de symbole et d’image. Celle de s’aligner toujours plus vers une idéologie atlantiste ou occidentale avec les dangers que ça implique.

La promesse de faire avancer la défense européenne semble oubliée. Il est pourtant urgent que l’Union se dote d’outils efficaces face à la redistribution des forces dans le monde. L’unilatéralisme des Etats-Unis se heurte à l’ « émergence » de la Chine, la puissance retrouvée de la Russie ou encore les révoltes du Moyen-Orient. Est-ce dans l’intérêt de l’Europe de s’aligner sur Washington ? N’est ce pas préférable d’enfin s’unir pour devenir un acteur puissant cohérent dans la mondialisation. L’Otan représente un concurrent pour l’Europe de la Défense une fois de plus repoussée dans les limbes.