La Commission européenne présentera mardi des propositions pour la mise en oeuvre de l’Union pour la Méditerranée (UPM) qui montreront surtout l’ampleur des divergences qui subsistent sur ce projet.

Deux mois avant le sommet de Paris qui, le 13 juillet prochain, doit porter l’UPM sur les fonts baptismaux, l’architecture institutionnelle et le financement de ce projet cher à Nicolas Sarkozy restent encore à déterminer. Certes, les principaux problèmes politiques qui divisaient profondément les Vingt-Sept ont été plus ou moins réglés lors du Conseil européen des 13 et 14 mars dernier, au prix d’une révision à la baisse des ambitions françaises initiales. La France voulait initialement limiter le périmètre de l’UPM aux seuls 22 pays strictement riverains de la Méditerranée, plus le Portugal, la Jordanie et la Mauritanie, ce qui avait suscité la colère de l’Allemagne, qui évoquait une division de l’UE.

Le « processus de Barcelone » entamé en 1995 entre l’UE et les pays de la Méditerranée aurait été affaibli par ce projet qui prévoyait aussi de siphonner les fonds communautaires, ce qui était inacceptable pour de nombreux pays nordiques. L’accord s’est fait selon cinq axes: relance du processus de Barcelone avec un accent sur la parité Nord-Sud, participation de tous, coopération régionale, concentration de l’initiative sur des projets concrets et appel à des fonds privés. « Cela, c’est la carrosserie« , a expliqué le député européen UMP Alain Lamassoure en estimant qu’il fallait une valeur ajoutée. « Mais quel moteur, quelle essence, pour aller où?« 

MOUBARAK CO-PRÉSIDENT?

La Commission européenne, qui a beaucoup à perdre dans l’exercice, dans la mesure où le pilotage du processus risque de lui échapper, entend marquer son territoire. L’intitulé du projet – « Le processus de Barcelone: l’Union pour la Méditerranée – démontre à lui seul que les pays du Nord et l’exécutif européen cherchent à défendre leurs acquis. « La déclaration de Barcelone, ses buts et ses domaines de coopération restent valables et continueront à contribuer à la construction d’une zone de paix, de stabilité, de prospérité et de dialogue« , peut-on lire dans un projet de document.

Le principal mérite reconnu à l’initiative française est l’ambition de redonner du tonus à une processus jugé peu productif, notamment en mettant l’accent sur les projets, la coopération régionale et l’appropriation de l’UPM par le Sud. Mais les institutions continuent à faire débat.

Ainsi, les Vingt-Sept ont-ils décidé que l’UPM serait pilotée par deux co-présidents, un du Sud et un du Nord. Pour le Sud de la Méditerranée, la Commission ne conteste par qu’il devra s’agir d’un chef d’Etat en exercice. Mais qui? Si la France promeut la candidature du président égyptien Hosni Moubarak pour deux ans, cela ne fait pas l’unanimité dans les pays du pourtour Sud de la Méditerranée.

Du côté européen, les choses sont plus délicates encore. La Commission rappelle en effet qu’à partir de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er janvier 2009, les relations extérieures de l’UE seront assumées par le président du Conseil européen, le président de la Commission et le Haut représentant pour la politique étrangère.

SECRÉTARIAT À TUNIS?

Est-ce que cette exigence est compatible avec un premier président du « Nord » qui serait par exemple Nicolas Sarkozy? Le secrétariat qui sera chargé de piloter l’UPM suscite également des avis divergents parmi les capitales. Selon des sources communautaires, la Commission le verrait bien à Bruxelles, pour des raisons d’efficacité.

Dans l’entourage du président français, on s’insurge: « Si on veut faire échouer le truc, on le met à Bruxelles« . La France verrait bien ce secrétariat s’installer à Tunis, mais les défenseurs des droits de l’homme critiquent ce choix. Malte et le Maroc sont également candidats.

Des interrogations subsistent aussi sur la participation des pays du Sud de la Méditerranée au premier sommet du 13 juillet. Si l’Egypte, la Jordanie, la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, l’Autorité palestinienne, le Liban, la Turquie, la Libye devraient en être, la participation d’Israël risque de réduire cette liste et la Syrie pourrait être absente.

Il s’agit là d’un avant-goût de ce qui risque de se passer lors des sommets de l’UPM qui se dérouleront tous les deux ans: pourront-ils adopter une déclaration politique commune, comme c’est prévu, si le conflit israélo-palestinien persiste?

Enfin, il faudra sélectionner quelques projets-phares pour le 13 juillet, comme la dépollution de la Méditerranée ou la lutte contre les feux de forêt. Soucieuse de défendre son pré-carré barcelonais, la Commission insiste sur le fait que la dépollution de la Méditerranée est en cours et qu’il faudra trouver d’autres sources de financement que « ses » fonds – 4,6 milliards d’euros de 2000 à 2006 – notamment dans le secteur privé. (Reuters vendredi 16 mai 2008)

La Commission européenne présentera mardi des propositions pour la mise en oeuvre de l’Union pour la Méditerranée (UPM) qui montreront surtout l’ampleur des divergences qui subsistent sur ce projet.

Deux mois avant le sommet de Paris qui, le 13 juillet prochain, doit porter l’UPM sur les fonts baptismaux, l’architecture institutionnelle et le financement de ce projet cher à Nicolas Sarkozy restent encore à déterminer. Certes, les principaux problèmes politiques qui divisaient profondément les Vingt-Sept ont été plus ou moins réglés lors du Conseil européen des 13 et 14 mars dernier, au prix d’une révision à la baisse des ambitions françaises initiales. La France voulait initialement limiter le périmètre de l’UPM aux seuls 22 pays strictement riverains de la Méditerranée, plus le Portugal, la Jordanie et la Mauritanie, ce qui avait suscité la colère de l’Allemagne, qui évoquait une division de l’UE.

Le « processus de Barcelone » entamé en 1995 entre l’UE et les pays de la Méditerranée aurait été affaibli par ce projet qui prévoyait aussi de siphonner les fonds communautaires, ce qui était inacceptable pour de nombreux pays nordiques. L’accord s’est fait selon cinq axes: relance du processus de Barcelone avec un accent sur la parité Nord-Sud, participation de tous, coopération régionale, concentration de l’initiative sur des projets concrets et appel à des fonds privés. « Cela, c’est la carrosserie« , a expliqué le député européen UMP Alain Lamassoure en estimant qu’il fallait une valeur ajoutée. « Mais quel moteur, quelle essence, pour aller où?« 

MOUBARAK CO-PRÉSIDENT?

La Commission européenne, qui a beaucoup à perdre dans l’exercice, dans la mesure où le pilotage du processus risque de lui échapper, entend marquer son territoire. L’intitulé du projet – « Le processus de Barcelone: l’Union pour la Méditerranée – démontre à lui seul que les pays du Nord et l’exécutif européen cherchent à défendre leurs acquis. « La déclaration de Barcelone, ses buts et ses domaines de coopération restent valables et continueront à contribuer à la construction d’une zone de paix, de stabilité, de prospérité et de dialogue« , peut-on lire dans un projet de document.

Le principal mérite reconnu à l’initiative française est l’ambition de redonner du tonus à une processus jugé peu productif, notamment en mettant l’accent sur les projets, la coopération régionale et l’appropriation de l’UPM par le Sud. Mais les institutions continuent à faire débat.

Ainsi, les Vingt-Sept ont-ils décidé que l’UPM serait pilotée par deux co-présidents, un du Sud et un du Nord. Pour le Sud de la Méditerranée, la Commission ne conteste par qu’il devra s’agir d’un chef d’Etat en exercice. Mais qui? Si la France promeut la candidature du président égyptien Hosni Moubarak pour deux ans, cela ne fait pas l’unanimité dans les pays du pourtour Sud de la Méditerranée.

Du côté européen, les choses sont plus délicates encore. La Commission rappelle en effet qu’à partir de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er janvier 2009, les relations extérieures de l’UE seront assumées par le président du Conseil européen, le président de la Commission et le Haut représentant pour la politique étrangère.

SECRÉTARIAT À TUNIS?

Est-ce que cette exigence est compatible avec un premier président du « Nord » qui serait par exemple Nicolas Sarkozy? Le secrétariat qui sera chargé de piloter l’UPM suscite également des avis divergents parmi les capitales. Selon des sources communautaires, la Commission le verrait bien à Bruxelles, pour des raisons d’efficacité.

Dans l’entourage du président français, on s’insurge: « Si on veut faire échouer le truc, on le met à Bruxelles« . La France verrait bien ce secrétariat s’installer à Tunis, mais les défenseurs des droits de l’homme critiquent ce choix. Malte et le Maroc sont également candidats.

Des interrogations subsistent aussi sur la participation des pays du Sud de la Méditerranée au premier sommet du 13 juillet. Si l’Egypte, la Jordanie, la Tunisie, le Maroc, la Mauritanie, l’Algérie, l’Autorité palestinienne, le Liban, la Turquie, la Libye devraient en être, la participation d’Israël risque de réduire cette liste et la Syrie pourrait être absente.

Il s’agit là d’un avant-goût de ce qui risque de se passer lors des sommets de l’UPM qui se dérouleront tous les deux ans: pourront-ils adopter une déclaration politique commune, comme c’est prévu, si le conflit israélo-palestinien persiste?

Enfin, il faudra sélectionner quelques projets-phares pour le 13 juillet, comme la dépollution de la Méditerranée ou la lutte contre les feux de forêt. Soucieuse de défendre son pré-carré barcelonais, la Commission insiste sur le fait que la dépollution de la Méditerranée est en cours et qu’il faudra trouver d’autres sources de financement que « ses » fonds – 4,6 milliards d’euros de 2000 à 2006 – notamment dans le secteur privé. (Reuters vendredi 16 mai 2008)

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