Depuis quelques semaines, il n’est pas un jour où l’annonce de nouveaux records sur le cours de l’once fin à New-York. Les explications seraient multiples, une démonétarisation du dollar, une offre maîtrisée avec la vente record du FMI à l’Inde de plus de 200 tonnes d’or, enfin et surtout des mouvements spéculatifs sur une hausse prévisible de l’inflation et des stocks d’or qui augmentent ici et là.

L’argent, « l’or du pauvre » suit habituellement sur le long terme les mouvements de l’or. Toutefois, le ratio du prix de l’or et de l’argent n’a cessé d’augmenter au profit de l’or pour passer de 15 à 30 pendant un siècle pour atteindre aujourd’hui 63. Pour un ratio de 63, l’once d’or de 1100 €, l’once d’argent s’élève à 17,46 € soit 63 fois moins. Comment expliquer cette différence ? La rareté ? Les réserves d’or et d’argent sont estimées aujourd’hui à 1 pour 5.5 seulement. La production ? Le ratio n’est que de 1 pour 8. En fait les coûts d’extraction justifient ce prix car il coûte 60 fois plus cher d’extraire de l’or que de l’argent. Seulement voilà, quand les réserves d’argent commenceront à poser problème que se passera t’il ?

La production d’argent mondiale est très concentrée sur les plus grands producteurs (Pérou et Mexique). Tandis que les gros producteurs doivent augmenter leur production, les plus petits perdent du terrain pour une demande qui a déjà absorbé la baisse de l’argentique du secteur photographique. L’abandon de l’argentique a permis de stabiliser l’offre et la production mais les nouveaux débouchés de l’argent (secteur agricole, pharmaceutique) créent aujourd’hui un manque annuel « gap » de plus de 200 millions d’once entre offre et demande. En résumé, les stocks se creusent, la production stagne, et une chute de production s’avérerait dramatique.

 

Certes les investisseurs optimistes peuvent miser sur la découverte de nouveaux gisements, une productivité accrue et une nouvelle raison de voire chuter la consommation. Souvent ce mouvement est encouragé par les grandes sociétés industrielles pas très pressées de voir les cours de l’argent venir augmenter leur prix de revient, surtout dans l’état actuel des stocks. Cependant, d’autres, de plus en plus nombreux pensent que le pic de production est proche. En effet, quand le basculement aura lieu, une vague haussière d’une très grande ampleur surviendra. Des investisseurs éclairés se sont déjà positionnés comme Warren Buffet. Le cours de l’argent depuis le début de l’année trahit une hausse déjà tangible. Alors que le battage médiatique se porte sur l’or, le cours de l’once d’or fin a augmenté de 27% depuis le 1er janvier contre 55% pour le cours de l’once d’argent. Est-ce un premier signe ?

Le simple retour à un ratio de 30 entrainerait une hausse de 107 % du cours de l’once d’argent, mieux que le rendement d’un Plan d’Epargne Logement sur 20 ans…