Loin d’elle

Comment traiter de la maladie d’Alzheimer sans pathos ni lieux communs ? « Loin d’elle » réussit la prouesse. Sarah Polley (28 printemps) s’est emparée du sujet pour réaliser un premier film sensible et émouvant. Comme elle. Sarah Polley c’est cette actrice inoubliable que j’ai découverte dans « Ma vie sans moi ».

Fiona, incarnée par la toujours très belle Julie Christie, vit, depuis 44 ans, avec Grant quand elle comprend qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle décide son mari, un universitaire à la retraite qui lui fit parfois quelques infidélités, de choisir un institut spécialisé. C’est leur première séparation et certainement la dernière. Le règlement de l’établissement stipule que pour faciliter l’adaptation des nouveaux résidents, aucune visite n’est permise pendant un mois. Ironie du sort, Fiona tombe amoureuse d’un patient taciturne en fauteuil roulant, se vengerait-elle ? Entre jalousie et sollicitude, Grant se débat avec ses sentiments nouveaux. Il est perdu à son tour, se sentant doublement abandonné. Mais il impose sa présence. Son amour pour elle n’en sort que renforcé. Il l’accompagnera jusqu’au bout, prêt à tout pour alléger son chagrin quand l’homme pour qui elle a eu le béguin est réintégré au domicile de l’épouse légitime. Un drôle de marivaudage s’ensuit.

Les immensités neigeuses m’ont fait penser au paradis blanc chanté par Michel Berger (le film a été tourné au Canada). La mort n’est pas sombre finalement. Elle recouvre le paysage d’un manteau blanc immaculé, à l’image des blancs qui gagnent peu à peu la mémoire de Fiona, ou des traces de ski de fond parallèles.

L’auteur a retracé une histoire d’amour éternelle que même la plus terrible maladie ne saurait détruire.