Les partis sont en ordre de marche. Les militants sont regonflés et prêts. Les candidats montent en puissance. La campagne présidentielle sera captivante si on arrive enfin à retrouver le seul ingrédient manquant : LES IDEES

Les thèmes de la prochaine campagne présidentielle apparaissent plus clairs et plus évidents jour après jour. Chaque parti fourbit ses arguments et ses armes. Du côté des extrêmes, on reste fidèle à ses traditions, à savoir le rejet de l’étranger pour la droite (rejet, qui séduit de plus en plus) et le rejet de l’économie pour la gauche (Les altermondialistes étoffent leur rang, mois après mois). Par définition, les extrêmes restent caricaturaux, et s’opposer à leur programme ne soulève aucune difficulté. Pourtant, leurs idées sont reprises, diluées par les partis majoritaires.

Au centre, le « ni droite ni gauche «  a vécu, et François Bayrou, en tête, est bien obligé d’admettre qu’il ne suffit pas d’être ni pour ni contre, mais qu’à un moment précis, les électeurs demandent la prise d’une décision.  En outre, la partie pour déterminer le représentant de ce centre semble difficile à jouer. Un candidat, sans véritable vitrine comme l’est le président du Modem, peut-il rassembler comme un ex-ministre déçu (Jean Louis Borloo) , qui n’a pas obtenu son hochet de premier Ministre ? Et encore, il faut aussi rajouter le représentant des cuisines Ikea (Ainsi, Hervé Morin, mécontent d’avoir été éjecté, s’adressait-il aux Français depuis sa cuisine). On notera, à ce propos, que l’idée d’une candidature normale, chère à François Hollande, provient peut-être de cette vision plus cocasse que surréaliste. Fermons la parenthèse…Beaucoup de raisons donc pour le centre, de contester l’action de la majorité, sans toutefois oser (encore) s’y opposer frontalement.

Reste également le cas des écologistes, dont le 2nd tour de la primaire  offre un improbable duel entre une ancienne magistrate, maitrisant mal la langue de Molière et une ancienne star de télé, maitrisant parfaitement la langue de bois.  Les débats sont âpres, et nous ne doutons pas qu’ils laisseront des traces. Comment peut-il en être autrement, lorsqu’un de ces deux candidats se voit contraint de préciser qu’en cas de défaite, il restera « écologiste, sans chercher à me rallier à un autre candidat »…La précision est utile avant un second tour, et aurait pu être un slogan de campagne (« Votez pour moi, ou je voterai pour Nicolas Sarkozy »).

Il reste ensuite les deux grandes forces politiques, à savoir la Droite et la Gauche. Déjà, dans la distinction, on aurait pu trouver mieux. Les candidats socialistes sont-ils condamnés à être plus gauche que ceux de l’U.M.P. ? Ces derniers se caractérisent-ils par une qualité intrinsèque à leur parti : ils sont plus adroits que leurs adversaires ?  Ces deux grandes forces ont donc écouté les extrêmes, le centre et les écologistes, tout en s’inspirant aussi de leurs amis étrangers (Je peux vous garantir, que la politique brésilienne sera mainte fois citée par le vainqueur des primaires socialistes, tant le redressement économique du pays –en trompe l’œil, si on y regarde de plus près – est spectaculaire ? La fiscalité et l’emploi outre Rhin trouveront un écho favorable au candidat à la succession de Nicolas Sarkozy ?) Une fois tout cela annoncé, on s’impatientait donc de ce large débat d’idées, qui, nous n’en doutions pas, devait sortir notre pays de la crise. Et, les premiers arguments sont arrivés, et là nous avons été littéralement surpris par le niveau des arguments.

Ainsi, la gauche reproche au président son côté trop «  bling bling ». Ce dernier se défend – par l’entremise de ses lieutenants -, en prétendant avoir les mêmes préoccupations que ses compatriotes : ne va-t-il pas connaître l’angoisse du père face à l’avenir de son enfant ? (Inutile de trop forcer sur les calmants , l’inquiétude devrait rester gérable ) . Oui, mais le président est « choqué » de la décadence illustrée par le premier des socialistes : Dominique Strauss Kahn.  Par contre, au niveau de la gestion des taux d’intérêt, ou du choix de notre politique énergétique, les arguments se font plus évasifs : Nous sommes pour l’arrêt du nucléaire, même si il ne faut pas tout rejeter en bloc. Nous sommes pour une relance par la consommation et non plus par l’investissement, mais il serait néanmoins bénéfique que  la banque centrale réajuste son principal taux directeur… Bref de deux côtés, les programmes s’écrivent au jour le jour, en fonction des desiderata des électeurs.  La campagne va être longue, très longue,…