Le mois dernier, on apprenait que le site Dropbox avait été victime d’un hacker menaçant de révéler plus de 7 millions d’identifiants. Même si le site de stockage de documents dément toute intrusion, cet épisode continue d’interpeller l’opinion publique sur la sécurité qui règne sur le web. Snapchat et ses plus de 100.000 photos volées, iCloud et ses comptes de stars piratés, les exemples de fraudes ne manquent pas et confirment la propension avec laquelle la cybercriminalité se développe. Si les réseaux sociaux et les sites de gestion de données semblent être des cibles privilégiées, les sites de streaming, et plus particulièrement de live streaming font figure de nouvel espace de jeux pour ces pirates 2.0.


 La cybercriminalité coûte 327 milliards d’euros par an

 

D’après un rapport publié par le CSIS (Center for Strategic and International Studies), la cybercriminalité couterait annuellement la bagatelle de 327 milliards de dollars. Si les Etats-Unis, la Chine et l’Allemagne sont désignés par cette étude comme des territoires propices au cybercrime, le phénomène est global et touche l’ensemble de l’Internet mondial. Espionnage économique, usurpation d’identités, vol de données privés, les intentions et les façons de procéder sont multiples. 

La cybercriminalité est souvent synonyme d’entrave à la vie privée mais elle touche également des activités impliquant la vente d’objets illégaux, tendance mise en exergue par l’opération menée récemment sur le réseau Tor. 410 sites Internet exploités sur le réseau Tor ont fait l’objet d’une vaste opération il y a quelques jours, menée par une coalition constituée de 16 pays européens ainsi que des Etats-Unis. L’objectif de la mission, intitulée « opération Onymous », était de fermer lesdits sites dont l’activité consistait notamment à vendre de la drogue et des armes. 17 personnes ont été arrêtées, des bitcoins d’une valeur d’1 million de dollars ont été saisis ainsi que de l’or et de la drogue.

Une cybercriminalité qui s’impose chaque jour un peu plus dans le quotidien de tous les internautes, ces derniers étant de plus en plus au fait du risque qu’ils encourent à vouloir surfer sur un web libre de tout. Un sondageBVA Opinion a récemment interrogé les Français afin de connaître leur opinion sur la liberté d’Internet. 57 % des personnes sondées estiment qu’il faut renforcer le contrôle des contenus diffusés sur Internet et veiller à redoubler d’efforts quant à la lutte contre la cybercriminalité.

Si ce chiffre traduit un début de prise de conscience quant aux dangers qui tiraillent le net, ils sont 54 % à déclarer avoir « une mauvaise connaissance des risques pour leur vie privée en ligne ». Une ignorance qui profite aux bandits informatiques de tout bord, qui n’hésitent pas à aller cueillir les victimes où elles se trouvent. Et dans le genre guet-apens, il semblerait que le domaine du live streaming soit devenu une véritable foire aux pigeons prêts à se faire plumer.

 

Un rapport publié par l’AISP pointe du doigt les méfaits du live streaming

 

Quand il s’agit de trouver où se cachent les internautes, il suffit la plupart du temps d’aller jeter un coup d’œil sur les sites diffusant des vidéos pour satisfaire sa quête. Si YouTube, Dailymotion et consorts battent des records de fréquentation, le déploiement et le succès des plateformes de streaming traduisent l’engouement général du monde connecté pour la vidéo. Dans ces espaces nourris d’images, de clips musicaux, de films et  de séries, un dérivé du streaming commence également à capturer l’attention des internautes : le live streaming. Les amateurs d’événements en direct, de rencontres sportives, de concerts et de captations culturelles en tout genre ne s’y trompent pas et sont des milliers, voire des millions à plébisciter ce moyen de consommer de la vidéo, et ce de manière légale ou non.

Car il n’aura pas fallu longtemps pour voir fleurir sur la toile un marché parallèle, et illégal, du live streaming. La gratuité est attractive et séduit quiconque voudrait voir un match de foot sans débourser un centime. Ils étaient 20 millions à regarder illégalement la dernière Coupe du monde. Une gratuité financière qui a pourtant un coût, et non des moindres, selon un rapport publié récemment par l’Association of Internet Security Professionals (AISP), intitulé « Illegal Streaming and Cyber Security Risks : a dangerous statu quo ». Selon ce groupe d’experts en informatique, 97 % des sites de live streaming seraient porteurs de virus prêts à infecter votre ordinateur.

Toujours d’après l’AISP, un ordinateur serait victime toutes les 18 secondes d’un logiciel malveillant. Ces Trojans profitent du temps que vous passez tranquillement à regarder votre programme pour s’infiltrer dans votre disque dur et récupérer son contenu : données personnelles, identifiants, historiques de navigation, informations bancaires, les pirates n’ont plus qu’à faire le tri, puis à revendre et utiliser le plus intéressant. De nombreux cas d’usurpation d’identités sont recensés à ce jour et l’AISP estime que les dangers du live streaming auraient coûté pas moins de 27 millions de dollars de dommages aux internautes lésés en 2013, et cela rien qu’aux Etats-Unis.

Une menace qui profite de l’ignorance de la population en matière de sécurité sur Internet et de l’impuissance des pouvoirs publics pour créer un espace à la fois libre et soustrait aux attaques de hackers. Face à des individus toujours plus inventifs pour faire tomber l’internaute dans leur piège, il devient difficile mais nécessaire d’enrayer le phénomène. Si Hadopi a rapidement montré ses faiblesses et prouvé que réprimander l’internaute n’était en rien gérable et n’avais rien de dissuasif, les pouvoirs publics doivent mettre les moyens pour remonter jusqu’à l’origine de ces sites et punir les instigateurs.

En attendant, des campagnes de sensibilisation doivent être mises en place pour alerter l’opinion publique sur les multiples visages que peut prendre la cybercriminalité. Selon la Commission européenne, sur Internet « le nombre de violations de données a augmenté de 61 % entre 2012 et 2013 ». Il y a urgence.