« Cassez-vous ! ». Telle pourrait être de nouveau la réaction de quelques 150 000 Islandaises et Islandais. Pour la seconde fois, il est question en Islande (300 000 h, enfants et personnes très âgées inclus) de manifestations populaires visant à réclamer une réelle démocratie.

 

Je ne vais pas vous paraphraser l’excellent reportage de Camille Sarret, envoyée spéciale (ou correspondante ?) de Rue89 en Islande. Rue89 est l’un des rares titres français à suivre de près la situation en Islande et plusieurs articles ont déjà été publiés. Consultez donc « la révolution participative en perdition ». Et même les papiers antérieurs.
Un résumé toutefois. L’une des élues de la « société civile » témoigne après que, prenant prétexte de recours un peu fumeux, la Cour suprême islandaise, nommée majoritairement par les conservateurs honnis par la majeure partie de la population, a renvoyé dans leurs foyers les futurs « constituants ». Soit celles et ceux, supposés indépendants des partis politiques, désignés par un vote – certes faiblement représentatif, avec 36 % de votants –pour réviser l’actuelle constitution islandaise.

Les 25 élu·e·s pour ce faire ne sont pourtant pas des extrémistes. Mais c’est, semble-t-il, encore trop pour la petite caste politique islandaise (pourtant assez représentée parmi les personnes désignées, mais ne s’y retrouvant plus uniquement entre soi). Car, eh oui, ont été élus des notables réellement indépendants des partis et quelques rares personnes mues seulement par leur bonne volonté.

Tout comme en Suisse, la démocratie, « le moins pire des systèmes politiques » selon Churchill, se retrouve accaparée, telle est le sentiment que l’on retire de ce reportage.
On en tirera les conclusions que l’on voudra pour les Tunisiennes et les Tunisiens, d’autres, et bien sûr nous-mêmes.
Des Françaises et des Français peuvent en tirer les conclusions qu’un grand coup de balai donné dans l’isoloir est le seul recours, et c’est inquiétant, alors que le vieux Front national, pas si épuré qu’il n’y paraît des notables ayant acheté leur accession à la candidature, puis à des postes régionaux, départementaux, locaux, serait crédité d’un cinquième des suffrages (sondage IFOP/France Soir, qui vaut ce qu’il vaut, pas grand’ chose).

Le FN, tout comme Sarkozy, a proclamé qu’il allait tout changer, tout réformer. La belle blague. Il y aura certes d’autres réformes, de droite, avantageant les mêmes financeurs, ceux qui ont placé des billes dans le FN, mais aussi les anciens, ceux qui ont assuré le succès de Sarkozy et répartiront leurs contributions plus volontiers entre lui et DSK. C’est en tout cas ma conviction après avoir enquêté sur le FN de Jean-Marie Le Pen, côtoyé de près des élus de tous bords (et d’un peu plus près l’ancienne formation de… Kouchner, Bockel, Besson). C’est pourquoi ce qui se déroule en Islande doit retenir l’attention.

On a vu les dérives des partis politiques québécois. On sait ce qu’il faut penser de la démocratie suisse. L’exemple islandais en gestation donne d’autres indications. Tant qu’à faire, voyez ce qu’en dire l’auteure sur son blogue-notes personnel : http://camillesarret.com/. Ses anciens articles (pas que sur l’Islande) y sont signalés (voire consultables) et ses futurs papiers sur l’Islande y seront signalés.