L’institutrice, le film de Nadav Lapid

C’est l’histoire d’une institutrice qui décèle chez Yoav, un certain élève de maternelle, un don prodigieux pour la poésie. Un Mozart d’un autre genre né au mauvais moment, au mauvais endroit. En effet entre une mère absente, une nourrice peu regardante, un père à la DSK aux moeurs débridées, obnubilé par le seul appât du gain à l’image de la société environnante, le potentiel du poète en herbe ne peut qu’être en péril. 

L’institutrice s’emballe pour mettre le talent à l’abri du gâchis qui le menace. La voilà donc en Jeanne d’Arc partie en croisade tous azimuts contre tout ce beau monde insensible à cet art jugé ingrat. Affranchie de toute limite, l’institutrice à l’âme de poétesse frise jusqu’à la pédophilie pour recueillir de gré ou de force le nectar improbable du petit Yoav, histoire de le mener à bon port. 

Un périple périlleux qui conduira notre bienfaitrice de Tel Aviv vers le Sinaï, la mer Rouge et au cours duquel nous sera brossé un tableau bien sombre de la société israélienne : des jeux de récréation des enfants de maternelle à l’élite en passant par un certain cercle de poètes, existe un dénominateur commun : la violence. 

La mise en scène du film est lente, lourde, dérangeante : des enfants qui n’en finissent pas de franchir l’un après l’autre le seuil de la porte de leur classe sous le regard d’une maîtresse comme médusée ; suspendue au souffle de Yoav, l’institutrice attend le moment d’inspiration de l’enfant prodige qui se manifeste soudainement par des cent pas émaillés de ces vers empreints de mélancolie. Des séquences monotones que viennent égayer d’autres plutôt glamour non moins ridicules, ni moins grotesques. Inutile de commenter la musique de fond assortie à l’ensemble.

 S’agit-il de dénoncer une société à la dérive via une soldate des plus perverses ou plutôt s’agit-il d’un constat d’échec global des plus pessimistes ? Dans les deux cas, l’ambiguité du propos a tout non pas d’une valeur ajoutée mais d’une valeur retranchée. En gros ce film qui nous est malheureusement vendu par des critiques particulièrement positives ne mérite pas le déplacement, à mon avis. A moins qu’il ne faille d’interminables dissertations semblables à celles saoûlantes servies par les amoureux de la poésie du film pour accéder au fin mot de l’histoire… 

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