Divers représentants communautaires musulmans se sont émus – à juste titre – de la mise en examen d’un mineur de moins de 13 ans, incendiaire ayant provoqué la mort de quatre personnes. C’est la loi républicaine. Mais la charia réclamerait sa mise à mort…
Bien sûr, toutes les personnes, musulmanes ou non, issues de fraîche ou longue date de l’immigration des pays de culture(s) musulmane(s), ne sont pas adeptes de la charia mahométane. Bien sûr, les musulmans partisans de l’instauration de la charia dans tous les pays d’implantation musulmane font profil bas : qu’adviendrait-il d’un gamin de 10 ans ayant causé la mort d’une femme de 33 ans enceinte, de ses enfants de 18 mois, quatre et six ans, si la charia s’appliquait ?
La réponse est claire et limpide. Aux Maldives, la charia s’applique. Depuis le 27 avril 2014, tous mineur âgé de sept ans et plus peut « bénéficier » de la peine de mort. Il est exécuté, après détention, dès l’anniversaire de ses 18 ans. Et encore, le gouvernement théocratique des Maldives est « réformateur » : il ne prévoit pas la décapitation ou la lapidation. La charia impose la peine de mort pour les enfants… 13 États l’appliquent encore, dont le Bangladesh, l’Iran, les Maldives, le Pakistan, l’Arabie saoudite, le Brunei, les Émirats, le Yémen, l’Indonésie, le Nigeria… La charia est une sorte de compilation d’indications du Coran, de la Sunnah, de l’ijma et des oiyas. Outre la peine, intangible, qui ne tient pas compte des circonstances atténuantes (c’est œil pour œil, dent pour dent, quelles que furent les circonstances), la damnation éternelle s’ensuit. Le qadi est le plus souvent seul à décider (sauf en Iran et d’autres pays), et il applique strictement les textes. Bien évidemment, il peut opter pour le paiement du prix du sang. Plus fort si la ou les victimes sont musulmanes, moindre s’il s’agit d’un non-musulman. Mais en cas d’insolvabilité, et on doute que la famille du gamin puisse régler le prix du sang pour cinq victimes (dont l’enfant à naître) ; plus de choix : la famille devrait couvrir les besoins du gamin lors des huit ans de détention jusqu’à son exécution. Cela vaut pour les mineurs comme pour les handicapés mentaux. Que l’homicide soit volontaire ou involontaire : et l’homicide n’est pas le seul cas impliquant la peine capitale… Au Soudan, un vol de voiture par neuf mineurs (âgés de 15 à 17 ans) a entraîné autant de condamnations à mort. Il a fallu attendre janvier 2010 pour que le Soudan consente à réformer sa législation, et ne considère plus, contrairement à d’autres pays qui ne sont pas aussi « laxistes », qu’est adulte toute personne ayant atteint sa puberté. En Iran, il reste plus de 150 mineurs en attente d’exécution (le plus communément par pendaison). Bien évidemment, la puberté est fixée pour les garçons à 15 ans, et à seulement neuf pour les filles…
En France, patrie des droits de l’Homme bafoués allègrement quand il s’agit de migrants désargentés, un enfant peut être estimé pénalement responsable dès l’âge de sept ans, mais il ne sera exposé qu’à des sanctions bénignes ou à des mesures éducatives. À partir de 13 ans, la peine est au maximum la moitié de celle infligée à un adulte pour les mêmes faits. Les parents, sauf complicité, ne sont responsables que civilement (mais peuvent faire jouer leurs assurances).
Je ne sais qui est Stanley, le voisin du petit garçon incendiaire qui l’a sauvé des flammes. Et je ne sais si la charia le condamnerait aussi pour avoir différé le « juste » châtiment.
Je comprends l’émotion des personnes, de toutes origines ou confessions, troublées par la mise en examen d’un p’tiot n’ayant certainement pas voulu risquer sa vie et provoquer des morts. Mais pour certaines et certains, fières et si « vertueux », si attachés à leurs traditions, il serait bon de rappeler que selon la charia, elles et eux aussi, ne serait-ce que pour s’être exprimés, auraient pu se retrouver devant un qadi. Et condamnés pour l’équivalent d’une apologie du crime. Ma « religion » laïcarde m’interdit de les conspuer (et surtout ma conscience, mon expérience de la vie, de la diversité des sœurs et frères humains de cette planète). Mais il m’est licite de les enjoindre à tenter de réfléchir sur leurs contradictions intimes, et d’opter pour une approche plus sensible : si cet enfant avait été le vôtre, l’auriez-vous soustrait à une coûteuse détention en l’exécutant vous-mêmes, en toute impunité ? Mes respects par ailleurs à Foudil Bencherif « un des jeunes qui a sauvé la vie d’habitants de la tour » (Le Point). C’est avec des personnes comme vous (moins avec un Alexandre Benalla, qui a sans doute cru « bien faire ») que l’Europe redeviendra vivable.